• Poèmes*8*

     

     

    Poèmes*7*

     

     

    Je parle d’un pays lointain 

    Je parle d’un pays lointain où la neige se pose en douceur  

    Avant que le printemps ne ravive les couleurs 

    Pour préparer le flamboiement de l’été  

    Et les tableaux mordorés de l’automne contemplatif. 

     

    Le temps capte la symphonie de la sève  

    Pendant que le vent joue de diverses flûtes. 

    Le rose se met dans la transhumance des nuages.  

    Un fil mystérieux fait le lien entre la danse de la pierre et la voix de l’étoile. 

     

    Il y a cette lumière de la lune qui s’ouvre sur les pages de l’impossible 

    Pour animer un lac miroitant et un théâtre d’ombres. 

    On balance les choses dans une chambre étroite 

    Où s’agglutinent des masques et des mosaïques sans ciselure. 

     

    Sur les hauts des portes la poussière est toujours présente. 

    De la bouche sort un alphabet pour brouiller une alchimie de désir. 

    Le soleil se pose sur la falaise et regarde impassible les vaguelettes qui balbutient. 

    La mer ondule. Elle trace un cap imaginaire sur le visage de la brise. 

     

    Dans les méandres imparfaits la chanson noire 

    Déroule une triste procession sans fin parmi la crinière nocturne 

    Où dort la trame des jours tout proche du promontoire 

    Au-dessus des pierres blanches qui tentent d’écraser des ombres. 

     

    La pensée écoute le glissement du cœur vers les arbres en fleurs 

    Pour célébrer les humeurs qui pétrissent les broderies de l’aube. 

    Les mots grossissent dans le sillage des mains avides 

    Pour emprunter les grands vaisseaux porteurs de sel et de limon. 

     

     Mas du Gua 5 décembre 2015 

    Poèmes*8*

     

     

     

     

    Parmi les feuilles de la nuit 

     Parmi les feuilles de la nuit j’ai respiré ton parfum avant d’ébouriffer ta chevelure. 

    Alors j’ai fait danser les mots dans la mosaïque des rêves. 

    La lune nous baignait d’une lumière caressante 

    Puis elle portait nos âmes dans une course infinie sur les chemins de feu. 

     

    Les grandes orgues du vent jouaient sous les paupières des songes 

    Dans l’odeur des herbes sauvages et l’éclat noir des lettres essoufflées. 

    Notre amour incandescent se reflétait dans un miroir pour donner  

    Une pluie de baisers dans la lente marée des heures au bord de l’océan. 

     

    Nos ombres s’étiraient sur les dunes dans des voiles rouges 

    En maquillant nos lèvres pour faire oublier le jour et son foin de sel. 

    Nos têtes penchées buvaient l’écume de la vie pendant que nos mains 

    Ecartaient des nœuds de fièvre pour enfin connaître l’amour extrême. 

     Montpellier 23 décembre 2015 

    . Poèmes*8*

     

    La montée vers les neiges éternelles 

    C’est en gravissant les pentes de l’ANNAPURNA, que je me mets à être plus attentif aux messages du cœur. Il me semble avoir perdu une vraie richesse : 

       Faute de temps, 

       Faute de regards, 

       Faute d’écoute. 

    Je me suis appauvri un peu plus chaque jour. Je ne donne plus assez. 

    Maintenant à environ 6000 mètres d’altitude, je tente de développer une harmonie. 

    Cette harmonie se traduit par l’ouverture, la rigueur, le courage, l’endurance, l’engagement et l’humilité. Je pars en quête de … moi. 

    J’entreprends un grand et long voyage vers des contrées inexplorées de mon monde intérieur. 

    Mais pour atteindre cette harmonie, je dois d’abord déblayer, éliminer l’inutile et le superflu. 

    Au cours de ce voyage intérieur, les épreuves vont se multiplier. 

    Il me vient en mémoire les mots de SAINT-JEAN de la CROIX : « Si un homme veut être sûr de son chemin, qu’il ferme les yeux et marche dans l’obscurité. » 

    La réalisation bien sûr, réside dans la pratique. 

    Je confirme que ce qui compte dans l’effort, c’est avant tout l’action, plutôt que le résultat. 

    Toute notre vie n’est que projection de nos rêves. 

    Je crois que la méditation permet d’entrer en relation avec une plus large dimension de soi. 

