• Salle Pétrarque matinées*2017*

    Salle Pétrarque soirées * 2018

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    Salle Pétrarque soirées * 2018

     

     

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    Traces de lumière*4*

    (suite) 

    Carnets radiophoniques 

    Traces de Lumière 5 

     

    Lundi 12 mars 2007   -René CHAR, La Parole en archipel - 

    René CHAR montre dès ses premiers poèmes, sa nature à la fois nocturne et ardente. De son recueil  Arsenal aux Poèmes militants, c’est la vie secrète des choses qui guide le poète à travers les vibrations de la nature. Il parle aussi des noces tragiques de l’homme et de la terre.  

    René CHAR instaure : « La primauté du poème non seulement sur le poète, mais sur la poésie même. » 

    Il écrit : « Le dessein de la poésie étant de nous rendre souverain et nous impersonnalisant nous touchons, grâce au poème, à la plénitude de ce qui n’était qu’esquissé ou déformé par les vantardises de l’individu. Les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort, mais assez haut pour que, en ricochant sur elle ils tombent dans le monde nominateur de l’unité. 

    Dans le poème, chaque mot ou presque doit être employé dans son sens originel- certains, se détachent, deviennent plurivalents. Il en est d’amnésiques. La constellation du solitaire est tendue. 

    Dans la nuit, le poète, le drame et la nature ne font qu’un, mais en montant et en s’aspirant. 

    La poésie ne rythmera plus l’action, elle en sera le fruit et l’annonciation jamais savourés, en avant de son propre jardin. » 

    Pour René CHAR : « Faire un poème, c’est prendre possession d’un au-delà nuptial qui se trouve bien dans sa vie, très rattaché à elle, et cependant à proximité des urnes de la mort. » 

     

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    Lundi 19 mars 2007  -Anna de NOAILLES, L’offrande à la nature- 

     

    L’historien Arthur CONTE dans son livre Grandes Françaises du XX° siècle, paru aux Editions Plon en 1995 parle de la poétesse Anna de BRONCOVAN, Comtesse de NOAILLES. Voici un extrait : « Elle écrit des poèmes qui seront rassemblés sous un titre qui, à lui seul, la décrit toute : "Le Cœur innombrable".
       Garde ton âme ouverte aux parfums d’alentour
       Aux mouvements de l’onde
       Aime l’effort, l’espoir, l’orgueil, aime l’amour
       C’est la chose profonde.
    En attendant que, du même lyrisme ardent, viennent, en 1902, L’Ombre des jours, puis toute une série de romans sensibles, La Nouvelle Espérance (1903), Le Visage émerveillé (1904), La Domination (1905), puis encore des poésies de la même veine, Les Eblouissements (1907), Les Vivants et les Morts (1913), Les Forces éternelles (1921), Honneur de souffrir (1927). Elle innove, en faisant entrer le soleil à fenêtres ouvertes dans la littérature française. Elle chante toutes les forces de la nature. 

    Anna de Noailles survient, inséparable de la nature, des forces naturelles, des étés puissants. Elle réhabilite les forces obscures. Dans "Le Cœur innombrable" comme dans "L’Ombre des jours", avec un parfait dédain pour toutes les règles et toutes les froideurs, elle apporte une poésie neuve et d’autant plus saisissante. »  

          L’offrande à la nature 

                                               Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent,
       Nul n'aura comme moi si chaudement aimé
       La lumière des jours et la douceur des choses,
       L'eau luisante et la terre où la vie a germé.

       La forêt, les étangs et les plaines fécondes
       Ont plus touché mes yeux que les regards humains,
       Je me suis appuyée à la beauté du monde
       Et j'ai tenu l'odeur des saisons dans mes mains.

       J'ai porté vos soleils ainsi qu'une couronne
       Sur mon front plein d'orgueil et de simplicité.
       Mes jeux ont égalé les travaux de l'automne
       Et j'ai pleuré d'amour aux bras de vos étés.

       Je suis venue à vous sans peur et sans prudence,
       Vous donnant ma raison pour le bien et le mal,
       Ayant pour toute joie et toute connaissance
       Votre âme impétueuse aux ruses d'animal.

       Comme une fleur ouverte où logent des abeilles
       Ma vie a répandu des parfums et des chants,
       Et mon cœur matineux est comme une corbeille
       Qui vous offre du lierre et des rameaux penchants.
     

       Soumise ainsi que l'onde où l'arbre se reflète
       J'ai connu les désirs qui brûlent dans vos soirs
       Et qui font naître au cœur des hommes et des bêtes
       La belle impatience et le divin vouloir.

       Je vous tiens toute vive entre mes bras, Nature,
       Ah ! faut-il que mes yeux s'emplissent d'ombre un jour
       Et que j'aille au pays sans vent et sans verdure
       Que ne visitent pas la lumière et l'amour... 

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    Lundi 26 mars 2007  -Gabriel FAURE, Mélodies et musique de chambre- 

    Les mélodies de Gabriel FAURE donnent un rôle égal au piano et au chant. En quelques mesures le musicien arrive à exprimer l’esprit et le sens du texte. Et les poèmes de BAUDELAIRE, VERLAINE, Théophile GAUTIER, LECONTE de LISLE, Victor HUGO et d’autres poètes, mis en musique par Gabriel FAURE sont plein de nuances subtiles avec des harmonies chaudes- Les mélodies comme Les Barcarolles et Les Nocturnes, sont des pages extraordinaires de passion, de vie, de lumière, de paix, d’amour et de bonheur. 

    Charles KOECHLIN écrit à propos de l’œuvre pianistique de FAURE : « Personne, depuis CHOPIN, n’a su mieux que FAURE exprimer la pénombre et la mélancolie des soirs, la clarté lunaire et les ténèbres de la nuit. » 

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    Lundi 02 avril 2007 -SAINT-JEAN DE LA CROIX, Poète de la Nuit Mystique- 

    SAINT-JEAN DE LA CROIX utilise des symboles et des images qui abondent dans les poèmes comme dans les commentaires et épousent étroitement l’expérience intérieure du mystique.  

    Cela devient l’image maîtresse de la Nuit qui symbolise toute l’aventure spirituelle. Elle devient l’image de la Vive Flamme, de la Fontaine jaillissante et désaltérante, du Cantique Spirituel. 

    SAINT-JEAN DE LA CROIX écrit : «Prenez conseil de votre raison pour accomplir ce qu’elle vous dicte dans la voie de Dieu ; cela aura plus de valeur devant Dieu que toutes les œuvres que vous feriez sans son secours et que tous les goûts spirituels que vous cherchez. Bienheureux celui qui, n’écoutant ni ses goûts, ni ses inclinations naturelles, soit la raison et la justice pour chacune de ses œuvres. »  

    Il note : « Les tourments ou les peines embrassés pour Dieu étaient comme des perles précieuses qui, plus elles sont grosses plus elles ont du prix et inspirent d’amour, en celui qui les reçoit, pour celui qui les donne. » 

    SAINT-JEAN DE LA CROIX définit la Nuit Mystique comme une aventure intérieure, un drame qui se déroule dans le temps d’une nuit, depuis le crépuscule où les objets s’estompent et disparaissent, en passant au travers du plus épais des ténèbres, par l’horreur de minuit où toute chose semble à jamais abolie dans le Rien, jusqu’à l’heure où l’obscurité pâlit, où l’on pressent l’immense clarté de l’aurore. 

    Il écrit : « Plus l’âme est rapprochée de Dieu et plus elle sent à cause de sa faiblesse la profondeur des ténèbres et de l’obscurité et de souffrance à l’œil à cause de sa faiblesse, de son imperfection et de son impuissance, ainsi en est-il de la lumière spirituelle de Dieu ; elle est tellement intense, elle excède à tel point l’entendement, que quand elle s’en rapproche, elle l’aveugle et le plonge dans l’obscurité. » 

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    Lundi 16 avril 2007 - Patrice DE LA TOUR DU PIN, La théopoésie -Tout homme est une histoire sacrée- 

    L’œuvre de Patrice DE LA TOUR DU PIN a pour titre La Somme de Poésie- qui se compose en trois parties :  

        -Le jeu de l’homme en lui-même. 

        -Le jeu de l’homme devant les autres 

        -Le jeu de l’homme devant Dieu.
    Pour le poète tout homme est une histoire sacrée qui respire au rythme universel de tous les hommes. Le poète marche vers la conquête d’une terre promise, sa propre liberté.  Il sait que seul le salut du Christ peut satisfaire l’homme en lui permettant d’être pleinement lui-même ; le salut restitue l’homme à lui-même par la rencontre de sa liberté avec celle de Dieu.  

    Dans son Jeu de l’homme devant les autres, le poète lie existentiellement les êtres autour de l’eucharistie, centre de l’histoire, du monde et du temps. 

    Dans le Jeu de l’homme devant Dieu, le poète poursuit d’une façon plus précise la quête du salut des jeux précédents. On peut parler d’une théopoésie parce qu’elle devient un écho de la Parole faite chair. Elle s’inscrit dans une théologie de la beauté en servant Dieu par la poésie et en contemplant par la liturgie, l’invisible dans le visible. Elle dialogue avec Dieu dans des clairs obscurs et des pénombres mystérieuses qui culminent dans les régions très profondes du cœur où la foi de tout est d’adorer. 

