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    Samedi 18 mars 2017

       Samedi 18 mars 2017

     

    Année 2017/218

      

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    Traces de lumières :

     

    Traces de lumières :

     

    L’émission Traces de Lumière est diffusée tous les lundis de 08h30 à 09h30 et rediffusée tous les mardis de 17h00 à 18h00 sur Radio FM PLUS 91fm Montpellier, sur Radio ALLIANCE PLUS 103.1fm Nîmes et sur internet www.radiofmplus.org- Vous pouvez écouter des émissions archivées sur les sites :
    Forum Brassens Traces de Lumière (émissions avant janvier2017) - Forum Brassens émissions Traces de Lumière (depuis janvier 2017)- www.societedespoetesfrancais.eu (rubrique les évènements taper émissions FM)- www.radiofmplus.org Traces de Lumière
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    Mes débuts à la radio :
    Depuis 1977 je participe à l’aventure des radios libres qu’on appelle maintenant radios associatives. Avant 1981 Les radios libres étaient appelées aussi radios pirates - A propos de Radio Pirate, je voudrais vous parler de notre expérience marseillaise.
    En 1977 à MARSEILLE, avec une bande de copains syndiqués nous avons créé une radio GALINETTE FM qui émettait 4 heures par jour. Pour l’histoire, GALINETTE c’est le surnom donné à Ugolin dans Manon des Sources de Marcel PAGNOL.
    Sur notre RADIO on parlait des conditions de travail :
    -au port autonome de MARSEILLE,
    -au chantier naval de LA CIOTAT,
    -aux raffineries de FOS SUR MER,
    -la précarité et les hésitations politiques.


    On donnait la parole :
    - aux associations,
    -aux femmes dont le mari ou le compagnon était en prison aux BAUMETTES.
    -les horaires des bateaux Corse Méditerranée
    -les rencontres sportives, et certaines manifestations culturelles
    On donnait des renseignements :
    - pour des ballades dans le Massif de la Sainte Baume, les Calanques, les lieux chers à Marcel PAGNOL
    - des adresses pour manger une vraie bouillabaisse, des excellents encornets farcis, et des pieds paquets,
    - pour acheter des délicieuses navettes, des bonnes pâtes, des épices aphrodisiaques, et des tapis volants.
    On parlait de l’OLYMPIQUE de MARSEILLE.
    Quand l’O.M gagnait on était les rois du monde.
    Quand l’O.M perdait on avait un volume de mauvaise foi.
    Et parfois on demandait pardon à la BONNE MERE, quand on disait trop de gros mots à l’antenne.
    Voilà un aperçu du quotidien de notre radio.
    Déjà dès 1977 je parlais de poésie pendant 2 heures par semaine. (Poèmes d’ARAGON, ELUARD, BRETON, CHAR, HUGO, CESAIRE, Louise MICHEL, Marceline DESBORDES VALMORE, VILLON, RUTEBEUF, RICHEPIN, APOLLINAIRE, BAUDELAIRE, CAYROL, GARCIA LORCA, DARWICH, NIKMET, CELAN, PAZ, NERUDA, MAÏAKOVSKI, Anna AKMATOVA, Marina TSETAÏEVA, César VALLEJO, poèmes libertaires, poésie de résistance, chants de souffrance et d’espoir, poèmes de boue et de sang…)
    Depuis 1977, j’ai participé à l’aventure et à la création de nombreuses radios à MARSEILLE :
    GALINETTE FM -RADIO MEDITERRANEE -RADIO PROVENCE CULTURE –

    RADIO-DIALOGUE - RADIO GRENOUILLE (emblème du théâtre TOURSKY)
    A MONTPELLIER : L’ECHO des GARRIGUES - RADIO AGORA - RCF-MAGUELONE –
    RADIO FM+ -A NÎMES RADIO ALLIANCE+ (qui émet le même programme le matin que Radio FM+)
    La première émission de TRACES de LUMIERE officiellement légale en1981 était consacrée à BAUDELAIRE et Arthur RIMBAUD. Léo FERRE chantait ce soir-là au Théâtre TOURKSY et à la fin de son tour de chant il est venu parler à l’antenne de RIMBAUD, BAUDELAIRE, VERLAINE, APOLLINAIRE, BEETHOVEN et d’opéras

    L’émission TRACES de LUMIERE

    Elle a pour but :