    Il me faut apaiser les ondes qui me parcourent. 

    J’entre dans une sorte d’obscurité. 

    Et là, je me mets à apprendre à déjouer les pièges que mes envies m’avaient placés en travers de moi : 

    L’impatience, 

    Le découragement, 

    L’orgueil, 

    Le désir de posséder… 

    Je n’étais pas libre, mais simplement j’étais devenu dépendant de tout et de rien. 

    Connaître une chose et en vivre une autre est une erreur. Je dirai même un contresens. 

    L’erreur, c’est peut-être de chercher toujours à jeter un pont entre ce qui est et ce qui devrait être, et par-là sans doute nous donnons naissance à un état de contradiction et de conflit où se perdent sûrement toutes les énergies. 

    Dans cette ascension environnée de neige éternelle, j’apprends à connaître mes émotions, à les gérer et si possible à les canaliser. 

    Il me semble que c’est un passage obligé. 

    Parce qu’avant tout, il faut savoir déjouer les apparences. 

    BOUDDHA disait : 

    C’est par la foi que l’on peut traverser les courants. 

    C’est en faisant diligence que l’on franchit l’océan. 

    C’est par l’énergie que l’on peut rejeter la souffrance. 

    Et, c’est par la sagesse que l’on obtient la pureté. 

     

    Chacun suit son chemin. Le mien se compose :  

       De fragments, 

       De débris d’œuvres, 

       De poèmes non menés à terme, 

    Mais qui sont liés : 

       Par le drame intime, 

       Les dévoiements, 

       Les conversations manquées, 

       Les recherches de la raison, 

       Les chutes, 

       La nuit, 

       Les yeux vers les étoiles, 

       La force du sol. 

    J’ai essayé : 

       D’inventer de nouvelles couleurs, 

       De créer de nouveaux visages, 

       D’habiller la vie de musique audacieuse. 

    J’ai cru : 

       Posséder des visions,     

       Des pouvoirs arabesques. 

    J’ai fini par enterrer : 

       Ces séquences de vie, 

       Ces rires futuristes, 

       Ces nouvelles langues. 

    J’ai goûté à l’alchimie du Verbe, cher à RIMBAUD. 

    J’ai évoqué : 

       La confidence amoureuse, 

       Les saisons de l’âme, 

       Les oiseaux de la nuit, 

       Les différents domaines de la sensibilité 

       Et les éclats métalliques du ciel. 

    J’ai porté en moi bien longtemps, les contradictions politiques et philosophiques. 

    Maintenant en pleine ascension, je vis intérieurement. 

    Le soleil s’étale dans la neige qui par endroit fume. 

    Quelques rochers craquent. D’autres roulent sans fin. 

    Des bruits vibrent, rebondissent et s’amplifient. 

    Mon environnement est peuplé de mille vies présentes et futures. 

    J’ai l’impression que je fais unité. 

     

    La poésie devient un instrument de connaissance. 

    Elle est source de méditation et de réflexion. 

    Elle devient un moyen d’explorer l’inconscient. 

    Charles BAUDELAIRE, écrivait : 

    La nature est un temple où des vivants piliers 

    Laissent parfois sortir de confuses paroles ; 

    L’homme y passe à travers des forêts de symboles 

    Qui l’observent avec des regards familiers.  

    Car comme dit si bien le poète : 

      Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. 

     

    Pour Victor HUGO : « tout a droit de cité en poésie. » 

    C’est affirmer l’absolue liberté du poète, à qui aucun sujet n’est interdit. 

    C’est aussi faire sortir la poésie des domaines du sentiment et du rêve. 

    La poésie est une aventure toujours renouvelée. 

    Elle est une quête de l’absolu. Cet absolu est sans bornes et sans fin. 

    C’est en venant en ASIE, au cœur même de l’HIMALAYA, que j’ai compris la signification du mot méditation. 

    Car si méditer pour un occidental, signifie utiliser sa pensée au repos, de s’ouvrir à son espace intérieur, et en intégrant en soi le Tout Universel, d’en laisser émerger les grandes vérités et les grands principes de la vie. 

    Il ne faut pas se disperser entre le passé et le futur. 

    Il faut vivre le présent intensément. Il faut goûter cette qualité d’être avec la totale disponibilité de soi. 

    Il me semble aussi que le sens du divin est facteur d’ouverture, de transformation et de croissance. 