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    Lundi 23 avril 2007  -La Porte de l’Enfer d’Auguste RODIN- 

    Je vais surtout me reporter au livre Les grands évènements de l’histoire de l’art des Editions LAROUSSE – qui présente Rodin au paroxysme de sa force La Porte de l’Enfer – Voici quelques extraits : « Vous qui entrez ici abandonnez toute espérance- Cette maxime que DANTE place à l’entrée des Enfers, dans La Divine Comédie, RODIN la change en figure de bronze. Aussi conçoit-il une structure fortement symbolique. Au-dessus des battants une pièce horizontale (linteau) supporte un groupe des Trois Ombres, image de la désolation et de la mort. Au-dessous, sur une corniche en saillie, un homme replié sur lui-même, le Penseur, symbolise la mélancolie, devant une frise où se mêlent corps et squelettes. Quant aux reliefs des vantaux,  ils représentent des épisodes de l’Ancien Testament- du moins le sculpteur le veut-il ainsi au début. Mais au fil des transformations et des ajouts, le projet se trouve transformé : à l’ordre d’un récit disposé selon le texte se substitue le désordre expressif de corps entrelacés. Allusions bibliques et imaginations dantesques se mêlent et il ne reste rien de l’idée d’une surface divisée en compartiments séparés…  

    Les figures prolifèrent le long des montants et sur la corniche. Observées à distance, avec leurs échelles et leurs tailles très variées, elles donnent le sentiment d’un fourmillement chaotique, qui rappelle le Jugement dernier de MICHEL-ANGE ou la Chute des damnés de RUBENS. C’est à peine si l’on peut parler de composition face à cette œuvre où monumentalité et surcharge s’équilibrent sur une surface de plus de 6m de haut et 4m de large. Rien de surprenant à ce la puisque, pendant dix ans ou même jusqu’à la mort de RODIN, la Porte naît et  se modifie par accumulations successives. Des éléments modelés à part s’intègrent à l’ensemble après transformations. Le Fils prodigue, par exemple, une figure isolée de nu masculin, devient l’un  des protagonistes du groupe Fugit amor (L’amour s’enfuit), en bas à droite du vantail droit. Il en va de même du Torse d’Adèle, sculpture en terre cuite qui date de 1882 et que RODIN introduit  après coup sur le linteau de la Porte. Naturellement,  le cheminement inverse se reconnaît aussi : des morceaux conçus pour la Porte,  tel l’Ugolin et ses fils, s’en détachent et deviennent des sculptures autonomes. Il arrive aussi que RODIN réemploie la même figure à plusieurs endroits : plusieurs fontes d’une sculpture,  la Martyre, sont dispersées dans la Porte. Quant aux Trois Ombres qui surplombent l’ensemble, elles ne sont que la même figure répétée trois fois et non point, comme on pourrait s’y attendre,  trois statues distinctes. La Porte de l’Enfer est ainsi tout à la fois le panthéon de l’œuvre entier de RODIN et un laboratoire d’expériences sans cesse renouvelées. » 

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    Lundi 30 avril 2007 -Oscar Vladislas de LUBICZ-MILOSZ, Poète de la solitude- 

    Gil PRESSNITZER dans Esprits nomades écrit à propos du poète : « Toutes les voix des enfants malades murmurent dans la prairie mouillée de solitude, quelque part Milosz, blanc comme le brouillard, nous attend, avec une lanterne. Pas un mot, les pas crissent sur le gravier et les herbes folles, et Milosz se tourne et dit : vous êtes enfin revenu, le feu commençait à s'éteindre. Milosz le mystique, Milosz qui toujours vous prend par la main, et vous aide à franchir les lieux abandonnés. Ce voyageur des nuits de souvenance sait « faire chanter le loriot dans l’allée la plus secrète ». 

    Dans la poésie de MILOSZ, il y a un  climat de tristesse depuis l’enfance et Un parc malade de lune et puis viennent Les sept solitudes qui révèlent sa voix véritable et son univers d’une obsédante nostalgie qui se situe dans un pays d’enfance retrouvée en larmes. Il y a aussi un avant-goût du monde surnaturel qui vit en lui et qui laisse pressentir sa conversion. MILOSZ dès lors passe à la vision mystique. Son écriture ressemble au verset biblique et se fait l’écho de sa volonté religieuse.  

    Soyez la bienvenue, vous qui venez à ma rencontre  

    Dans l’écho de mes propos pas, du fond du corridor obscur et froid du temps 

    Soyez la bienvenue, solitude, ma mère. (Extrait du poème Souvenir de Septembre) 

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    Lundi 07 mai 2007  -Les Contemplations de Victor HUGO- 

    Dans la préface Les Contemplations, Victor HUGO écrivait : « Qu’est-ce que Les Contemplations ? Ce sont en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre. C’est l’existence humaine sortant de l’énigme du berceau et aboutissant à  l’énigme du cercueil ; c’est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l’amour, l’illusion, le combat, le désespoir, et qui s’arrête éperdu au bord de l’infini. Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l’abîme. Une destinée écrite jour à jour. Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. » 

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    Lundi 14 mai 2007   -Franz LISZT, Les années de pèlerinage- 

    Franz LISZT écrivait dans la Préface du premier volume des Années de pèlerinage : « Ayant parcouru en ces temps bien des pays nouveaux, bien des sites divers, bien des lieux consacrés par l’histoire et la poésie ; ayant senti que les aspects variés de la nature et les scènes qui s’y rattachaient ne passaient pas devant mes yeux comme des vaines images, mais qu’elles remuaient dans mon âme des émotions profondes, qu’il s’établissait entre elles et moi une relation vague mais immédiate, un rapport indéfini mais réel, une communication inexplicable mais certaine, j’ai essayé de rendre en musique quelqu’unes de mes sensations les plus fortes, de mes plus vives perceptions… » 

    Ainsi les Années de pèlerinage au terme d’un long parcours traduisent une forme spirituelle de recherche parce que le musicien veut : La grandeur au-dessus de tout ! Franz LISZT la cherche dans le feu passionné de ses premiers amours, croit la rencontrer dans l’art et finalement ne la trouve que dans le dépouillement austère qui mène à Dieu. « C’est de cette étonnante ascèse que nous entretiennent les Années de pèlerinage ; elles accompagnent la montée vers la Lumière d’un artiste romantique dont la nostalgie de l’Absolu s’identifie avec un sens mystique de l’art… » 

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    Lundi 21 mai 2007   -Tristan CORBIERE, Les amours jaunes- 

    Paul VERLAINE dans son étude des Poètes maudits a sorti de l’ombre Tristan CORBIERE et il écrit : 

    « CORBIERE doit être le premier en date qui se laisse porter par la vague des mots, qui en dehors de toute direction consciente, expire chaque seconde à notre oreille et à laquelle le commun des hommes oppose la digue du sens immédiat. » 

    Dans son livre Panorama de la poésie française –De Rimbaud au Surréalisme- paru aux Editions SEGHERS Georges-Emmanuel CLANCIER écrit à propos de Tristan CORBIERE : « La faiblesse, la laideur à 16 ans, des rhumatismes articulaires déformèrent son corps- firent pour CORBIERE de la vie un exil où les sujets d’horreur ne manquèrent point et d’abord à ses yeux : lui-même… A la manière de son corps désarticulé, le poème de CORBIERE boite, se contorsionne, se brise, repart retombe, émouvant et gauche, pur et âpre tout en sautes d’humeur : passant de la tendresse la plus désarmée à la hargne, de l’onirisme le plus jaillissant à la blague féroce : ce replié est plus que nul autre poète : immédiat, comme si un tempérament et une âme riches et violents à l’extrême emprisonnés dans une vie sans issue ne pouvaient s’affirmer qu’en faisant irruption, qu’en explosant par la voie du poème : d’où cette écriture , brutale et brute, proche parfois, semble-t-il de l’écriture automatique chère aux surréaliste. »   

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    Lundi 28 mai 2007   -Vita Nova DANTE ALIGHIERI-  

     

    Vita Nova, (la vie nouvelle) ou Le Livre des morts Florentins- est un petit livre d’amour et de mort.  C’est l’histoire de DANTE, un épisode de sa vie que l’on retrouve dans Le Livre de la Mémoire. Vita Nova, c’est un récit où se superposent le temps du souvenir et celui de son élucidation, celle d’une auto-analyse où l’inaccessible réalité de l’évènement vécu : la double impossibilité d’aimer sans dire et de dire sans aimer. DANTE n’arrive jamais à montrer son amour ni à témoigner de sa nature : Béatrice lui demeure inaccessible, car tout chez lui vient  toujours à contretemps.  

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    Lundi 04 juin 2007  -Marie MAURON, la passion de l’écriture- 

     

    La remarquable revue Mosaïque dirigée de main de maître par André BONAFOS consacre dans son numéro 16 une grande place à la vie et à l’œuvre de Marie MAURON- son œuvre est l’interprétation d’une nature épanouie et souriante, mais qui a ses heures de violence et de cruauté. Le temps qui passe, la nostalgie, le souvenir, puis le temps de la fête, de la renaissance, le temps de la solitude et de la mort parcourent l’œuvre de Marie MAURON. Une œuvre au cœur d’une Provence lumineuse, accueillante, fraternelle mais qu’il faut à tout prix préserver. 

