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    MUSIQUE

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    Poèmes :

    Poèmes :

     

     

    Choix de poèmes du recueil "L’aube du long voyage" :

     

    Dans les longues errances de mes nuits blanches


    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    Je dépouille le monde et je l’habille de mille regards.
    Je dessine d’infinies particules de vie et des vertes années.
    Je fais onduler les voix comme des longs échos rituels.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    Je cherche l’argile matrice et le vent semeur.
    Je bâtis des offertoires et des autels sur les chemins de transhumance.
    Sur les hauteurs, j’élève des tourelles de feu.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    Je navigue parmi les herbes folles et les fruits défendus.
    Je traîne des heures dénaturées et des minutes indécises
    A travers d’étranges icônes et des pensées arlequines.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    Je compose des symphonies baroques et des chants sphériques.
    J’aime les femmes sauvages, envoûtantes et insaisissables,
    Qui poursuivent des brumes ancestrales et des ombres bondissantes.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    J’archive des alphabets imparfaits et des écritures édentées.
    Je collectionne des savoirs oubliés, des croquis inachevés,
    Des noms surprenants et des récits qui se perdent dans la nuit des temps.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    Je peuple l’espace de tribus féroces, de chevaliers au grand cœur,
    De filles de feu, de rites incantatoires et d’obsédantes communions.
    Je parfume les lieux secrets, d’encens et d’odeurs enivrantes.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    Je poursuis sans relâche les courants idéologiques,
    Les peurs éphémères, les beautés perfides et les prophètes diaboliques.
    J’engrange des visions cosmiques, et des partitions planétaires.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    Je croise une panoplie de soleils couchants, d’aubes enchanteresses,
    De lunes féeriques, de traînées laiteuses dans un ciel divinisé.
    Les champs magnétiques décalent parfois les îles sous le vent.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    J’arrime mes songes dans la pesanteur des souffles imprévus.
    Je porte des médailles étoilées, des mystérieuses étoles,
    Des signes surprenants, des vases symboliques et des fragments de mémoire.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    J’alimente une forêt légendaire pleine de buissons ardents.
    Je longe les rives d’un long fleuve miroir où s’égouttent lentement
    Des bouts d’existence, des mots avides et des paroles confessionnelles.

    Dans les longues errances de mes nuits blanches,
    Je ne dors jamais parce que l’étendue des paysages se relève intense,
    Entreprenante et me guide parmi un amoncellement d’images irisées.
    Je marche toujours, comme un quêteur assoiffé d’absolu.


    MONTPELLIER
    17 février 2007

     

    Poèmes :

     

     

     

     L'aube des temps

    Les mots font naître des printemps et des nuits de mystère.
    Ils cherchent les couleurs apaisantes et nous donnent du rêve et de la beauté.
    Ils nous dévoilent aussi la douleur du monde et la vie bourrée de contradictions.

    Parfois, j’écris des choses douces ou des folies passagères.
    Je vois des terrasses inondées de lumière et de secrets,
    Dans des maisons vastes et remplies qui portent fièrement le temps.
    Je dessine des jours sans nuage, un vol d’oiseaux dans le crépuscule,
    Un chant lyrique qui monte vers le ciel plein de larmes heureuses.

    Les mots raniment les passions pour nous conter l’histoire des clandestins de l’amour
    Et les naufragés du feu. Ils réveillent le cœur des absents.
    Ils portent les cris de l’amour infini et font danser les étoiles.
    Je sens des lourds silences, des illusions pathétiques,
    Et la vie qui se promène avec la mort en bandoulière.

    Des choses impossibles et des textes illisibles brûlent les yeux et assèchent la bouche.
    Je vois la rosée et les laves qui coulent sur les pierres noires,
    L’écume infinie qui attend la nuit et ses ombres,
    L’érosion du verbe qui s’enroule dans un linceul de sang,
    Les murs noirs de la souffrance et de l’exil cachent les sales servitudes.

    Chaque mot alimente la braise et réchauffe les solitudes.
    Il s’accroche aux fibres de la mort. Il tente de recoudre les blessures de la mémoire.
    Le mot permet de dire la douceur du miel, le parfum des olives,
    Le sucré des figues, le jus délicieux des oranges amères.
    Il caresse la fragrance des fleurs et l’eau de l’enfance.