    De faire découvrir des poètes, des écrivains, des musiciens, des peintres, des personnages connus, inconnus ou méconnus qui par leurs quêtes, laissent dans nos vies des traces…de lumière.
    D’aller à travers mes carnets de route, à la rencontre d’autres religions, d’autres peuples, d’autres paysages, d’autres regards, d’autres présences…
    Dans mes carnets radiophoniques, j’ai noté toutes ces rencontres poétiques, musicales et picturales qui m’ont beaucoup marquées. Parmi mes notes prises, je vais à la découverte de la voix du poète qui se nourrit des sillons de la terre. L’émission est surtout axée sur la poésie en grande partie.
    -Que représente pour moi la poésie ?
    La poésie porte en elle : l’amour, l’indignation, la révolte, l’espoir. Elle s’est mettre en évidence la vie quotidienne et les paysages de la solitude.
    Le poète ne rêve pas. Il se situe. Il se définit par rapport aux mondes. Celui dans lequel il se trouve par hasard, et les mondes qu’il découvre. Il y a aussi le monde qu’il subit et celui qu’il désire.
    La poésie se nourrit de l’espace et du temps. Elle est appréhension.
    Quels territoires plus étranges, plus beaux, plus inquiétants que ceux que l’on découvre à l’intérieur de soi ? Par les mots, la poésie est l’annexe du rêve, de la mémoire ou du délire, de la satire ou de l’idéalisme. Elle porte en elle aussi les royaumes d’enfance.
    La poésie, s’exprime en fonction du cours de l’imaginaire et non selon l’ordre du temps présent.
    L’avenir se projette dans les résurgences du passé.
    La poésie est un chant. Le chant de l’homme libre, en voyage, à travers son univers intérieur, à travers le monde imaginaire caché là, ignoré. Le poète voyage dans l’immensité et le cosmique.
    La poésie est aussi musique.
    La poésie devient cantique, prière, psalmodie. Elle est l’envers du miroir. Elle représente comme dit si bien Arthur RIMBAUD : « les voies sauvages, les golfes d’ombre, les silences inquiétants et superbes. »
    Le poète prend en charge l’invisible, l’irreprésentable.
    La poésie capte les vertiges qui nous habitent.
    Le poète accède à l’autre face du miroir par ses illuminations, ses voyances, ses passions, sa folie. Il est à la frontière translucide qu’on devine et qu’on a peur de transgresser.
    Il finit par pressentir ce voyage dans l’épaisseur des choses. Il ouvre les trappes intérieures qui une fois ouverte atteignent l’âme et la vérité par le mouvement total des correspondances si chère à BAUDELAIRE 
    Le poète Aimé CESAIRE écrivait : « La poésie est cette démarche qui par le mot, l’image, le mythe, l’amour et l’humour m’installe au cœur vivant de moi-même et du monde ».

    Lundi 07 novembre 2005 -La musique au miroir des villes –
    La musique est souvent influencée par le lieu de vie et réunir la musique et la ville qui l’inspirée, c’est recréer l’accord profond entre l’émotion d’un regard et le tremblement intérieur d’une écoute.
    La musique d’ALBINONI ne peut être associée qu’à Venise et le sfumato tendre du hautbois fait penser au balancement des gondoles.
    Frédéric CHOPIN traduit admirablement l’âme polonaise et les sensations les plus secrètes de Varsovie.
    Jean-Sébastien BACH à Leipzig ressent le besoin de retrouver un environnement spirituel et musical dans lequel la religion tiendrait une part importante.
    A Vienne BEETHOVEN tente d’imposer sa musique et il crée deux de ses belles œuvres : La symphonie pastorale et la sonate no 26 qu’il appelle : L’adieu, l’absence et le retour.
    BERLIOZ à Paris compose La symphonie fantastique, œuvre musicalement aussi romantique que révolutionnaire.
    En s’inspirant du folklore tchèque DVORAK à Prague traduit toute l’âme slave.
    MOZART à Salzbourg a créé des personnages immortels transposant toutes les passions humaines en pure musicalité.
    A Saint-Pétersbourg TCHAÏKOVSKY utilise des éléments du folklore russe. Son œuvre entière tourne autour d’un thème, celui du fatum, c’est-à-dire le destin.
    A Bayreuth Richard WAGNER fera jouer toute sa Tétralogie. Il mène à son aboutissement le tragique de la destinée humaine mais annonce aussi, avec le héros rédempteur et le feu purificateur, la naissance d’une nouvelle race d’hommes.
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    Lundi 14 novembre 2005 -Jean-Sébastien BACH L’offrande musicale :