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    Lundi 11 juin 2007   -Marcher, méditer, Les voyages de l’âme- 

     

    Le poète du Bengale Rabindranath TAGORE, disait : « Marcher, c’est te rencontrer à chaque instant, ô compagnon de voyage. » Lors de mon séjour sur les pentes de l’Annapurna, j’ai pu noter que la véritable marche en montagne dépouille l’individu jusqu’à ce qu’il vive dans l’essentiel du paysage qui, à mesure que l’on monte en altitude, se dépouille lui aussi pour devenir un univers où ne poussent que quelques fleurs et  où ne vivent que quelques oiseaux.  

    La montagne libère la vérité qui est en chaque homme. La véritable marche en montagne est un voyage en nous-même vers la connaissance intérieure, un voyage qui nous fait sortir de nos habitudes mentales. Le haut pays, le monde minéral sans images des cimes, se confond alors avec l’extrême pointe de notre esprit, le vide créateur sans image. L’effort me semble-t-il purifie les sens et donne plus d’acuité à notre regard.  

    Pour le maître tibétain MILAREPA : « marcher pour vivre, c’est respirer moins vite, être plus contemplatif, plus réceptif dans toutes nos activités. L’accord du corps à la nature ; ce n’est plus son corps qu’on écoute obstinément : c’est l’harmonie du monde qu’on entend. » 

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     Lundi 18 juin 2007 -Les negro-spirituals, chants de souffrance et d’espoir- 

    L'origine des Negro Spirituals remonte au temps de l'esclavage. Ces chants, empreints d'espoir et de ferveur religieuse, expriment tout le drame des populations africaines déracinées et vendues pour travailler dans les plantations du sud des Etats-Unis. La notion du Dieu des pauvres et des humbles, l’écho des paraboles, sont des sources d’inspiration. En général le sujet traité dans les spirituals est finalement celui des servitudes et des espoirs de l’homme. 

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    Lundi 25 juin 2007  -Poèmes d’amour, l’exaltation du sentiment amoureux- 

    Les poètes depuis en particulier Les Troubadours ont contribué à éduquer notre sensibilité et à faire évoluer nos mœurs amoureuses. Jacques SALOME à propos des mots de l’amour écrit : « Il y a en chacun de nous les mots de la vie et les mots de l’amour qui naviguent en aveugles à la recherche d’une écoute ou d’une île… Les uns sur les flots, et les tempêtes du besoin de survivre, les autres dans les méandres du désir ou les dérives du rêve. Si les mots de la vie sont la chair de l’existence, les mots de l’amour en sont la sève fertile. C’est pour cela qu’ils sont précieux, non seulement dans la fragilité d’une émotion, dans l’inquiétude d’une attente ou l’éphémère d’une déclaration, mais surtout, surtout, par la vivance  qu’ils suscitent et la trace durable qu’ils déposent chez ceux qui savent les accueillir. »  

    Pour l’écrivain Robert BOBIN « C’est un mot obscur que celui d’amour. » Il précise « qu’il résonne dans nos cœurs comme le nom d’un pays lointain dont, depuis l’enfance, on a entendu vanter les cieux et les marbres. Il dit ce qui délivre, il dit ce qui tourmente. Il est enroulé sur lui-même, luisant et creux, comme ces coquillages que l’on porte à l’oreille pour y entendre l’infini. » L’amour, c’est l’âme qui ne meurt pas, qui va croissant montant comme une flamme. 

    Pour Eve de CASTRO :  

    « Après, on apprend l’autre. On l’épelle, on le déchiffre.  

    C’est là sans doute le moment le plus merveilleux de l’amour. 

    L’autre devient un continent, un peuple, une langue. 

    On se penche sur ses conjugaisons, ses rites, ses zones interdites, ses fantômes, 

    Ses aubes et ses soirs, ses raccourcis et ses détours. 

    On piaffe, on revient en arrière, on s’applique,  on s’émerveille. 

    Et quand on commence de se sentir chez soi, alors seulement on découvre le bonheur. » 

     

    Et ces quelques vers de Boris VIAN :  

    « Il faut me jurer de m’aimer 

    Tout le temps que ta main dans la mienne 

    Défendra notre amour de la haine 

    Que la joie finira par calmer. 

    Il faut me jurer de m’aimer 

    Tout le temps que le sang dans nos veines 

    Rythmera nos bonheurs et nos peines, 

    Dans la paix que nous aurons trouvée. » 

     

     

     

     

     

     


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    Poèmes*7*

     

     

    Je parle d’un pays lointain 

    Je parle d’un pays lointain où la neige se pose en douceur  

    Avant que le printemps ne ravive les couleurs 

    Pour préparer le flamboiement de l’été  

    Et les tableaux mordorés de l’automne contemplatif. 

     

    Le temps capte la symphonie de la sève  

    Pendant que le vent joue de diverses flûtes. 

    Le rose se met dans la transhumance des nuages.  

    Un fil mystérieux fait le lien entre la danse de la pierre et la voix de l’étoile. 

     

    Il y a cette lumière de la lune qui s’ouvre sur les pages de l’impossible 

    Pour animer un lac miroitant et un théâtre d’ombres. 

    On balance les choses dans une chambre étroite 

    Où s’agglutinent des masques et des mosaïques sans ciselure. 

     

    Sur les hauts des portes la poussière est toujours présente. 

    De la bouche sort un alphabet pour brouiller une alchimie de désir. 

    Le soleil se pose sur la falaise et regarde impassible les vaguelettes qui balbutient. 

    La mer ondule. Elle trace un cap imaginaire sur le visage de la brise. 

     

    Dans les méandres imparfaits la chanson noire 

    Déroule une triste procession sans fin parmi la crinière nocturne 

    Où dort la trame des jours tout proche du promontoire 

    Au-dessus des pierres blanches qui tentent d’écraser des ombres. 

     

    La pensée écoute le glissement du cœur vers les arbres en fleurs 

    Pour célébrer les humeurs qui pétrissent les broderies de l’aube. 

    Les mots grossissent dans le sillage des mains avides 

    Pour emprunter les grands vaisseaux porteurs de sel et de limon. 

     

     Mas du Gua 5 décembre 2015 

    Poèmes*8*

     

     

     

     

    Parmi les feuilles de la nuit 

     Parmi les feuilles de la nuit j’ai respiré ton parfum avant d’ébouriffer ta chevelure. 

    Alors j’ai fait danser les mots dans la mosaïque des rêves. 

    La lune nous baignait d’une lumière caressante 

    Puis elle portait nos âmes dans une course infinie sur les chemins de feu. 

     

    Les grandes orgues du vent jouaient sous les paupières des songes 

    Dans l’odeur des herbes sauvages et l’éclat noir des lettres essoufflées. 

    Notre amour incandescent se reflétait dans un miroir pour donner  

    Une pluie de baisers dans la lente marée des heures au bord de l’océan. 

     

    Nos ombres s’étiraient sur les dunes dans des voiles rouges 

    En maquillant nos lèvres pour faire oublier le jour et son foin de sel. 

    Nos têtes penchées buvaient l’écume de la vie pendant que nos mains 

    Ecartaient des nœuds de fièvre pour enfin connaître l’amour extrême. 

     Montpellier 23 décembre 2015 

    . Poèmes*8*

     

    La montée vers les neiges éternelles 

    C’est en gravissant les pentes de l’ANNAPURNA, que je me mets à être plus attentif aux messages du cœur. Il me semble avoir perdu une vraie richesse : 

       Faute de temps, 

       Faute de regards, 

       Faute d’écoute. 

    Je me suis appauvri un peu plus chaque jour. Je ne donne plus assez. 

    Maintenant à environ 6000 mètres d’altitude, je tente de développer une harmonie. 

    Cette harmonie se traduit par l’ouverture, la rigueur, le courage, l’endurance, l’engagement et l’humilité. Je pars en quête de … moi. 

    J’entreprends un grand et long voyage vers des contrées inexplorées de mon monde intérieur. 

    Mais pour atteindre cette harmonie, je dois d’abord déblayer, éliminer l’inutile et le superflu. 

    Au cours de ce voyage intérieur, les épreuves vont se multiplier. 

    Il me vient en mémoire les mots de SAINT-JEAN de la CROIX : « Si un homme veut être sûr de son chemin, qu’il ferme les yeux et marche dans l’obscurité. » 

    La réalisation bien sûr, réside dans la pratique. 

    Je confirme que ce qui compte dans l’effort, c’est avant tout l’action, plutôt que le résultat. 

    Toute notre vie n’est que projection de nos rêves. 

    Je crois que la méditation permet d’entrer en relation avec une plus large dimension de soi. 

    Il me faut apaiser les ondes qui me parcourent. 

    J’entre dans une sorte d’obscurité. 

    Et là, je me mets à apprendre à déjouer les pièges que mes envies m’avaient placés en travers de moi : 

    L’impatience, 

    Le découragement, 

    L’orgueil, 

    Le désir de posséder… 

    Je n’étais pas libre, mais simplement j’étais devenu dépendant de tout et de rien. 

    Connaître une chose et en vivre une autre est une erreur. Je dirai même un contresens. 

    L’erreur, c’est peut-être de chercher toujours à jeter un pont entre ce qui est et ce qui devrait être, et par-là sans doute nous donnons naissance à un état de contradiction et de conflit où se perdent sûrement toutes les énergies. 

    Dans cette ascension environnée de neige éternelle, j’apprends à connaître mes émotions, à les gérer et si possible à les canaliser. 