    Dans des phrases errantes, les mots hurlent des litanies absurdes,
    Expulsent des vertus incendiaires, lapident des statues molles.
    Les mots archivent les méandres indignes et les peurs ancestrales.
    Ils ébouriffent les ombres trop platinées du quotidien et les sentiments empruntés.
    Ils nous laissent dans l’obscure énigme des voix lointaines et des murmures rougissants.

    On sort de la nuit profonde, en longeant les matins vaporeux,
    Dans des attentes indécises et des fusions verbales et imagées.
    Les mots se frottent dans les palpitements de la vie avec des retenues inutiles,
    Et viennent à la longue embrasser les rides bleutées du ciel saisonnier.
    Les mots équivoques tremblent dans la nudité de leurs limites.

    J’étire le mot au maximum pour lui donner sa vraie nature,
    Et lui éviter son double langage obsessionnel et un verbe impersonnel.
    Les mots conjuguent les savoirs, marient les voix, dévoilent les paysages de l’âme,
    Etrennent les géographies familiales, et dispensent çà et là des récits apocryphes.
    Les mots ont un visage, une identité, donnent des paroles liées et consommées.

    Les mots ont une démarche, un itinéraire, un objectif. Ils définissent des territoires.
    Avec les mots, je peux ouvrir la page de mes faiblesses, de mes insuffisances, de mes illusions.
    Les mots tracent une source dans nos veines et sèment dans l’argile.
    Ils deviennent des offrandes à l’aube du cœur silencieux.
    Ils brûlent les idoles et font surgir la lumière des hommes.

    Les mots voyagent souvent dans l’extrême douceur des choses ou vers les bûchers de lumière.
    Ils prennent des voiles de pudeur ou des flots ivres de la nuit,
    Et vont déployer leurs ailes dans la forêt des miroirs.
    Les mots ont un corps qui se déplie lentement dans le pli rude de la nostalgie.
    Ils font aussi les moissons et vendent parfois du sable.

    Les mots grandissent et font de la musique, quand on les secoue.
    Ils deviennent des livres ouverts sur les genoux de la nuit.
    Ils étreignent le vent et la poussière. Ils attendent la caravane des épices et des parfums.
    Les mots apprennent à voir et captent les traces des volontés souveraines.
    Les mots circulent entre les mémoires et les livres, investissent les langues et traduisent les silences.


    TARBES
    30 mars 2007

     

     Poèmes :

     

     

     Le long voyage

    Souviens-toi, que dans le voyage la distance est illusion
    Parce que le temps échappe à nos horizons.
    L’esprit se laisse emporter facilement par la torpeur du monde,
    Ses bruits dérisoires, ses fureurs passagères et grandiloquentes.

    Souviens-toi, que parfois dans tes rêves diaphanes,
    Tu crois entendre un appel et tu vois poindre une lumière irisée.
    Des larmes sans raison tracent sur ton visage une tristesse indéfinie.
    Ton âme aspire à une image originelle de la vie.

    Souviens-toi, que tu fais partie du grand voyage,
    Et à chaque souffle qui émane de ton être,
    Tu te rapproches ou tu t’éloignes de ta propre vérité.
    Tu recherches des lieux autels et des stèles mémoires.

    Souviens-toi, que tu dois accepter les phases de la nuit dans le plus grand silence,
    Parce que dans le ventre obscur de la terre germe le fruit.
    Tu te dévêts de tes souvenirs et tu déverses sur ta blessure
    Un vin frais et pur qui te donne une rosée de saveurs.

    Souviens-toi, que les paroles secrètes ont toujours une source de vie.
    Tu laisses monter la sève de ta prière, du profond de tes racines.
    Tu bois à la coupe de l’éveil. Tu aiguillonnes ton âme sans répit.
    Tu dois laver tes yeux des idoles et des ombres qui s’y agitent.

    Souviens-toi, qu’il te faut te défaire de tes voiles de préoccupation
    Avant de lire à pages ouvertes le livre de ton être.
    Dans le miroir de la nuit, tes blessures intérieures s’imprègnent d’une multitude d’images
    Et elles te font voyager vers ce lieu secret où coïncident les purs regards émergeant du néant.