    La musique religieuse de BACH traduit sa foi d’une manière directe et vivante. Le choral est au cœur de l’office luthérien comme il est au cœur de l’œuvre de BACH.
    Les Passions chez BACH sont comme d’immenses cantates où le récitatif prend une place importante. Le texte de l’Evangile constitue la trame essentielle, et ce drame sacré exalte un lyrisme intense chez BACH.
    Il composa beaucoup de musique pour orgue dont les deux parts essentielles de sa production sont les chorals, d’abord ; puis les grands Préludes, Fantaisies ou toccatas et fugues.
    Sa musique respire la force et la paix, mais elle contient aussi la souffrance et la douleur. Avec le choral, il donne à la musique et à la voix une valeur de prière et une sorte de méditation musicale. L’offrande musicale et l’art de la fugue sont comme la somme de son art.
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    Lundi 21 novembre 2005 -Charles BAUDELAIRE Correspondances :

    Charles BAUDELAIRE dans Les paradis artificiels écrit : « Le sens nous dit que les choses de la terre n’existent que bien peu, et que la vraie réalité n’est que dans les rêves. Pour digérer le bonheur naturel, comme l’artificiel, il faut d’abord avoir le courage de l’avaler, et ceux qui mériteraient peut-être le bonheur sont justement ceux-là à qui la félicité, telle que la conçoivent les mortels a toujours fait l’effet d’un vomitif. »
    Il écrit aussi : « La tombée de la nuit a toujours été pour moi le signal d’une fête intérieure et comme la délivrance d’une angoisse. Dans les bois comme dans les rues d’une grande ville, l’assombrissement du jour et le pointillement des étoiles, ou des lanternes éclairent mon esprit. »
    Dans la poésie de BAUDELAIRE il y a une dualité permanente entre le ciel et l’enfer, les souvenirs et les pressentiments, l’immobilité et le voyage dans une lumière blanche ou sombre. Les poèmes sont évocateurs d’une opposition entre malédiction et bénédiction et dans les sentiments d’ascension ou de chute.
    Il note : « Il y a des moments de l’existence où le temps et l’étendue sont plus profonds et le sentiment de l’existence immensément augmenté. Dans certains états de l’âme presque surnaturels la profondeur de la vie se révèle toute entière dans le spectacle si ordinaire qu’il soit, qu’on a sous les yeux. Il en devient le symbole. »
    La nostalgie du bonheur qu’évoquent ses souvenirs d’enfance se rattache en particulier à une femme : sa mère qu’il a aimée jalousement. Elle représentait pour lui la vision d’un monde éblouissant et à la fois troublant de la beauté féminine.
    Il dit : « La femme est l’être qui projette la plus grande ombre ou la plus grande lumière dans nos rêves. La femme est fatalement suggestive ; elle vit d’une autre vie que la sienne propre ; elle vit spirituellement dans les imaginations qu’elle hante et qu’elle féconde. »
    Pour lui l’invitation au voyage est : Quand partons-nous vers le bonheur ? - Parce qu’il vaudrait donner l’émotion de la vie et de la nature inconnue à partager. Il cherche sans arrêt des Correspondances à son univers fragmenté. Les Fleurs du mal se caractérisent entre l’évocation voluptueuse du monde et le dépaysement fondamental de l’âme mais elles se troublent encore devant des cris de souffrances, de peur, de désir ou de haine.
    Le poète, écrit : « Mon double est en cause : ici, une volupté ; et là, mon remords ; ici, celui qui est, sans l’avoir voulu ; et là, celui qui ne veut pas être ; ici la vie maudite et perdue ; là, l’éternel élan au salut et bien moins l’espoir, que le souvenir de la rédemption. »
    Pour le poète, chaque poème tente d’édifier un nouvel univers où l’harmonie, les images, la musique rendent la vie possible, la terre humaine habitable.
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    Lundi 28 novembre 2005 -Carnet de route : Himalaya la montée vers les neiges éternelles - -LE CALEPIN des NEIGES :