    Il me semble que c’est un passage obligé. 

    Parce qu’avant tout, il faut savoir déjouer les apparences. 

    BOUDDHA disait : 

    C’est par la foi que l’on peut traverser les courants. 

    C’est en faisant diligence que l’on franchit l’océan. 

    C’est par l’énergie que l’on peut rejeter la souffrance. 

    Et, c’est par la sagesse que l’on obtient la pureté. 

     

    Chacun suit son chemin. Le mien se compose :  

       De fragments, 

       De débris d’œuvres, 

       De poèmes non menés à terme, 

    Mais qui sont liés : 

       Par le drame intime, 

       Les dévoiements, 

       Les conversations manquées, 

       Les recherches de la raison, 

       Les chutes, 

       La nuit, 

       Les yeux vers les étoiles, 

       La force du sol. 

    J’ai essayé : 

       D’inventer de nouvelles couleurs, 

       De créer de nouveaux visages, 

       D’habiller la vie de musique audacieuse. 

    J’ai cru : 

       Posséder des visions,     

       Des pouvoirs arabesques. 

    J’ai fini par enterrer : 

       Ces séquences de vie, 

       Ces rires futuristes, 

       Ces nouvelles langues. 

    J’ai goûté à l’alchimie du Verbe, cher à RIMBAUD. 

    J’ai évoqué : 

       La confidence amoureuse, 

       Les saisons de l’âme, 

       Les oiseaux de la nuit, 

       Les différents domaines de la sensibilité 

       Et les éclats métalliques du ciel. 

    J’ai porté en moi bien longtemps, les contradictions politiques et philosophiques. 

    Maintenant en pleine ascension, je vis intérieurement. 

    Le soleil s’étale dans la neige qui par endroit fume. 

    Quelques rochers craquent. D’autres roulent sans fin. 

    Des bruits vibrent, rebondissent et s’amplifient. 

    Mon environnement est peuplé de mille vies présentes et futures. 

    J’ai l’impression que je fais unité. 

     

    La poésie devient un instrument de connaissance. 

    Elle est source de méditation et de réflexion. 

    Elle devient un moyen d’explorer l’inconscient. 

    Charles BAUDELAIRE, écrivait : 

    La nature est un temple où des vivants piliers 

    Laissent parfois sortir de confuses paroles ; 

    L’homme y passe à travers des forêts de symboles 

    Qui l’observent avec des regards familiers.  

    Car comme dit si bien le poète : 

      Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. 

     

    Pour Victor HUGO : « tout a droit de cité en poésie. » 

    C’est affirmer l’absolue liberté du poète, à qui aucun sujet n’est interdit. 

    C’est aussi faire sortir la poésie des domaines du sentiment et du rêve. 

    La poésie est une aventure toujours renouvelée. 

    Elle est une quête de l’absolu. Cet absolu est sans bornes et sans fin. 

    C’est en venant en ASIE, au cœur même de l’HIMALAYA, que j’ai compris la signification du mot méditation. 

    Car si méditer pour un occidental, signifie utiliser sa pensée au repos, de s’ouvrir à son espace intérieur, et en intégrant en soi le Tout Universel, d’en laisser émerger les grandes vérités et les grands principes de la vie. 

    Il ne faut pas se disperser entre le passé et le futur. 

    Il faut vivre le présent intensément. Il faut goûter cette qualité d’être avec la totale disponibilité de soi. 

    Il me semble aussi que le sens du divin est facteur d’ouverture, de transformation et de croissance. 

    DHAMMAPADA, penseur indien disait : « Nos pensées actuelles façonnent notre vie de demain ; notre vie est la création de notre esprit. » 

    L’ANNAPURNA se dresse vers le ciel. Quelques nuages s’écrasent contre sa paroi. 

    Dans ce site grandiose, il  y a des présences. 

    Auprès de nous, au fond de nous, partout il y a des présences. 

    Et derrière ces présences existent des secrets. 

    Mais ces secrets eux-mêmes ne sont que l’environnement obscur des âmes. 

    Comment atteindre ces âmes sans détruire les présences, sans violer les secrets ? 

    Comment communiquer avec le cœur du monde ? 

    Au contact des plantes, l’homme participe à l’innocence végétale. 

    Il interprète le langage du sol et communique par-là avec le cosmos. 

    L’arbre occupe une situation privilégiée. 

    Il semble présider aux fastes de la nature. Il en résume le cycle éternel par sa longévité et sa masse. 

    Il est un pilier de communication entre deux mondes. 

    Il est un symbole de pérennité. 

    Assemblés, les arbres forment bois et forêts, massifs et futaies. Ils deviennent des lieux de recueillement où la solitude et le silence acquièrent une extraordinaire concentration. 

    A l’opposé de la forêt obscure et sauvage qui suscite parfois appréhension et crainte, se trouvent le jardin et le verger : aires apprivoisées et lumineuses. 

    Le jardin et le verger situés auprès des hommes entretiennent avec eux un rapport amical et comme symbiotique. 

    Ils sont des enclos d’innocence, des domaines d’amour. 

    Il existe un autre jardin : le jardin intérieur en quête de lumière. 

    Ce jardin intérieur est un espace du cœur enclos dans des limites bien précises. 

    Il est riche en contenus psychiques. 

    Il se situe presque en lisière de notre mémoire. 

    Il est l’espace vibratoire de notre âme. 

    Il est un signe de fécondité. 

    La quête de lumière : 

       C’est être attentif aux messages du cœur. 

       C’est être à l’écoute de soi et de l’autre. 

       C’est tenter d’intégrer les contraires. 

     

    Peu à peu les bruits qui m’entourent, se taisent. 

    Un silence m’enveloppe. 

    J’ai franchi de nombreuses étapes par la marche et par l’esprit. 

    J’abandonne mon ego. 

     

    Le temps  de la communion est venu, avec ce qui nous touche au plus subtil, au plus impalpable. 

    Cet abandon du corps et de l’esprit, me permet d’entrer avec le suprême. 

    J’entre dans un espace infini où tout existe, naît et disparaît. 

    Un espace que je ne peux ni voir, ni toucher, ni sentir, ni entendre. 

    Il est au-delà de toute dimension. 

    Certains le nomment Dieu et si l’on y atteint, il nous renvoie à l’homme et là où est l’homme on y rencontre Dieu. 

    Dans de nombreuses traditions, la progression spirituelle de l’homme est symbolisée par l’ascension d’une montagne. 

    Un arc-en-ciel immense vient d’apparaître. Il semble relier la terre au ciel. 

    Pour certaines religions il est un symbole puissant de la communication entre les hommes et les dieux. 

    Dans la tradition chrétienne, il symbolise le pardon divin et l’alliance conclue entre Dieu et l’humanité, parce qu’il est apparu à Noé à la fin du déluge, après que l’arche contenant deux représentants de toutes les espèces vivantes, s’échoua sur la terre ferme.  

    En regardant avec émotion ce superbe arc-en-ciel, je me souviens de la signification des sept couleurs de l’arc-en-ciel. 

    Il représente pour les chrétiens les sept dons du Saint-Esprit à l’Eglise : 

        Les sacrements, 

    La doctrine, 

    L’office, 

    Le gouvernement, 

    La prière, 

    La capacité de lier 

    Et celle de délier. 

    Et c’est en pensant au poète Luc ESTANG, qui écrivait : 

    Regarde les nouveaux pâturages du ciel 

    Pleines de sautes de vent avec ces longs appels 

    Que porte jusqu’en nous l’odeur des transhumances : 

    C’est une autre saison de l’âme qui commence. 

    Que je tourne la page de mon Carnet de Promeneur. 

     

     Pokhara (Népal) avril 1977  

     Poèmes*8*

     

     

     


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    Printemps des poètes 2018

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    Traces de lumière*4*

    (suite) 

    Traces de lumière*6*

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    POEMES 9 

     Extrait du recueil Feuille s route sur la chevelure des vagues

     

    Feuilles de route saisonnières 

     

    Le cycle des saisons est le fondement de la vie sur terre, tant animale que végétale et humaine. 

    Le temps nous montre chaque jour les différentes avancées de la manifestation de la vie toujours renouvelée. 

    La terre porte la semence qui fera fructifier les fruits au sein duquel les éléments de la vie vont se transformer en de nouvelles promesses.  

    Nous allons à la découverte aussi de nos terres intérieures.  

    Nous entrons dans les paroles de sagesse en lisant les grands textes spirituels. 

    Alors les mots s’ouvrent et ils nous éclairent dans notre quête du savoir. 

    Nous devons nous nourrir d’espérance dans une foi et une conviction profondes. 

     

    On entre dans la rencontre  pour chercher un équilibre malgré le tourbillon de la vie.  

    On prend conscience et petit à petit on écarte le voile qui recouvre la lumière.                              

     

    A la pointe du jour, j’entre dans un chant venu d’ailleurs. 

    Il me semble que je communique avec un univers sensible 

    Dont je capte les mystérieux courants de force. 

    J’entre dans une autre dimension une sorte d’aspiration vers l’infini. 

     

    Je ne pense pas à la mort parce qu’elle est une promesse 

    Du retour de l’âme à son séjour originel. 

    Je me situe dans l’accord avec le présent, 

    Dans la quête de l’éternel au cœur de l’instant immuable. 

     

    On marche toujours vers une terre promise. 

