• Poèmes *5*

     

     

     

    Poèmes *5*

     

     

    LA VOIX DANS LA NUIT (Les corolles du temps)


    La voix dans la nuit dit :
    Qu’il manque des étoiles au ciel
    Et que la lune boude le soleil.

    Etrange préambule parmi les échos lointains
    Où le chant des âmes en purgatoire
    Vient effleurer les pleurs des vivants.

    Ecoulement du temps sur les rives indolentes
    Des mystérieuses rencontres et des élans inattendus
    Vers un foyer où les flammes lèchent des noires pensées.

    La voix dans la nuit dit :
    Que l’évangile abreuve les consciences,
    Le long des quatre dimanches de l’avent.

    Que croire dans le déroulement des cérémonies nocturnes,
    Où les parfums d’encens troublent les regards.
    Ils invitent à marcher sur les chemins de la double alliance.

    Il est un moment où quelques couleurs vives
    Interrogent l’orient et ces multiples croisades
    Pour déposer sur l’autel les dernières certitudes.

    La voix dans la nuit dit :
    Qu’il faut sonder sa puissance intérieure
    Tout proche des urnes de la mort.

    Il faut se dire que le moindre fragment de l’univers
    Contient un message sacré et qu’il ne peut se dévoiler
    Que dans la nuit obscure de l’esprit.

    Une voix étrange sort de l’être
    Pour élargir le cercle de l’imagination.
    Elle appelle de nouvelles nourritures.

    Cette voix dans la nuit
    Marie le bien et le mal
    Pour exhaler son alchimie secrète.

    Et cette voix dans la nuit dit :
    Qu’il faut être rebelle
    A l’endoctrinement et à la pensée unique.

    Il ne faut pas tuer la passion,
    Ni ne mépriser le délire.
    Il faut seulement chercher une sœur à son âme.
    Une voix dans la nuit
    Te parle de sève et d’argile nouvelle
    Au seuil des ondes humaines.


    Chapelle SAINT-MARTIN 15 février 2015

     

    Poèmes *5*

     

    Feuilles de route sur la chevelure des vagues

    La lumière du jour tend sa joue au baiser nocturne.
    Des livres s’ouvrent de chapitre en chapitre.
    Les mots s’animent à la phrase incisive.

    Je suis le gardien des horizons.
    Je bois toutes les brumes
    Les nuits de pleine lune quand les loups hurlent.

    Le vent porte les semences des fleurs
    Dans les veines fécondes du printemps.
    Il caresse les pierres rouges et le clocher silencieux.

    Je hisse les voiles.
    Je fais un salut au ciel.
    Cap sur les îles isolées de l’inconnu.

    La lune en secret peigne
    La venue de la nuit et les cercles de la solitude
    Parmi les petites voix sans méfiance.

    Dans le vol nocturne des mouettes
    Je ne vois pas la parade des astres.
    Seulement je devine la profusion des coquelicots écarlates.

    Il y a toutes ses figures sans mémoire
    Qui brûlent le cœur des ombres
    Sur la dernière courbe des larmes.

    Les visages de l’océan
    Sur la chevelure des vagues
    Mordent l’eau noire.

    Je suis brut,
    Entouré d’une écorce torturée
    Et martelée par les rafales de vent sauvage.

    Je converse dans un alphabet sur l’image et ses métamorphoses.
    Les échos lointains des paroles en héritage,
    Habillent toujours les pièces silencieuses.

    Mas du Gua 1 mars 2015

     

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    Temps de pierre


    Temps de pierre
    Dans le long cheminement de la chaussée des géants.
    Le granite résonne des litanies sans fin
    Venues du plus profond de l’humanité.

    Temps de marbre
    Dont l’écriture tombale donne du relief à l’histoire
    Sans cesse des générations renouvelées.

    Temps de prière
    Dans l’accomplissement des derniers adieux
    Parmi les fleurs artificielles et les plaques en partie effacées.

    Temps hors du temps
    Où les voiles du passé dansent à l’ombre des vieux chênes
    Dans un étrange manoir tout couvert de brume.

    Temps porte du présent
    Dans la ronde des fleurs dans un champ dentelé
    Parcouru par des rigoles trop argileuses.

    Temps de nuit
    Où les saveurs mélangées à des rêves
    Goûtent les mots désarticulés par des pas perdus.

    Temps qui suit
    Le long corridor aux portes innombrables
    Pour trouver la fenêtre qui donne sur le grain des mots.


    Montpellier 18 avril 2015

     

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    Dans le langage voilé des livres


    Dans le langage voilé des livres, l’alchimie des mots déchirent les ombres
    Pour cueillir les phrases dorées célébrant le haut savoir.
    Au fond du jardin silencieux, les fleurs printanières s’ouvrent
    Sous la lente caresse du vent venu d’au-delà des collines.