    Souviens-toi, que tu dois tenter de dissiper ton océan de ténèbres.
    Tu dois chercher les nourritures bénéfiques loin des tentations du paradis.
    Il te faut traverser les mers houleuses de ton âme sans te munir d’un solide vaisseau.
    Tu n’exiges pas de miracles. Tu exposes seulement tes voiles aux vents porteurs.

    Souviens-toi, que tu dois labourer ton champ sans t’inquiéter des nouvelles du ciel.
    Tu ne te fies pas à l’apparence de tes actes. Car c’est l’intention qui les traverse qui y insuffle la vie.
    Saches qu’au-delà de la multitude des formes, seules sont à l’œuvre les qualités de la perfection.
    Il te faut être ce voyageur qui s’élève sur les flancs de la montagne.

    Souviens-toi, que les mots ne sont que le parfum du cœur.
    Ils peuvent être la semence de l’arbre de vie et des puits de lumière.
    Il est impossible pour tout vrai voyageur de rester insensible aux puissances du Verbe,
    Aux enchantements de l’image, aux myriades de vibration que procure la beauté du monde.

    MONTPELLIER
    27 août 2007

     

    Poèmes :

     

     

     

     


    Choix poèmes du recueil  "La rose lactescente des matins vaporeux" :

     

    La palmeraie


    J’écoute le monde dans la douceur d’une palmeraie entourée de sable ocre.
    Le minéral et le végétal vibrent dans la splendeur d’un soleil ardent.
    La nuit, le silence est extraordinaire. Rien ne la trouble.
    La lune semble effleurer les courbes des dunes. Elle fait onduler les ombres.

    Les aubes légèrement humides donnent des aurores incandescentes.
    L’eau des puits, qui coule dans les rigoles de terre des jardins exubérants,
    Donne une constante fraîcheur et des milliers de dattes bien sucrées.
    Je vis au rythme des odeurs florissantes et des herbes grimpantes.

    Ici, le chant des oiseaux glorifie le verger de musique et l’abondance des palmes.
    Le vent aime à caresser les longues feuilles et parfois à ébouriffer les fleurs odorantes.
    Je ne connais pas la solitude, ni les dérives angoissées des matins blêmes.
    Je ne me bâtis pas de futur approximatif. Seulement je regarde pleinement le présent.

    Je respecte quotidiennement la parole et les teintes des mots.
    Tout au long du jour, les couleurs épousent harmonieusement l’érubescence de l’erg.
    Des dromadaires au ventre roux, attendent paisiblement le départ de la caravane.
    Les hommes palabrent sous des tentes bédouines et boivent du thé à la menthe.

    Le Dieu est universel. Il est aussi sur la longue piste accompagnant les méharées.
    Les prières voyagent parmi les bastions volcaniques du Tibesti, les vastes plateaux
    Aux contours érodés, les sillons secs des oueds, et les rares points d’eau permanents.
    Un vent chargé de sable ou de poussière se déploie sur plusieurs milliers de kilomètres.

    Des villes mortes surgissent dans le lointain et des roches patinées par l’évaporation du sel
    Forment d’étranges silhouettes pleines de légendaires aventures et de traces oxydées.
    Quelques rares acacias et maigres buissons piquettent le désert par endroit.
    L’incessant mouvement du sable exhume souvent de mystérieux souvenirs du passé.

    La lumière du crépuscule farde d’un rouge orangé les pinacles de grès du Tibesti.
    Les âmes et les esprits errent dans un chaos surnaturel parmi les flèches de basalte.
    L’air y est tellement sec qu’il permet de distinguer au loin des signes de vie.
    Tout est aussi miroir dans ce désert paré d’une beauté grandiose et indéfinissable.


    MONTPELLIER
    20 septembre 2008
    D’après des notes prises au Sahara.

     

     Poèmes :

     

     


    Terre lointaine

    Je t’écris d’une terre lointaine,
    Où les vents viennent se calmer
    Et où les eaux s’étalent lentement.

    J’ai pour compagnons :
    Des oiseaux de mer, des lézards dorés,
    Des phoques paresseux, des iguanes sentinelles,
    Des crabes musiciens et des tortues curieuses.