    Ce monde nouveau qu’on cherche au travers d’une forêt de symboles. 

    On veut apprivoiser le mystère pour mieux l’humaniser. 

    Mais avant il faut passer les saisons de l’âme et marquer le temps de la foi. 

     

    Le temps nous invite à la création, à libérer notre énergie, à vivre présentement. 

    On doit choisir et on doit montrer plus de volonté. 

    Il est important de se rappeler que les saisons scandent le cycle annuel comme les phases de la lune rythment le mois : 

    Naissance,  

    Formation, 

    Maturité,  

    Déclin et renouveau. 

    Les grands passages de l’année sont aussi symbolisées par les quatre « portes de l’année » » 2 solstices et 2 équinoxes.  

    Equinoxe de printemps. Nuit et jour sont de même longueur.  

    Force de jour et force de nuit de même intensité.  

    La première des « portes de l’année » s’ouvre en une célébration des forces de vie dans bien des traditions.  

    Passage de l’intangible au tangible.  

    L’équinoxe de printemps célèbre partout la naissance et la vie qui se déploie. 

    C’est le temps de l’innocence, de l’éveil aux choses du dedans et du dehors. 

     

    Le temps de l’enracinement est venu. Il est jalonné de repères.  

    On devient petit à petit un veilleur. 

    On éprouve une envie de construire. 

     

    Ecoute les longs échos des voix qui se sont tues. 

    Elles sont le secret des êtres et des choses. 

    On a en soi des émotions fugitives déjà éprouvées, 

    Elles façonnent parfois les nervures de notre musique intérieure. 

     

    A travers des miroirs, les errances et les doutes, 

    Donnent des rythmes, des images, des bruissements et des confidences. 

    Les escales et les regrets inspirent de lointains appels. 

    Ils traduisent, dans l’hésitation et le recueillement, les murmures du cœur. 

     

    Tout homme est une histoire sacrée. 

    Il respire au rythme universel de tous les hommes. 

    Autour de l’eucharistie qui est le centre de l’histoire du monde, 

    L’homme veut partager l’écho da la Parole qui s’est fait chair. 

     

    Il faut aller tranquillement parmi le vacarme et la hâte. 

    La paix existe dans le silence. 

    Le bonheur est fait de petits riens, d’instants magiques. 

    Il faut dire clairement la vérité. 

     

    Si nous nous référons au cycle de la terre nous voilà dans l’arborescence et la multiplication. Cela éveille la parole, l’échange et le partage. 

    Il faut éviter l’essoufflement pour ne pas s’isoler. 

     

    Nous avançons dans la recherche de la plénitude et de la gestation. 

    On essaie de trouver un lieu pour abriter le temps de l’affection.  

     

    Solstice d’été.  

    Le soleil est au plus haut et au plus ample de son arc.  

    Sous le soleil vainqueur, la pleine lune d’été, la plus basse sur l’horizon, nous invite en silence à un changement de plan et de conscience.  

    Les deux champs, solaire et lunaire s’inversent.  

    D’après les textes anciens le soleil a rendez-vous avec la lune pour sa plus grande humilité. 

    Il semblerait que le solstice d’été nous élève et qu’il nous invite à nous ouvrir à notre moi intérieur pour nous accomplir plus personnellement. 

     

    Je dirai que la vie se peuple : 

      D’un langage testamentaire,  

      De signes héréditaires, 

      De souffle dénonciateur, 

      De pensée architecturale, 

      D’espace de silence, 

      De conversion lente ou probable, 

      D’une litanie de prières, 

      De passage obligatoire, 

      De lumière souvent renouvelée, 

      De nuit active, 

     De solitude nécessaire pour préparer des rencontres solides et fraternelles. 

     

    La vie est un passage. Elle charrie : 

    Tout le sang des ancêtres, 

    Toutes les hésitations très confuses, 

    Toutes les volontés de survivre, 

    Tous les battements émotionnels, 

    Tous les élans humains, 

    Toute la fusion des êtres. 

     

    J’ai cherché dans Le Livre des Temps : 

    Le Verbe, 

    Les traces du vent, 

    La splendeur du ciel, 

    Et les ombres dansantes. 

    J’ai trouvé : 

    Le fleuve qui sépare la vie de la mort, 

    La gerbe d’or qui nourrit le corps, 

    Le disque solaire qui éveille l’âme, 

    L’argile bâtisseuse qui donne la vie. 

    On se libère par la création.  

    On fait grandir son projet en toute conscience.  

    Tout effort personnel trace notre destinée. 

    Nous avons engrangé beaucoup de chaleur. 

    C’est le temps des récoltes minutieuses. 

    La lumière éblouissante guide nos amours. 

     

    Je dirai que : 

    La vie a cette couleur quotidienne qui émane des nuances et des saisons, 

    Et qui donne aux hommes des mouvements d’humeur qui varient  avec le vent et le soleil. 

    La sève circule parmi les vaisseaux du bois et des végétaux.  

    Elle transporte le sel de la vie. 

    Elle danse sous la feuillée des arbres.  

    Elle ravive les herbes folles et les couleurs du temps. 

     

    Je regarde toujours avec le même bonheur : 

    Tous les matins du monde, 

    Toutes les lueurs crépusculaires, 

    Tous les orages souvent accompagnés de vent et de pluie, 

    Tous les éclairs qui sillonnent le ciel, 

    Tous les premiers indices de la feuillaison printanière, 

    Toute l’arborescence respiratoire. 

     

    Je sais maintenant que la vie n’est pas la destination, 

    Elle est le voyage. Elle est remplie de petits signes. 

    L’amour est ce qui rend le voyage captivant, 

    Parce qu’il y a l’infinie passion de la vie. 

     

    Je regarde l’ondoiement du vent dans les plis des collines et le long des berges, 

    Les corps fluorescents et les flux incessants des grandeurs scalaires. 

    Je vais dans les courants de polarisation de l’amour et sous les arches irisées, 

    Dans les arcanes mystérieux de la trinité, retrouver l’alliance de vie et de mort. 

     

    On existe dans un cycle cosmique aux contours indéfinis et dans les mouvances spirituelles. 

    Dans le jardin de la quiétude naît le mystère de l’essence et l’alphabet céleste. 

     

    Dans le fleuve de la vie, rien ne perdure, il y a toujours le changement et la mort. 

    Parfois la crainte de la mort vient de notre peur de perdre le connu. 

    Et pourtant la mort n’est seulement que la fin de quelque chose, 

    Car dans toute mort, il y a un renouveau et la vie est affaire de découverte. 

    L’essence de la vie, c’est le voyage intérieur pour calmer une foi déchirée. 

     

    Tout se dessine, de l’aube blanche au bleu profond de la nuit, dans des fleurs équinoxiales. 

    Quand les cloches des chapelles de la vallée sonneront, je suivrai les offices en lisant 

    Le diurnal et le vespéral tout proche des clairières où se promènent les ondes lumineuses. 

     

    La prière du jour n’a pas la même saveur que celle de la nuit. 

    On respire les odeurs réelles, les vents contraires et les bouffées maternelles. 

    Croire devient un verbe plein d’espoir qu’on enrobe de délicate attention. 

    L’âme vibre dans la contemplation intérieure des énergies déployées. 

      

    Equinoxe d’automne.  

    Force de nuit et force de jour sont de même intensité.  

    La troisième porte de l’année s’ouvre.  

    L’équinoxe d’automne marque alors un moment d’équilibre mais aussi d’hésitation. 

     

    Le temps du choix est venu.  

    Il sonne l’heure des associations.  

    La nature nous apparaît différente. 

    Nous sommes dans la transformation et nous allons vers un passage symbolique. 

    Celui de l‘initiation qui ouvre en grand l’esprit. 

    Nous voilà ouvert à une autre réalité, à un autre regard. 

      

    En prière, le pèlerinage des mots assemblés au hasard vient accentuer le chant intérieur. 

     

    Je suis baptisé en esprit et les langues de feu font rougir l’aurore de mon autre vie. 

    Je ne regarde plus la trace de nos destins particuliers, ni la nouvelle saison de labeur. 

    Je cherche dans les pas du jour et de la nuit les divines mains pour les porter plus loin. 

    Je deviens un enfant de lumière lecteur de missel et baigné d’une présence aimante. 

     

    C’est l’aube première qui recommence et le verbe aimer qui crépite à nouveau. 

    Le sens du tourbillon de la matière minérale, la sève qui sculpte l’abondance des fruits, 

    Le sang qui pulse la vie, l’immensité, les particules et l’essence de ma conscience. 

    Je lis, dans le livre ouvert sur les cantiques et les psaumes, les paroles du veilleur.  

     

    Le silence est grain de blé qui enfante sa plénitude et apaise toute fièvre. 

    Les oiseaux prennent des mesures de complies et rendent visite au lierre. 

    Je marche dans le flux du monde en reconnaissant l’insigne beauté du créé. 

    Il y a un temps pour tout et une chapelle de lumière dans toutes les liturgies des hommes. 

     

    Les attrayantes illusions donnent à la nuit profonde la science du bien et du mal, 

    Et convergent vers les cycles immuables des prairies de l’âme. 

    Ici, on approche de la lumière des sphères célestes et des prairies généreuses. 

    La splendeur des esprits chante des louanges à l’architecte du monde. 