    Depuis mon enfance, j’ai toujours voulu me rendre dans l’Himalaya. Tintin, Marco-Polo, et les livres de Jules Verne, d’Alexandra David-Neel, de Kipling, de Maurice Herzog, sont à l’origine de mes rêves d’aventures les plus fous.
    J’ai amené de France quelques vêtements de montagnes (anorak, sac de couchage, bonnet, tricots, chaussettes en laine, pantalons épais, etc.), et aussi de solides souliers pour la randonnée, une gourde et des médicaments.
    Par un ami, j’ai obtenu l’adresse d’une agence népalaise qui organise des randonnées. Celle-ci : Great Himalayian Adventure s’occupe de tout : porteurs, matériel de campement, guide, interprète, permis obligatoire de randonnée, cartes, vivres…
    Je me trouve en compagnie :
    -du guide ou Sirdhar, ancien meneur de caravanes. Il joue un rôle prépondérant dans l’équipe. Outre sa connaissance du terrain, il doit aussi coordonner la bonne marche des porteurs, et il tient un budget. C’est à lui que revient de trouver les bons emplacements pour le campement.
    -de l’interprète, qui est d’une grande utilité et d’une nécessité absolue, à cause des principales langues que l’on découvre au cours de la randonnée.
    -du cuisinier qui dispose d’une batterie de casseroles, de boîtes de conserves, d’aliments, d’huile… Il a la parole et le rire facile. Il est plein d’entrain.-de quatre porteurs, d’ethnies différentes qui transportent des charges de 30 à 40 kilogrammes. Trois d’entre-deux sont pieds nus et le resteront toujours. Ils possèdent de grands paniers qu’ils portent sur leur dos. Seul moyen de transport efficace.


    POKHARA- C’est le départ de beaucoup de randonnées:

    Une ville qui se situe à 200 kilomètres de Kathmandou : soit à 7 heures de bus. Elle se trouve près d’un magnifique lac : avec en fond de décor toute la chaîne de l’Annapurna. C’est grandiose ! J’ai quitté mon hôtel de Kathmandou en toute quiétude, en y laissant mon billet d’avion, mon passeport, de l’argent. Pas de problème de vol. Ce premier contact avec l’Himalaya : « demeure de la neige éternelle », me laisse étrangement flotter dans une pacifique ivresse.
    Ma première nuit se passe dans des rêves fabuleux, à la fois terrifiants, humoristiques, fantastiques…
    Au petit matin, à peine j’ai quitté ma tente que je reste sans voix devant ce site imposant dessiné au nord par la muraille des Annapurnas (plus de 8000m) et l’étrange sentinelle qu’est le Machapuchare (près de 7000m).
    Départ vers la plénitude
    Nous traversons sur un pont qui bouge beaucoup le Seti Khola (la rivière blanche) qui descend parfois des glaciers : blanche et houleuse.
    La randonnée durera plus de trois semaines.
    Et au bout : une expérience pleine de richesse qui se traduit par un épanouissement : visuel, physique, religieux, écologique, relationnel...
    Le parfait accord de l’homme avec son environnement.
    Pour atteindre cette plénitude, je parcours avec mes amis népalais (car j’ai vite sympathisé et j’ai été très bien accueilli) plus de trois cents kilomètres à pied.
    La journée se déroule ainsi : Lever à six heures : petit déjeuner -Marche jusqu’à 10h30 - 11h00-
    Arrêt pour déjeuner, de préférence à l’entrée d’un village ou d’un hameau - Marche jusqu’à 17h00 -Installation du campement face aux sommets - Dîner à 18h00 - Coucher à 18h30 - La nuit tombe vite.
    Il n’existe pas de routes, rien que des sentiers.
    Je franchis en compagnie de mes amis népalais : des cols à plus de 4000m parfois enneigés.
    Je traverse des rizières, des champs en terrasses, des forêts subtropicales : humides, touffues (gare aux sangsues), puis des futaies de conifères, et la moraine de haute montagne.
    Sans oublier des déserts très caillouteux où se nichent sur les falaises ravinées : quelques ermites.
    Je longe le lit des rivières, des précipices, des glaciers mouvants.
    Je lutte contre un vent tourbillonnant, poussiéreux, vibrant, parfois glacial. Je lutte aussi contre une pluie épaisse, bruyante, argentée.
    J’entre dans des brumes féeriques, cotonneuses, dans des brouillards mêlés à d’étranges bruits, à d’étranges voix.
    L’unité de l’homme et de la nature
    La végétation s’étage. Outre les conifères, je découvre des banians aux racines aériennes et des nipals aux feuilles en forme de cœur, des cèdres, des bouleaux.
    Un arbre sacré : le Sal, au tronc élancé, est très recherché, car il symbolise l’arbre qui a vu naître Bouddha.
    Les rhododendrons arborescents atteignent près de 20 mètres de haut.Les habitants réguliers de ces arbres, sont les Lophophores : des faisans aux plumages multicolores et à la tête couronnée d’une aigrette verte. Cet oiseau est devenu l’emblème national du Népal. 