    J’ai vu dans le regard du faiseur de temps, les rides s’élargir
    Dans le tumulte des longues nuits où tous les tourments
    Se retrouvent au carrefour d’un théâtre brouillon.
    Où les mots jonglent dans des figures acrobatiques invraisemblables.

    La peur traîne dans un long couloir peuplé de tableaux archaïques.
    Elle porte une étrange robe noire et des souliers crochus.
    Tout parle d’une histoire hors du temps où les épisodes
    Suivent un cheminement parmi les enluminures et les sombres cloîtres.

    Les branches des saules effleurent l’onde. Elles viennent bercer les rives
    Au gré des murmures de la nature qui s’allongent sous les ombres dansantes.
    Promenade dans l’univers secret des mystères tracés sous la pleine lune
    Et les signes étranges qui peuplent des cercles de pierre.

    Sur l’autel recouvert d’une nappe blanche, le calice et le ciboire
    Après le credo et le confiteor préparent la communion
    Dans l’union d’un Notre Père comme une supplique
    Lancée dans l’élévation qui embrase les vitraux et la parfaite rosace.

    Sur le parvis où les nobles pensées s’échangent comme dans de pacifique moment de vie,
    Les voix empruntent un nouveau langage avec quelques hésitations.
    Une sorte de procession prend naissance pour faire oublier
    Les épîtres qui sermonnent les faces cachées et les regards frileux.

    Je marche dans le damier journalier où le soleil projette sans aucune retenue
    Des jets de lumière pour troubler les élans dévoreurs d’espace
    Où s’agglutinent les tableaux familiers dans une bibliothèque pleine d’anticipation.
    Le chant seulement répond dans les phases intimes de l’inattendu moi profond.

    Paris Jardin des Plantes 25 avril 2015

     

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    Les mains de Notre-Dame de Bon Secours
    A Ma mère,

     20 août 1915, c’est le jour de mon anniversaire : j’ai 20 ans- 

    Je suis toujours en enfer sur la côte 304 près de Verdun.
    Mère tu ne dois pas croire ce que disent les journaux et les radios.
    Ils sont nombreux les soldats qui tombent face contre terre
    Dans l’herbe chaude de l’été. On dirait par endroit un champ de coquelicots.
    Il y a des mouches partout. Les visages des morts sont teintés d’effroi.

    Ce matin un obus est tombé près de moi, j’ai été en partie couvert de terre.
    Mon camarade tirailleur sénégalais a disparu sous l’explosion.
    Sur le bord du trou j’ai retrouvé ses doigts bien alignés
    Mais au fond du trou c’était de la chair à pâtée d’homme.
    J’ai ramassé ses doigts pour sa veuve qui l’attend du côté de la Casamance.
    On continue sans arrêt à tirer des obus. Je porte les mains à mes oreilles.

    Parfois on trouve le mot pour rire, même au milieu des cadavres
    Et dans le râle des mourants, avant de monter à l’assaut de la tranchée ennemie.
    Je cours au milieu des gerbes de feu et des miaulements de balles.
    Mère je ne trouve plus les mots pour décrire les images qui se bousculent dans ma tête.
    Je suis un miraculé mais je n’ai pas le temps d’écrire des mots d’amour
    Parce que le chant des douleurs plane longuement sur les barbelés.

    Je n’ai plus peur maintenant que je suis gavé de gnôle.
    Seulement il y a davantage de bruit dans ma tête.
    J’ai arrêté de prier le bon dieu parce que tout simplement je suis déjà en enfer.
    Le feu est partout et la mort fait sans cesse sa récolte.
    Mère je te parle franchement parce qu’il faut dire que la guerre est terrible
    Et puis tu m’as toujours enseigné à dire la vérité.

    Mère malgré tout je sais que tu iras à la Chapelle de Bon Secours
    Prier Notre Dame en récitant un chapelet et prononcer des paroles d’amour.
    Tes mains se joindront longtemps et s’élèveront vers le beau vitrail
    Où le soleil entre en flots dans un étalement lumineux.
    Mère je veux te dire combien je t’aime. J’ai écrit dans un coin de la tranchée
    Ton prénom à l’aide d’une douille encore brûlante.


    Chapelle Saint-Martin 17 mai 2015

     

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    Il y a les teinturiers de la lune


    Dans le soir qui s’annonce déjà les pensées secrètes prennent rang
    Pour entrer dans les longs couloirs de la nuit.
    Tout partage n’est qu’une solitude aux portes de corne et de brume.
    Il y a les teinturiers de la lune qui cherchent l’élixir d’éternité.