    Au large de dauphins espiègles me font souvent signe.

    Je t’écris d’une terre lointaine,
    Où les mots trempent dans l’iode marine
    Et dans le parfum suave des fleurs sauvages.
    La douleur s’efface peu à peu.
    J’ai dit aux rochers qui m’entourent
    Combien les sentiments profonds creusent la vie.

    Je t’écris d’une terre lointaine,
    Où les jours ne se comptent plus
    Parce que les nuits sont trop belles
    Et pleines de poussières d’étoiles.
    Je ne rêve plus. Ici les couleurs sont chaudes et odorantes.

    Je t’écris d’une terre lointaine.
    J’habite dans une large grotte.
    Elle abrite des nids, des peintures primitives et des crânes polis.
    Le passé se dilue dans l’écume.
    Le présent se savoure dans le jus des fruits
    Et dans les odeurs appétissantes des poissons cuits,
    Aux herbes sucrées et aux bois de santal.

    Je t’écris d’une terre lointaine,
    Où aucun drapeau ne flotte.
    Je vois de tout côté l’horizon.
    Tu trouveras, dans la bouteille que je viens de jeter à la mer,
    Des pages oubliées, des phrases étirées, des mots déplacés,
    Des testaments raturés et des cris inutiles.
    Je me suis débarrassé de tout cela.
    Maintenant l’air est plus léger.

    Une île dans le Pacifique Sud.
    26 septembre 2008

     

     Poèmes :

     

     


    Choix de poèmes du recueil  "Les cercles immuables des prairies de l’âme" :

     

    Je suis un voyageur de la nuit

    Je suis un voyageur de la nuit qui marche sur les toiles des songes.
    Je parcours les reliefs des métaphores comme un navigateur sans boussole.
    Dans les couloirs du temps nocturne passent des images métamorphosées
    Qui viennent des lointains recoins de mon âme, et qui étalent des paysages pastel
    Avec parfois de grands halos laiteux baignés d’une aura de mystère.

    Je suis un voyageur de la nuit qui ne compte pas les étoiles mais qui suit
    Lentement la voie lactée, les lueurs spectrales et les éclats lunaires.
    Je parcours les veines profondes des rives du fleuve du temps.
    Dans les cartographies pérennes de la nuitée qui abolit tout,
    Se dessinent les contours des îles désertes et les terres incultes.

    Je suis un voyageur de la nuit qui longe les quais brumeux
    Et les embarcadères où s’entreposent les marchandises tropicales.
    Je parcours des lieux de silence et des havres de l’esprit.
    Je cherche toujours les jalons pierreux qui mènent aux autels reliquaires
    Et aux sillons dorés des moissons qui donneront la nourriture du corps mémorable.

    Je suis un voyageur de la nuit qui cherche les traces des premiers feux,
    Des premières incantations et des premières créations argileuses.
    Je parcours les nuages porteurs de semence et les grands vents talismaniques,
    Les miroirs des limbes, les musées imaginaires et les steppes épineuses.
    J’entends venir les chants de carnaval dans le grand balancement des lanternes.

    Je suis un voyageur de la nuit dans le dédale infini des rêves obsédants,
    Des ébauches rudimentaires, des douleurs lancinantes et des amours inclinées.
    Je parcours les petites aventures près des tonnelles fleuries et des haies odoriférantes.
    Les attrayantes illusions donnent à la nuit profonde la science du bien et du mal,
    Et convergent vers les cycles immuables des prairies de l’âme.

     

    MONTPELLIER
    15 octobre 2009

     

     Poèmes :

     

     

    Les cercles immuables des prairies de l’âme

    On entre dans le premier cercle celui où les bruits de la vie s’estompent peu à peu
    Dans les longs échos des voix qui se sont tues parmi les tombes marbrées et les fosses communes. Puis l’âme se détache du corps et se présente dans un nouveau cercle
    Celui de l’arbre du bien et du mal où le temps traverse les saisons heureuses ou tourmentées.
    Tout se dévoile dans la racine des sentiments et la floraison des promesses.