    Les plantes et les fleurs de montagne sont variées:

    A 6000m, dans le massif de l’Annapurna (altitude atteinte durant la randonnée), je suis surpris de découvrir de larges étendues de primevères, de saxifrages, de gentianes, et des edelweiss.
    Les montagnes sont impressionnantes, même à 6000m. Je me sens écrasé par la masse neigeuse, rocailleuse, qui s’élève au-dessus de moi. Mais le spectacle est fascinant. Les nuages se heurtent aux parois des massifs. Ils reviennent en arrière, puis heurtent à nouveau, pour former d’autres nuages.
    Le soleil dans une symphonie de lumière, s’étale joyeusement dans la neige qui, par endroit fume.
    Quelques rochers craquent, s’écroulent en donnant naissance à des éboulis, à quelques petites avalanches.
    Des bruits inconnus rebondissent, s’amplifient, vibrent, et passent dans l’espace habité par des esprits, des âmes errantes, des légendes populaires. On parle doucement, et très peu. Tout est dans le minéral, le végétal. Je vis intérieurement. Les sensations sont nouvelles, florissantes, musicales.
    La peur n’existe pas, parce qu’on a atteint les limites du beau, du trouble, du rêve, et qu’on entre, tranquille dans le mystère de la vie, côtoyant semble-t-il, la parole divine et la sagesse humaine.
    On se découvre étrangement seul, mais peuplé de mille vies présentes, futures. Puis cette étrange solitude se transforme, se dissout, disparaît derrière les crêtes. On devient unité.
    La rencontre
    Ma rencontre avec les villageois, aux coutumes différentes d’un peuple à l’autre, me fait apprécier leur haute ferveur religieuse et leur hospitalité légendaire. Ils sont de rudes paysans, tenaces. Ils récoltent le riz, le millet, l’orge, le blé, la moutarde, et même le coton.
    Le yack mammifère au poil long, côtoie le cheval, l’âne, la chèvre pushmina (dont la laine est connue sous le nom de cachemire).
    Je croise des pèlerins à la recherche des lacs sacrés, des bergers qui mènent leur troupeau vers des hauts pâturages.
    Je croise aussi des commerçants qui conduisent des caravanes de yacks chargés de blé, de sel, de riz, de thé, de laine, de quincaillerie…
    Les sentiers que nous empruntons sont jalonnés de bancs surélevés pour permettre aux porteurs de déposer leurs charges sans avoir à s’accroupir.
    Nous faisons au cours de ces haltes : des rencontres avec d’autres porteurs aux pieds nus parfois.
    Ils ploient sous d’invraisemblables fardeaux : tôles ondulées, câbles destinés aux ponts suspendus, bidons d’essence, aliments périssables, tissus, ustensiles de cuisine, malades allant voir le guérisseur…
    Ces haltes sont l’occasion de fumer une cigarette pour certains, pour d’autres de souffler, de plaisanter, d’échanger des souvenirs, de donner des nouvelles.
    La rencontre de soi-même
    Les obstacles imprévus ne manquent pas de surgir pendant la randonnée : chutes de pierres, orages violents, glissements de terrain ou rupture d’un pont…
    Chaque lieu porte un nom, parfois plusieurs, suivant les communautés.
    Chaque site a ses mythes : le sacré n'est pas loin. La randonnée devient traversée au long cours.
    Au fil des jours le corps se réveille et l’esprit s’émerveille.Chemin faisant, on peut vouloir dépasser ses limites, conquérir au passage un sommet ou s’adonner à la magie des lieux. Car si le corps s’épanouit l’imagination n’est pas en reste. La randonnée peut se confondre aussi avec le chemin de l’initiation et de l’expérience personnelle.Dépasser le samsara 