     

    Le dernier cercle plonge l’âme dans l’infinie essence divine pour découvrir le dogme 

    Et le mystère de Dieu entourée des chœurs angéliques. Ici le fleuve de la grâce 

    Coule en permanence, bien à l’égard du peseur des âmes et des raisons inavouées. 

    Dans son voyage initiatique l’âme franchit les cercles comme des étapes de purification, 

    Et de révélation pour atteindre l’incarnation d’une nouvelle humanité. 

    Nous pouvons dire que voici venue l’heure de l’hibernation. 

    Dans ce mois de décembre nous nous projetons dans l’avenir au milieu des rêves immobiles. 

    Car il s’agit bien là aussi de savoir transformer ses rêves en réalités. 

     

    La terre est nue étalant une gelée qui nous donne l’impression que la terre est devenue inhospitalière. 

    Mais nous espérons que la terre va s’enrichir en profondeur dans un grand secret. 

     

    Solstice d’hiver :  

     -parce qu’il ouvre la porte de la phase ascendante du cycle annuel,  

     -parce qu’il voit renaître de façon encore secrète – et donc sacrée – la lumière. 

    Le solstice d’hiver incarne ensemble la mort apparente de la nature et la plénitude spirituelle. 

    Il est au cœur de la nuit, le moment où l’être – telle la graine enfouie dans l’attente d’une lointaine moisson – commence de s’éveiller à la lumière. 

     

    Il faut toujours manger les fruits en regardant l’arbre qui te les offre. 

    Le but du voyage c’est de savoir lire les signes et les traces. 

    Car il faut laver ses yeux des ombres et des idoles qui se pourchassent. 

    Cherche le rayon de lumière qui traverse l’épaisseur de ton être. 

     

    Mille créatures qui t’environnent, font le tissu de ta vie et peuvent pacifier ton âme. 

    Ne fais jamais de ta nuit noire ton linceul parce que l’aube pointe toujours un sourire. 

    Dans les pulsations obscures, il y a une nourriture souveraine qui illumine 

    La nature de l’homme asservie à la douleur et au plaisir devenant la cause de son tourment. 

     

    Dans les flots tumultueux, on doit exposer les voiles aux souffles des vents ébouriffants, 

    Pour suivre le chemin étoilé dans le creuset du cœur qui guérit les altérations de l’âme. 

    La pensée ne cesse de se débattre, elle est à la fois l’ombre et la vision d’un reflet, 

    Puis elle devient un chant parmi les rayons de lune, de soleil et de miel. 

     

    Le livre de nuit porte tous les symboles vivifiants et toutes les quêtes inaccessibles. 

    L’homme boit l’horizon, évangélise les peurs et fleurit les allégeances. 

    Tout se conjugue dans l’échelonnement des mois et prend racine 

    Entre les équinoxes et les solstices, pour donner le pain de vie. 

     

    Toute parole est une substance dans toute l’essence infinie, 

    Où aspire l’humain à retrouver la nature apostolique. 

     

    A l’aube, la caresse solaire dissipe lentement la buée violette de la nuit. 

    Elle nettoie la poussière qui voile la conscience, et diminue nos grincements intérieurs, 

    Il y a toujours un rêve qui veille, près d’une fenêtre ouverte sur le grain des heures.  

      

    Conques août 2009 

     

     

     

     

     


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    Traces de lumière*4*

    (suite) 

     

    Lundi 3 décembre 2007  -Rainer Maria RILKE, Lettres à un jeune poète  :

    L’œuvre de RILKE est une longue méditation sur les évènements essentiels de l’existence humaine. Il pense que l’homme séparé à jamais de toute plénitude est la créature la plus instable, la plus exposé qui soit. Dans lettres à un jeune poète paru après la mort de RILKE par Franz Xavier KAPPUS avec qui il avait correspondu, le poète y ouvre son cœur à quelqu’un qu’il ne connaissait pas pratiquement, avec une confiance et une justesse de ton qui ne peuvent nous laisser indifférent. Il y parle de la mort encore, mais aussi de l’amour, de la solitude et de la création, avec une profondeur qui fait encore de cet ouvrage une source où toute une jeunesse en quête d’une spiritualité sans dogme vient s’abreuver.  

    Voici quelques extraits : 

    « Une seule chose est nécessaire: la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir. Etre seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elle font. S'il n'est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d'être prêt des choses: elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays. Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein d'évènements auxquels vous pouvez prendre part. Les enfants sont toujours comme l'enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.  

    [...] Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre cœur; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, s'il vous était donné d'aller à la rencontre de cette grave question avec un fort et simple "il le faut", alors bâtissez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente et la plus infime, doit être le signe et le témoignage de cette impulsion. Puis vous vous approcherez de la nature. Puis vous essayerez, comme un premier homme, de dire ce que vous voyez et vivez, aimez et perdez. N'écrivez pas de poèmes d'amour; évitez d'abord les formes qui sont trop courantes et trop habituelles : ce sont les plus difficiles, car il faut la force de la maturité pour donner, là où de bonnes et parfois brillantes traditions se présentent en foule, ce qui vous est propre. Laissez-donc les motifs communs pour ceux que vous offre votre propre quotidien; décrivez vos tristesses et vos désirs, les pensées fugaces et la foi en quelque beauté. Décrivez tout cela avec une sincérité profonde, paisible et humble, et utilisez, pour vous exprimer, les choses qui vous entourent, les images de vos rêves et les objets de votre souvenir. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas; accusez-vous vous-même, dites-vous que vous n'êtes pas assez poète pour appeler à vous ses richesses; car pour celui qui crée il n'y a pas de pauvreté, pas de lieu pauvre et indifférent. Et fussiez-vous même dans une prison dont les murs ne laisseraient parvenir à vos sens aucune des rumeurs du monde, n'auriez-vous pas alors toujours votre enfance, cette délicieuse et royale richesse, ce trésor des souvenirs ? Tournez vers elle votre attention. Cherchez à faire resurgir les sensations englouties de ce vaste passé; votre personnalité s'affirmera, votre solitude s'étendra pour devenir une demeure de douce lumière, loin de laquelle passera le bruit des autres. » 

     

     Lundi 10 décembre 2007  -Jules LAFORGUE, Le pierrot lunaire :

    La poésie de Jules LAFORGUE occupe une place unique dans la poésie française. En effet, on retrouve chez lui une fusion rare entre l'expression de la mélancolie la plus vive et un ton ironique, parfois trivial qui, sous d'autres plumes, serait tombé dans le prosaïsme. Parfois aussi, lorsque le poète évoque des sujets aussi graves que la question du libre arbitre, c'est en mettant en scène le Christ et un Pierrot désinvolte et raisonneur. 

    Ailleurs, la Mort - cette mort qui prendra le poète bien trop tôt et qui avait déjà emporté sa mère alors qu'il n'était qu'un adolescent - sera chantée en argot par un fossoyeur.  

    Dans les Complaintes ou dans ces Premiers poèmes que Laforgue voulait « philosophiques », la condition humaine est montrée dans ce qu'elle a de plus cru, de plus absurde : avec Résignation, le poète parle de notre vanité à laisser notre marque dans l'univers; dans Suis-je ?, LAFORGUE évoque le caractère éphémère de l'existence humaine en se demandant ce qu'étaient jadis les atomes composant maintenant nos corps, et ce qu'ils seront à l'avenir, lorsque nos êtres seront décomposés. Il n'y a plus d'ironie ici, plus de trivialités, mais seulement une angoisse mise à nue. 

    LAFORGUE est aussi l'un des inventeurs du vers libre. Il a senti la nécessité de libérer ses mots de toute contrainte; et cette nouveauté sera reprise, au XXe siècle, par Apollinaire, par Cendrars, en attendant les Surréalistes et presque tous les poètes contemporains.  

     

     Lundi 17 décembre 2007 -La symphonie pastorale de BEETHOVEN :

    La symphonie no-6 en fa majeur dite Pastorale de BEETHOVEN célèbre le combat de l’homme libre contre son destin et sa communion avec la nature.  Elle se développe en cinq parties illustrant chacune un épisode particulier de la vie champêtre : Eveil d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne – Scène au bord du ruisseau – Réunion joyeuse de paysans- Orage, tempête – Chant des pâtres, sentiments de contentement et de reconnaissance après l’orage – BEETHOVEN exprime des impressions et des sentiments et il insiste sur le fait qu’il s’agit plus « d’expression du sentiments que de peinture. » 

     BEETHOVEN compose cette symphonie en 1808, il a 38 ans et sa surdité progresse inexorablement le plongeant dans un profond découragement qu’il combat en se jetant à corps perdu dans la création. 

     

     Lundi 7 janvier 2008 -Joseph HAYDN, La Création et les Saisons :

     Joseph HAYDN, inspiré par Le Messie de HAENDEL compose La Création- Cette œuvre religieuse lui permet comme il dit servir la seule gloire de Dieu conformément à ce qu’il ressentit comme une vocation tout au long de sa vie. Le livret est écrit par Gottfied Von SWIETEN qui se réfère à La Genèse et Le Paradis perdu du poète anglais John MILTON- Cet oratorio s’inspire des premiers vers de la Genèse, commencement de l’Ancien Testament. Tout au début de la Genèse, La Création relate les origines du monde, les débuts de l’humanité et comment Dieu organisa le chaos originel selon les religions judéo-chrétiennes. Cet oratorio pour trois solistes, soprano, ténor, baryton, chœur et orchestre comporte trois parties consacrées respectivement aux éléments de l’univers, aux êtres vivants (animaux et hommes), et au paradis terrestre. Les archanges Gabriel, Uriel et Raphaël racontent les six jours de la création du monde.