    DHAMMAPADA, penseur indien disait : « Nos pensées actuelles façonnent notre vie de demain ; notre vie est la création de notre esprit. » 

    L’ANNAPURNA se dresse vers le ciel. Quelques nuages s’écrasent contre sa paroi. 

    Dans ce site grandiose, il  y a des présences. 

    Auprès de nous, au fond de nous, partout il y a des présences. 

    Et derrière ces présences existent des secrets. 

    Mais ces secrets eux-mêmes ne sont que l’environnement obscur des âmes. 

    Comment atteindre ces âmes sans détruire les présences, sans violer les secrets ? 

    Comment communiquer avec le cœur du monde ? 

    Au contact des plantes, l’homme participe à l’innocence végétale. 

    Il interprète le langage du sol et communique par-là avec le cosmos. 

    L’arbre occupe une situation privilégiée. 

    Il semble présider aux fastes de la nature. Il en résume le cycle éternel par sa longévité et sa masse. 

    Il est un pilier de communication entre deux mondes. 

    Il est un symbole de pérennité. 

    Assemblés, les arbres forment bois et forêts, massifs et futaies. Ils deviennent des lieux de recueillement où la solitude et le silence acquièrent une extraordinaire concentration. 

    A l’opposé de la forêt obscure et sauvage qui suscite parfois appréhension et crainte, se trouvent le jardin et le verger : aires apprivoisées et lumineuses. 

    Le jardin et le verger situés auprès des hommes entretiennent avec eux un rapport amical et comme symbiotique. 

    Ils sont des enclos d’innocence, des domaines d’amour. 

    Il existe un autre jardin : le jardin intérieur en quête de lumière. 

    Ce jardin intérieur est un espace du cœur enclos dans des limites bien précises. 

    Il est riche en contenus psychiques. 

    Il se situe presque en lisière de notre mémoire. 

    Il est l’espace vibratoire de notre âme. 

    Il est un signe de fécondité. 

    La quête de lumière : 

       C’est être attentif aux messages du cœur. 

       C’est être à l’écoute de soi et de l’autre. 

       C’est tenter d’intégrer les contraires. 

     

    Peu à peu les bruits qui m’entourent, se taisent. 

    Un silence m’enveloppe. 

    J’ai franchi de nombreuses étapes par la marche et par l’esprit. 

    J’abandonne mon ego. 

     

    Le temps  de la communion est venu, avec ce qui nous touche au plus subtil, au plus impalpable. 

    Cet abandon du corps et de l’esprit, me permet d’entrer avec le suprême. 

    J’entre dans un espace infini où tout existe, naît et disparaît. 

    Un espace que je ne peux ni voir, ni toucher, ni sentir, ni entendre. 

    Il est au-delà de toute dimension. 

    Certains le nomment Dieu et si l’on y atteint, il nous renvoie à l’homme et là où est l’homme on y rencontre Dieu. 

    Dans de nombreuses traditions, la progression spirituelle de l’homme est symbolisée par l’ascension d’une montagne. 

    Un arc-en-ciel immense vient d’apparaître. Il semble relier la terre au ciel. 

    Pour certaines religions il est un symbole puissant de la communication entre les hommes et les dieux. 

    Dans la tradition chrétienne, il symbolise le pardon divin et l’alliance conclue entre Dieu et l’humanité, parce qu’il est apparu à Noé à la fin du déluge, après que l’arche contenant deux représentants de toutes les espèces vivantes, s’échoua sur la terre ferme.  

    En regardant avec émotion ce superbe arc-en-ciel, je me souviens de la signification des sept couleurs de l’arc-en-ciel. 

    Il représente pour les chrétiens les sept dons du Saint-Esprit à l’Eglise : 

        Les sacrements, 

    La doctrine, 

    L’office, 

    Le gouvernement, 

    La prière, 

    La capacité de lier 

    Et celle de délier. 

    Et c’est en pensant au poète Luc ESTANG, qui écrivait : 

    Regarde les nouveaux pâturages du ciel 

    Pleines de sautes de vent avec ces longs appels 

    Que porte jusqu’en nous l’odeur des transhumances : 

    C’est une autre saison de l’âme qui commence. 

    Que je tourne la page de mon Carnet de Promeneur. 

     

     Pokhara (Népal) avril 1977  

     Poèmes*8*

     

     

     


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