    On rencontre beaucoup de Chörtens : sorte de tourelles à trois éléments superposés cube, sphère, cône ; qui symbolisent l’omniprésence de Bouddha.
    Ce qui me frappe tout au long de cette randonnée, c’est de voir cette jovialité qui, malgré la rudesse de la vie, ne quitte pas les habitants de ces contrées extrêmes.
    Le dernier soir de la randonnée, je fais part de mes observations à un haut dignitaire tibétain qui me répond en souriant : « Là où règne le Dharma – l’ordre des choses – la loi qu’enseigne Bouddha, c’est la jovialité, l’humour. Malgré la vie rude, nul ne doute que ces traits de caractère s’enracinent profondément dans la philosophie bouddhique. Celle-ci enseigne que les désirs, liés à une perception myope, illusoire, de la réalité du monde et de soi-même, sont l’origine de la souffrance. Les transcender par la méditation et la compassion envers autrui est l’unique moyen de supporter le passage terrestre et d’atteindre la libération, la sérénité absolue. C’est la seule manière de dépasser le Samsara (le cycle des morts et des naissances successives). »
    Et, pour les Bouddhistes de l’Himalaya, chaque acte quotidien tend vers ce but. J’ai pu le constater.
    Le paysage lui-même amplifie cette approche mystique : squelette brut de la terre dépouillée de la végétation, solitudes silencieuses et transparences des lumières.
    Cette immensité se trouve gonflée par le souffle des trompes des prières dès la naissance du jour.
    Nous sommes proches des cieux.
    OM MANI PADMA HUM ! (Prière sacrée).
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    Lundi 05 décembre 2005 -Wolfgang Amadeus MOZART, La beauté transfigurée :

    Pourquoi j’aime MOZART ?
    Parce que toute la musique de MOZART ne dit qu’une chose : la liberté fondamentale de l’amour. Mais aussi savoir transcender la souffrance.
    MOZART explore ce qui en nous échappe au langage, ces replis secrets de l’âme où les contraires se rejoignent, où la joie est en même temps douleur et le rire une manière de larmes.
    Le génie de MOZART est uniquement le bonheur de la forme, la clarté de l’inspiration, la perfection dramatique. Sa musique est la preuve vivante d’un éternel et vif besoin d’amour. Ses airs d’opéra sont des illustrations vivantes des sentiments puissants et totalement sublimées. Tout ce qu’il a vu et vécu : MOZART l’a mis dans sa musique.

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    Lundi 12 décembre 2005 -GUERNICA de PICASSO :

    PICASSO écrivait : « La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l'ennemi. »
    Il dit aussi : « La guerre d'Espagne est la bataille de la réaction contre le peuple, contre la liberté. Toute ma vie d'artiste n'a été qu'une lutte continuelle contre la réaction et la mort de l'art. Dans le panneau auquel je travaille et que j'appellerai Guernica et dans toutes mes œuvres récentes, j'exprime clairement mon horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l'Espagne dans un océan de douleur et de mort. »
    Le tableau GUERNICA est plein de symboles : - Au centre du tableau la lampe domine la scène. Elle a la forme d’un œil sans doute le regard que porte le peintre de l’évènement. Elle peut aussi traduire la lueur d'espoir malgré la tragédie de ce bombardement.
    Le taureau à gauche symbolise la brutalité, l'obscurité dans la corrida. Ici, il représente les Nationalistes dans cette guerre.
    Le cheval représente la victime innocente de cette corrida. Il représente le peuple opprimé et les Républicains.
    Pour le peintre bien sûr la colombe symbolise la paix. Or ici, elle se situe entre le taureau et le cheval et on peut remarquer qu'elle s'efface dans l'obscurité ce qui signifie que la paix est impossible entre les deux parties, qui s'opposent dans cette guerre, les Républicains et les Nationalistes.
    A droite du tableau le fantôme tient dans sa main une bougie. Il témoignede l'indignation de la communauté internationale et qui veut faire la lumière sur ce qui vient de se passer.
    En bas au centre, une fleur symbolise la fragilité, la vie et l'espérance.
    On découvre aussi d’autres personnages : à gauche, la mère, le sein dénudé, tient un enfant mort dans ses bras. Elle montre que la maternité est impossible, ainsi que le désespoir des paysans opprimés dans cette guerre.
    En bas du tableau un soldat, l’épée brisée traduit la lutte jusqu’à la mort et l’impossibilité de continuer la lutte à cause de l’inégalité des armes. En bas à droite du tableau une femme blessée à la jambe tente de marcher. Elle semble fascinée par la lumière de l’ampoule. Elle crie la liberté.
    Tout à fait à droite du tableau un homme est brûlé vif sans doute un prisonnier. Il implore Dieu en levant les bras et signifie une douleur et une souffrance.
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    Lundi 09 janvier 2006 – Arthur RIMBAUD L’homme aux semelles de vent :