    Les Saisons est le dernier des grands oratorios de Joseph HAYDN. Il ne s'agit pas d'un sujet religieux mais plutôt d'une œuvre emprunte de symbolisme. Les différentes saisons peuvent être mises en correspondance avec les différentes périodes de la vie, L'œuvre résulte comme pour La Création d'un livret constitué par Gottfried Von SWIETEN pour être mis en musique  

    par HADYN. Le livret s'inspire du poète écossais James Thomson.
    Chaque saison est introduite par une pièce instrumentale, puis se succède une série de tableau alternant les différentes combinaisons : récitatif, air, duo, trio et chœur.
    Au cours des différentes saisons, des atmosphères particulières sont magnifiquement évoquées : Chœur des paysans, thème du laboureur, chœur de joie, lever de soleil, orage, chœur des fileuses, hymne à l'amour fidèle, chœur des chasseurs, vendanges, ambiance hivernale, voyageur d'hiver, mélodie populaire non dénuée d'humour sur une histoire entre une jeune fille et son seigneur, Prière quand arrive le dernier jour... 

     

     Lundi 14 janvier 2008 -Le radeau de la Méduse de Théodore GERICAULT :

     Sur la tombe du peintre GERICAULT, un bas-relief représente le Radeau de la Méduse.

    Le tableau reproduit une scène horrible. Une quinzaine d’hommes tente désespérément de survivre, sur un radeau fait de planches grossièrement assemblées par des cordes. La mer est démontée. La vie va-t-elle triompher ? 

    L’homme parviendra-t-il à dominer les éléments… et à déjouer son funeste destin ?  Lors de ma visite au Louvre, j’avais noté  « Le peintre montre les hommes du Radeau de la Méduse  dans leur nudité et leur détresse. Ces hommes sont l’image de la faiblesse de la condition humaine dans sa lutte contre les éléments naturels. Mais cette pyramide des vivants dressés sur les morts symbolise la victoire de l’homme grâce au courage et à l’espoir. »  A propos de son tableau, GERICAULT disait :  

    « Point minuscule du bateau sauveur, éclairé par un faisceau de  lumière venant de la gauche. Deux pyramides : l’une formée d’une grappe d’hommes, orientée vers la droite, symbolise l’espoir ; entraînée vers la gauche par le vent qui gonfle la voile, symbolise les éléments contraires.                                                                        

    Au premier plan : demi-cercle des cadavres. » 

     

      Lundi 21 janvier 2008 -Francis JAMMES, Clairières dans le ciel :

    Dans la préface de son recueil De l’angélus de l’aube à l’angélus du soir Francis JAMMES écrit : « Mon Dieu, vous m’avez appelé parmi les hommes. Je souffre et j’aime. J’ai parlé avec la voix que vous m’avez donnée. J’ai écrit avec les mots que vous avez enseignés à ma mère et à mon père qui me les ont transmis. Je passe sur la route comme un âne chargé dont rient les enfants et qui baisse la tête. Je m’en irai où vous voudrez, quand vous voudrez. L’angélus sonne. » 

    A propos de son recueil Le deuil des primevères,  le poète souligne que son recueil « est d’une forme et d’une pensée calmes parce que je l’ai surtout conduit dans une solitude où mes souffrances parfois s’apaisèrent. » 

    Suite à sa conversion au catholique faite sous la direction de Paul CLAUDEL, Francis JAMMES trouve dans le recueil Clairières dans le ciel, plus de gravité, pour exprimer sa foi. Le recueil comprend un ensemble de poésies intitulé Tristesses (qui parle d’un amour perdu)- un long poème en forme dramatique, Le Poète et sa femme, suivi d’un ensemble de poésies intitulé Poésies diverses. Des poèmes plus récents, En Dieu et L’Eglise habillée de feuilles, sont placés l’une en tête, l’autre à la fin du recueil, et une note indique qu’ils ont été écrits après le retour du poète au catholicisme. Pour Francis JAMMES, « Le poète est ce pèlerin que Dieu envoie sur la terre pour qu’il y découvre des vestiges du Paradis perdu et du ciel retrouvé. » Il précise « Tout le travail de Dieu en moi… a été de me détacher peu à peu de toute ambition, de m’éloigner de la vie moderne… J’ai donc dans cette solitude, tout le bonheur que l’on puisse souhaiter. » 

      

     Lundi 28 janvier 2008  -Arthur RIMBAUD, Une saison en enfer :
     

    Dans Une saison en enfer, Arthur RIMBAUD, exprime sa profession de foi dans une sorte de quête. Il parle de ses souffrances et de ses déceptions. Il s’en prend à la civilisation occidentale et à ses valeurs. 

    Le recueil commence par un moment idyllique de sa jeunesse : Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient". Après un Prélude où le poète annonce qu'il a failli devenir fou, qu'il a failli mourir aussi, Rimbaud retrace l'itinéraire qui l'a presque mené à sa perte. D'abord, dans Mauvais sang, il remonte jusqu'à ses ancêtres gaulois pour expliquer qu'il est issu d'une race esclave et que, né d'ancêtres qui ont couru les Sabbats et traversé l'Europe pour rejoindre les Croisades, l'ordre social lui a toujours été étranger. Le damné est représenté tour à tour en voyageur maudit, en forçat sur lequel se referme le bagne, en nègre soumis à la brutalité du colon, en recrue appelée à devenir chair à canon. Dans Nuit de l'enfer, d'abord intitulé Fausse conversion, Rimbaud regrette ne pas avoir assumé la part païenne de son héritage et d'avoir au contraire succombé au mysticisme chrétien. D'autres errements sont contés dans Délires. C'est à cette époque que le poète s'habitue à l'hallucination simple, qu'il trouva sacré le désordre de [son] esprit, bref qu'il exploita tous les sophismes de la folie -la folie qu'on enferme. Cette section d'Une Saison en enfer semble retracer l'expérience de la voyance. 

    Les quatre chapitres qui suivent présentent le retour progressif à la raison, cheminement tout de même interrompu par quelques mirages et quelques désespoirs. Dans L'Impossible, Rimbaud évoque tour à tour l'Orient et la science. Dans L'Éclair, tout rêve, tout mysticisme apparaissent vains, alors qu'avec Matin l'expression de l'espoir prend le dessus. Enfin, Rimbaud explique avec L'Adieu qu'il ne lui reste plus qu'à s'astreindre au travail: lui qui s'est dit mage ou ange, dispensé de toute morale, [il est] rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre! 

     

    Lundi 4 février 2008   -Paul VERLAINE, Romances sans paroles :

    Romances sans paroles est un court recueil de poésie, écrit par Paul Verlaine et publié en 1874 pendant son emprisonnement. Le titre Romances sans paroles se réfère à une œuvre pour piano composée par MENDELSSOHN et laisse entrevoir la nature essentiellement musicale des poèmes. Le terme Romances évoque une chanson sur un thème sentimental. L’expression sans paroles sans doute la recherche d’une poésie presque au-delà des mots. Elle devient chant de l’âme, respiration, murmure. Le recueil comprend quatre parties : 

    La première partie : Les ariettes oubliées, ce titre est emprunté à une œuvre de FAVART (auteur de livrets d’opéras comiques du 18ième siècle) –une ariette est une courte mélodie et chez VERLAINE, elle reprend ainsi les idées de brièveté et de simplicité. Et le mot oubliée représente pour le poète l’effacement progressif du souvenir dans la fuite du temps et de la conscience de soi dans le flux des impressions. Dès la première ariette on voit apparaître dans toute sa clarté une des principales originalités de la poésie de Paul VERLAINE : la fusion totale du poète et du paysage qu’il évoque dans la suggestion d’une impression de nature musicale. 

    La deuxième partie du recueil Romances sans paroles est consacrée aux Paysages belges qui retracent les étapes du voyage accompli avec Arthur RIMBAUD en Belgique. Dans les Paysages belges, le poète donne une dimension picturale à ses poèmes et ne se donne pas ici pour but de décrire le paysage mais simplement d’en suggérer les sensations. 

    La troisième partie du recueil qui a pour titre : Birds in the night qui signifie Les oiseaux dans la nuit, le poète se souvient de la brève visite de son épouse Mathilde à Bruxelles. Poème du souvenir et des reproches, mais le poème semble être tout de même teinté de regret pour cet amour qui n'est plus.  

    La quatrième et dernière partie, Aquarelles, est composée à la suite d'une séparation suivie d’une réconciliation avec Rimbaud : rappel de son séjour londonien. Alors qu'il hésite encore entre la volonté de se réconcilier avec Mathilde et l’inquiétude d’une relation amoureuse. Ce sont aussi des poèmes qui traduisent des impressions anglaises. Ils tissent une toile impressionniste qui semble être trouée littéralement par l’expression de la nostalgie et du désespoir. 