    L’âme peut voyager dans la panoplie des ombres larmoyantes et instables.
    Elle épluche longuement les travers journaliers et les élancements abusifs
    Pour se dépouiller des aubes sanguines et des nuits violettes
    Où s’épanche l’eau des fêlures dans des vases de fleurs coupées grossièrement.
    Tout se dévoile dans les retenues précaires des fabulations chimériques.

    Puis l’âme entre dans le troisième cercle celui des dernières couleurs immuables.
    Là, parmi les nappes blanches des autels du savoir et les lignes bleutées du vécu,
    Se conjuguent le Verbe qui s’est fait chair avec le calice d’amertume couvert par la patène.
    Le rosaire des petites vertus égrène sans cesse des prières rédemptrices,
    Des longs psaumes de la pénitence et des actions de grâce dans les lieux inattendus.

    Vers un ciel pas encore assez azuré, l’âme s’élève lentement pour entrer
    Dans le quatrième cercle loin de l’arbre de la tentation pour suivre, dans la création
    De l’âme raisonnable, la procession mystique, les vertus cardinales et théologales.
    Ici, on approche de la lumière des sphères célestes et des prairies généreuses.
    La splendeur des esprits chante des louanges à l’architecte du monde.

    Le dernier cercle plonge l’âme dans l’infinie essence divine pour découvrir le dogme
    Et le mystère de Dieu entourée des chœurs angéliques. Ici le fleuve de la grâce
    Coule en permanence, bien à l’égard du peseur des âmes et des raisons inavouées.
    Dans son voyage initiatique l’âme franchit les cercles comme des étapes de purification,
    Et de révélation pour atteindre l’incarnation d’une nouvelle humanité.


    MONTPELLIER
    06 novembre 2009

     

     Poèmes :

     

     

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps
     

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps
    Par les chemins de transhumance des hommes,
    Balayés par des vents de poussière mémorielle,
    Et tachetés dans l’argile de plaques solaires.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Qui jalonne ses pas de grosses pierres plates,
    De stèles cunéiformes, d’énigmatiques traces,
    Et de feux allumés par des étincelles de silex.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Qui traverse les déserts les plus inhospitaliers,
    Les plaines grouillantes de bêtes sauvages,
    Et qui s’arrête au bord des lacs miroirs de la lune.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Dont le regard suit la voie lactée,
    Pour atteindre des aubes incandescentes,
    Et des crépuscules endeuillés.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Qui bâtit des offertoires et des autels pour des sacrifices
    Où la lame abreuve la pierre philosophale
    Et apaise la tyrannie des Dieux immoraux.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Porteur de farouches messages et d’éternelles prévisions secrètes
    Comme pour donner à la terre les couleurs de la guerre,
    Et les rives martelées de litanies sans fin.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Des grottes gardiennes du feu sacré
    Aux cités lacustres bâties sur des étangs protecteurs,
    Des vallées caillouteuses aux sombres cavités ossuaires.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Parmi des fleurs carnivores et des lianes enchevêtrées,
    Porteur des échos lointains de l’aube humaine,
    Et des violents traits abrasifs des orages qui déchirent le ciel.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Parmi les cérémonies tribales, les invocations célestes,
    Les incantations nocturnes, les sèves de révolte,
    Et les longues lueurs spectrales des astres invoqués.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Avec le langage des signes, la parole qui s’est faite chair,
    Les bréviaires, les livres de vie et de mort,
    Les grimoires, les enluminures et les guides des lieux saints.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps
    Porteur de communion et tisseur d’espérance,
    Dans le labyrinthe toujours recommencé
    Des nouvelles dentelures et ciselures pascales.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Veilleur inlassable sur les chemins de grande pénitence,
    Guetteur des ombres dansantes, des souffles divins,
    Des lueurs vespérales et de l’alchimie secrète.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Ramasseur de galet noir, éclaireur testamentaire
    Des hagiographies, des voies où souffle le paraclet,
    Des vapeurs d’encens et des gouttelettes de baptême.

    Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
    Qui peu à peu laisse des traces de lumière,
    Dans la contemplation d’une terre pleine de suc,
    Prête à abreuver le quêteur d’horizon nouveau.

     

    MONTPELLIER
    29 juillet 2010

     

     Poèmes :

     

     

     

     

     

     

     


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