    Dès l’adolescence Arthur RIMBAUD devient un fugueur. Pourquoi cet envie de fuir ? Il y a d’abord la violence intérieure de l’adolescence : une sorte d’étouffement (dans sa famille comme dans sa petite ville) et l’exaltation de l’aventure. Le voilà sur les routes, infatigable marcheur, vagabond, amoureux des pleines lunes, des aubes enchanteresses, des étendues aux mille couleurs.
    Il se chauffe aux coins du feu au hasard des chemins et il croise tout ce monde qui ne parle pas, mais qui bouge tout le temps. Puis il y a cette puissante évocation du Bateau ivre qui charrie des images grandioses d’espace et d’évasion et qui montre ce qu’il y a de plus déchirant dans la condition humaine.
    La présence de Paul VERLAINE est une parenthèse troublante, scandaleuse qui écorche un peu plus sa vie.
    RIMBAUD est impatient. Il veut retrouver en lui une pureté sauvage. Mais il est un de ces êtres qui ne sont jamais satisfaits de l’existence telle qu’ils sont condamnés à la vivre. Ils projettent leurs désirs dans un monde plus pur, plus intense et plus beau. Parfois RIMBAUD prend sur lui toute la souffrance du monde, et c’est là que réside le tragique de sa vie, et bien entendu de son œuvre. 
    Il veut saisir « La vérité dans une âme et dans un corps » mais il est en proie à une dualité constante : entre pureté et souillure, instant et éternité, innocence et culpabilité, individu et société.
    Dans Une saison en enfer il chemine vers la connaissance de soi par l’affranchissement des tutelles et par le combat spirituel, solitaire et douloureux. Alors l’œuvre se compose de  

    fragments, de débris, d’œuvres de poèmes non menés à terme, mais qui représentent bien le drame intime qui se joue dans l’alchimie du verbe.
    Et dans Les illuminations il greffe sur l’arbre de sa vie les sensations réelles qu’il a ressenties et les reflets métamorphosés de ses errances solitaires ou partagées. Il tente d’éclairer ses dires à la lumière poétique.
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    Lundi 16 janvier 2006 -Paul VERLAINE liturgies intimes :

    « De la musique avant toute chose. » - dit Paul VERLAINE- Pour lui la poésie devient aussi l’art de faire rimer, les images indécises et les sons feutrés. Les paysages visibles sont aussi des paysages d’âme. Tout chez VERLAINE procède de l’instinct, du sentiment. Pareil à la feuille morte il se laisse ballotter par la vie et la chante. Il a l’art de suggérer, d’évoquer les pouvoirs du vague, de l’indécis, du clair-obscur, des états d’âme. Dans le poème L’art poétique il définit sa conception personnelle de la poésie.
    De la musique avant toute chose,
    Et pour cela préfère l'Impair
    Plus vague et plus soluble dans l'air,
    Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

    Il faut aussi que tu n'ailles point
    Choisir tes mots sans quelque méprise :
    Rien de plus cher que la chanson grise
    Où l'Indécis au Précis se joint.

    C'est des beaux yeux derrière des voiles,
    C'est le grand jour tremblant de midi,
    C'est, par un ciel d'automne attiédi,
    Le bleu fouillis des claires étoiles !

    Car nous voulons la Nuance encor,
    Pas la Couleur, rien que la nuance !
    Oh ! la nuance seule fiance
    Le rêve au rêve et la flûte au cor !


    Fuis du plus loin la Pointe assassine,
    L'Esprit cruel et le Rire impur,
    Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
    Et tout cet ail de basse cuisine !

    Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
    Tu feras bien, en train d'énergie,
    De rendre un peu la Rime assagie.
    Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

    O qui dira les torts de la Rime ?
    Quel enfant sourd ou quel nègre Pfou 

    Nous a forgé ce bijou d'un sou
    Qui sonne creux et faux sous la lime ?

    De la musique encore et toujours !
    Que ton vers soit la chose envolée
    Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
    Vers d'autres cieux à d'autres amours.

     

    Que ton vers soit la bonne aventure
    Eparse au vent crispé du matin
    Qui va fleurant la menthe et le thym...
    Et tout le reste est littérature.

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    Lundi 23 janvier 2006 -Frédéric CHOPIN Les miroirs de l’âme :

    Pour lui, le piano fut son confident le plus intime.
    Les Polonaises, qui sont tour à tour des œuvres tragiques, sombres ou lumineuses, traduisent la résistance désespérée d’un peuple celui de sa Pologne natale.
    Avec ses mazurkas danses à trois temps, Chopin continue à célébrer sa chère Pologne. C’est dans Les nocturnes que Chopin nous offre des pages passionnées, tendres et nuancées de tristesse. Il sait exprimer la puissance des sentiments prête à faire éclater la fibre humaine.
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    Lundi 30 janvier 2006 -A la rencontre du mana, itinéraire spirituel à l’Île de Pâques et en Polynésie :