     

     

     

     


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    Traces de lumière*4*

    (suite)

     

     
     

    Lundi 11 février 2008  -Georges-Frédéric HAENDEL, Le Messie :

     HAENDEL écrit Le Messie sur un texte de la Bible- Le Messie, c’est Jésus-Christ, dont la venue est annoncée par l’Ancien Testament. Le livret de l’oratorio Le Messie bien structuré est clair et cohérent. La première partie chante la Nativité en s’appuyant sur les Evangiles et sur les Psaumes. La deuxième partie relate la Passion telle que la transcrivent les Psaumes encore mais aussi SAINT-PAUL et les Prophètes. La troisième partie met en scène la Résurrection d’après SAINT-PAUL toujours. HAENDEL en nous relatant La Passion et la Résurrection du Christ nous propose aussi une réflexion sur la rédemption de l’humanité, sur le combat de la lumière et des ténèbres, et enfin sur la relation entre Dieu et les hommes.

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     Lundi 18 février 2008 -SAINT-JOHN PERSE, C’étaient des grands vents :

     Prix Nobel de littérature en 1961 SAINT-JOHN PERSE est l’auteur d’une importante œuvre poétique.

    Dans Eloges le poète montre une imagerie patriarcale où les nourritures terrestres abondent, où chaque instant de la vie est transposé et magnifié.

    Anabase est le poème essentiel de la conquête et de l’incessante création. Epopée civilisatrice, il figure le cheminement de l’homme à la poursuite de l’idéal, reculant sans cesse les voies du possible, allant d’une découverte à une autre découverte, d’une création à une autre création par elle suscitée. Sans fin.

    Le poème Exil ne serait pas né sans doute sans l’histoire, celle du drame de 1940. Le poète se mesure à la société humaine, à la tragédie des hommes déchirés. Poème de l’angoisse et de la solitude.

    Trois poèmes complètent Exil : Pluies- Neiges- Poème à l’étrangère-

    La pluie exprime la purification et la promesse de germination. Dans Neiges apparaît davantage l’émotion de l’exilé qui ne veut pas élever sa plainte comme si la neige la feutrait de son silence.

    Le recueil Vents est l’épopée cosmogonique d’une force naturelle. Les vents façonnent et animent l’univers. Le poète s’en fait le chroniqueur. Ce poème cosmique met en jeu la double épopée des forces naturelles et des forces spirituelles.

    Le recueil Amers vaste poème en trois volets : Invocation- Strophe- Chœur – accompagnés d’une Dédicace, donne à l’épopée un nouvel essor.  L’homme étant réconcilié avec ses désirs s’ouvre au souffle du large, et devant l’ampleur du mouvement. Toute la poésie de SAINT-JOHN PERSE est mouvement.

    Avec Chronique, dans un chant plus intime le poète revient à l’homme lui-même, dans son honneur et sa précarité.  Le chant plus intériorisé, plus concentré, apporte l’apaisement d’une pensée frémissante et ouverte.

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     Lundi 25 février 2008  -Jacques BREL, Il nous faut regarder :

     Chanteur, poète, compositeur, il transcendait ses interprétations en vivant sur scène ses colères, ses amours, ou ses déceptions comme l’aurait fait un grand tragédien. Aucun mot n’est trop fort pour décrire ce que son corps dégingandé, aux bras interminables, son visage parfois déformé à force d’expressivité, peuvent encore aujourd’hui, faire éprouver aux nouvelles générations qui le découvriront.

    Quelques citations de BREL :

     « Je hais la prudence, elle ne vous mène à rien.

     Il y en a qui ont le cœur si large qu’on y entre sans frapper. Il y a qui ont le cœur si  frêle qu’on le brise d’un doigt.

     Mais tu n’es pas le Bon Dieu, toi. Tu es beaucoup mieux, tu es un homme.

     Aimer jusqu’à la déchirure,

     Aimer même trop, même mal,

     Tenter sans force et sans armure

     D’atteindre l’inaccessible étoile…

     Je hais tout ce qui est soumis. Je déteste l’homme assis. »

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     Lundi 3 mars 2008  -Arthur RIMBAUD, L’alchimie du Verbe :

    « À moi. L'histoire d'une de mes folies.

    Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.

    J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.

    Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de mœurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.

    J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.

    Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges. »

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    Lundi 10 mars 2008  -Charles BAUDELAIRE, Les tourments de l’âme : 

     

    « SPLEEN IV                                                                

     

     Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
       Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
       Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
       Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

       Quand la terre est changée en un cachot humide,
       Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
       S'en va battant les murs de son aile timide
       Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

       Quand la pluie étalant ses immenses traînées
       D'une vaste prison imite les barreaux,
       Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
       Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

       Des cloches tout à coup sautent avec furie
       Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
       Ainsi que des esprits errants et sans patrie
       Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

       - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
       Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
       Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
       Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. »

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     Lundi 17 mars 2008  -Claude MONET, Impression soleil levant :

     MONET raconte : « Je ne pouvais pas vraiment l’intituler Vue du Havre, aussi ai-je dit : Mettez Impression ». En voyant ce tableau le critique d’art Louis LEROY s’écria : « Que représente cette toile ? Impression, soleil levant… Impression j’en étais sûr. Je me disais aussi, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans. » De cette plaisanterie naît le sobriquet impressionnisme. Ce tableau est considéré comme le point de départ de l’Impressionnisme.

    La composition de ce tableau de MONET se caractérise par l'horizontalité du paysage et le partage de l’image en tiers, le tiers supérieur étant consacré au ciel et les deux tiers inférieurs au port et à la mer. Tout est esquissé, il n’y a aucun détail, les silhouettes des bateaux se détachent à peine du reste du tableau, baigné dans le flou de l'atmosphère du grand port. Ce sont les effets de l’air, de l’eau, de la lumière et des reflets qui intéressent MONET. Ils sont le réel sujet du tableau. Les variations de tous ces éléments, fugitives, sont saisies dans l’instant par le peintre. Il pose la peinture sur la toile par petites touches de couleur parfois épaisses (empâtements). Elles se mélangent directement sur la toile par juxtaposition, côte-à-côte, et non plus sur la palette comme le faisaient les peintres avant lui. Ainsi, à distance, l’œil mélange lui-même les couleurs : c’est le mélange « optique ». Monet peignait dehors, d’après nature, pour mieux s’imprégner de l’atmosphère du paysage.

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     Lundi 24 mars 2008   -TCHAÏKOVSKI, L’âme russe :

     La plupart des critiques musicaux ont décrit le compositeur Piotr Ilich TCHAÏKOVSKI comme un être hypersensible et tourmenté, en proie à un déchirement intérieur permanent et qui ne connut jamais la sérénité. Il porte en lui les tentations, les espoirs, les échecs, la nostalgie de pureté qu’il prête aux personnages de ses opéras et de ses ballets et malheureusement aucun succès ni honneur ne purent jamais l’apaiser.

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     Lundi 31 mars 2008  -Rabindranath TAGORE, Poète du Bengale :

     Doué d’une vitalité débordante TAGORE héberge dans son cœur la révolte et l’impétuosité du Bengali. Il participe activement aux manifestations contre le partage du Bengale et il compose des chants patriotiques. Dans ses poèmes que dans sa vie, il dénonce aussi bien : « Celui qui commet l’injustice et celui qui la tolère. »

    Sa grande sérénité lui confère une rare grandeur. Pour lui la mort n’a pas de mystère. Il ne fuit pas la souffrance. Parmi ses chants qui inspirent courage à GANDHI, je note : « Cet encens que je suis ne dégage pas de parfum sans qu’on le brûle, cette lampe que je suis n’émane pas de lumière sans qu’on l’allume. »

    En 1913, il obtient le Prix Nobel de littérature. TAGORE possède le ton de convertir la souffrance en joie. Dans la plupart de ses écrits il veut découvrir son Dieu de beauté dans la nature, dans le corps, dans la pensée, dans la parole et dans l’acte, et il veut imposer à la vie une transformation pour qu’elle devienne belle dans sa totalité.

    Dans son livre SÂHANÂ, on trouve toute la pensée de TAGORE. Il écrit en particulier : « D’un certain point de vue l’homme de science sait que le monde n’est pas seulement ce que nos sens perçoivent. Il sait que la terre et l’eau sont en réalité le jeu de forces qui se manifestent à nous comme terre et comme eau, sans que nous puissions nous l’expliquer. De même, l’homme pour qui la vision spirituelle s’est ouverte sait que l’ultime vérité de la terre et de l’eau réside dans notre appréhension de la volonté éternelle qui œuvre dans le temps et prend forme dans les forces qui revêtent pour nous ces aspects. Et ce n’est pas uniquement de la connaissance, comme l’est la science, c’est une perception de l’âme par l’âme. Cela ne nous confère pas un pouvoir, comme le fait la connaissance,  mais cela nous donne de la joie… L’homme que la connaissance du monde ne conduit pas plus loin que ne peut le faire la science ne comprendra jamais ce que l’homme doué de vision spirituelle peut trouver dans ces phénomènes naturels. Pour ce dernier, l’eau ne lave pas seulement ses membres, elle purifie son cœur car elle touche son âme. La terre ne soutient pas seulement son corps, mais elle réjouit son esprit, car le toucher est plus qu’un contact matériel, c’est une présence vivante. Lorsqu’un homme ne se rend pas compte de sa parenté avec le monde, il vit dans une prison dont les murs lui sont hostiles. Lorsqu’il trouve en toutes choses l’esprit éternel, il est émancipé, car il découvre alors la pleine signification du monde où il est né ; il se trouve dans la vérité parfaite, et son harmonie avec l’univers est assurée. »

     

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