    L’arrivée du jour avec ses bruits familiers libère les angoisses nocturnes.
    Les heures s’emplissent de cris joyeux.
    Dans le ciel les nuages transportent dans un défilé éphémère,
    Des portraits avant-coureurs sous les souffles de vent semeurs de palabres.

    J’ai tendu mes mains à mes frères d’Afrique, d’Asie, d’Amérique
    Mais elles se sont vite recouvertes de sang.
    J’ai tendu mes mains à mes sœurs d’Afrique, d’Asie, d’Amérique
    Elles ont recueilli que des pleurs et des douloureux récits de viol.

    Le monde se maquille de servitude et dresse des barbelés.
    Chant du monde fou sur les trottoirs du crépuscule.
    Il y a la danse du diable et le chien qui rit sous un ciel de cendres.
    Les visages tuméfiés portent des douloureux secrets.

    J’ai longé dans des villes silencieuses des longs couloirs bordés
    De chambres où il n’y avait personne à l’intérieur.
    Pas d’objets sur les étagères, ni de penderie colorée.
    Aux murs quelques dessins habillent des mots trop vite abrégés.

    Etrange musique que celle qui émane d’un cœur blessé
    Après une lecture d’une lettre où les phrases paraphent un adieu.
    L’écriture scie le souvenir dans une encre dilatée.
    Les larmes finissent par s’étaler dans un lamento madrigal.

    Parmi les chemins lunaires, les voix traduisent des incantations
    Aux sources des bruits lointains et des étranges échos
    Qui raisonnent sur les pierres rondes et sur les bordures des falaises.
    Les traces sont là. Elles témoignent de la pesanteur du chant.

     Chapelle Saint-Martin 26 mai 2015

     

     Poèmes *5*

      

    Je viens de quitter un horizon enténébré


    Je viens de quitter un horizon enténébré en compagnie des cris stridents
    Des oiseaux marins pour retrouver après quelques courses désordonnées
    Les solitudes calmes des régions inconnues de la mer sous une nouvelle lune.
    Je ne regarde plus en arrière et je n’écoute plus le clapotis.

    Du domaine des murmures jusqu’aux sentiers de l’exil,
    Le beau temps se situe entre la neige noire et les folles espérances.
    Toute personne qui tombe a des ailes quel que soit le chemin des falaises.
    L’art de la fugue s’élève parmi la transparence et les miroitements.

    Le soleil qui décline laisse entendre le discours d’un arbre sur la fragilité des hommes.
    La brise module l’ombre et les douces sonorités dans le flot des odeurs.
    L’inconnu est là à la pointe de l’aube parmi les voiles blanches
    Dans l’attente du verdissement des paroles et des lauriers roses.

     Montpellier 24 août 2015

    Poèmes *5*

     

     

     La solitude est là


    La solitude est là avec son carnet de bord et ses grandes majuscules parfois délavées.
    Un regard qui balaye l’horizon et qui cherche l’âme obscure parmi la canopée.
    Toute couleur nuance l’intensité du Verbe. Elle trace les bordures du temps retrouvé.
    Elle affiche souvent les rendez-vous avortés et les rires complices.

    La solitude quand elle côtoie la nature elle vous imprègne de ses métamorphoses
    Qui appartiennent à l’élémentaire, aux forces telluriques et au règne sauvage.
    Tout souvenir se fait testamentaire sur les ondes murmurantes d’un passé reculé.
    Elle se fait porteuse de messages des mondes antérieurs et des lointaines rumeurs.

    La solitude aussi s’abreuve de la terre nourricière et de la science du beau.
    Elle vous guide vers le courant naturel des choses et les nervures de notre musique intérieure.
    Elle s’ouvre aux saisons dans l’écume infinie qui attend la nuit et ses ombres.
    Elle tente de recoudre les blessures de la mémoire sur la crête naissante du jour.

    La solitude se fait l’écho du tumulte des eaux argileuses parmi les heures étoilées.
    Elle absorbe avec des blancs mouchoirs des légères traces de sueur.
    Elle vous invite à boire la rosée lactescente des matins vaporeux
    Et à écouter les vents contraires qui se croisent dans des ciels enrubannés de soie.

    La solitude hume les odeurs des lieux oubliés et des papiers égarés.
    Elle nous parle des nourritures frugales fécondes et des images intimes
    En caressant les broderies secrètes qui enluminent les bontés de la vie.
    Elle nomadise dans les corolles et les étreintes du temps.

     Saint-Mathieu de Tréviers 4 octobre 2015

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