    Les secrets de l’Île de Pâques restent enfouis dans la profondeur de sa terre et de son océan. Cette île a l’histoire et les mystères d’un bout du monde.
    Parmi les symboles :
    Les Tabous (Tapu) signifient le respect des empreintes divines.
    Le tatouage (Tatau) désigne l’habit que l’homme dessine en lui pour parler aux dieux.
    Le mana est une force créatrice. Elle fertilise, elle engendre. Les animaux, les plantes et l’océan en sont nés. Elle est à la source de tout acte grandiose, et même de tout élan artistique. L’homme est vécu comme une œuvre d’art dont le sculpteur serait un Dieu suprême, Le Grand Tout (Taato’a). Le mana c’est s’imprégner d’un souffle, c’est libérer en soi un potentiel créateur qui transforme l’être pour toujours.
    Les sages Pascuans disent :
    « Même après la mort, tes actes, tes paroles et tes pensées continueront à vivre comme s’ils avaient une existence propre.
    Tes pas d’hier t’ont mené dans cette nuit autour de cette pierre sacrée (Te Pito kura). Tu t’interroges sur le mana. Cette question guide en fait la vie de tous.
    Mais crois-tu qu’il ne s’agisse que d’une simple question ? Comprends qu’il y a une force qui nous appelle, nous guide et nous invite à évoluer. Cette force est le mana. Elle est aussi dans ton entourage, dans la nature, dans cette pierre. Elle relie l’être et l’univers à une force supérieure. La comprendre, c’est ressentir le lien intime qui existe entre nous et Taato’a (Le Grand Tout). Seul celui qui comprend le mana, qui sait voir sa présence dans toute chose etdans chaque être, peut être un homme libre car il a levé toutes les barrières qui limitent son regard et son évolution. »
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    Lundi 6 février 2006 -Le cycle des saisons, l’eau de la vie :

    Dans Le langage des Oiseaux, le poète ATTAR écrit :
    « Recherche sincèrement l’eau de la vie ; mets-toi en marche, car tu n’es pas l’amande, tu n’en es que l’écorce. » 
    Et le célèbre poète persan Omar KHAYYAM dit :
    « Aujourd’hui tu n’as pas accès à demain et le souci que tu t’en fais n’est que chimère. Si ton cœur est sage, ne gâte pas ce souffle présent, car ce qui te reste de vie est le seul bien précieux. »
    Dans son livre Le Prophète Khalil GIBRAN écrit :
    « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils de la Vie qui a soif de vivre encore. Ils voient le jour à travers vous, mais non à partir de vous. Vous pouvez leur donner votre amour, mais non point vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps, mais non leurs âmes. Car leurs âmes habitent la demeure de demain que vous ne pouvez visiter, même dans vos rêves. »
    Le cycle des saisons est le fondement de la vie sur terre, tant végétale qu’animale et humaine. On suit les différentes étapes de la manifestation de la vie toujours recommencée.
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    Lundi 13 février 2006 -Jacques BREL, le théâtre de la vie-
    Jacques BREL, fait vivre ses personnages et il sait les mettre en valeur dans ses textes. Et sa musique se prolonge au-delà du texte. Il laisse à l’auditeur le temps de réfléchir sur ce qui vient de se passer. Pareil à une pièce de théâtre, la chanson est jouée sur scène. Parce que si le décor et le temps sont bien plantés sur scène, Jacques BREL ne décrit pas les personnages de la chanson pour la bonne raison qu’il les incarne, qu’il leur prête son physique, sa voix, et qu’il peut bien sûr les transformer selon son humeur et les rendre plus pitoyables ou plus sympathiques.
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    Lundi 20 février 2006 -BEETHOVEN et le Testament d’Heiligenstadt-
    Des premières sonates aux Variations Diabelli on suit tout le génie musical de Beethoven comme on suivrait un itinéraire spirituel. Beethoven disait de sa musique : « Venue du cœur, qu’elle aille au cœur ». Sa surdité l’empêcha d’écouter ses œuvres sur la fin de sa vie et en particulier sa neuvième symphonie et le poème de Schiller l’ode à la joie.
    Beethoven, écrivait : « C’est l’art et lui seul, qui m’a retenu. Ah, il me paraissait impossible de quitter le monde avant d’avoir donné tout ce que je sentais germer en moi ! Divinité, tu vois d’en haut au fond de moi, tu sais que l’amour de l’humanité et le désir de faire du bien m’habitent. »
    Il a laissé à l’humanité qu’il avait tant aimé, et parfois jusqu’à l’amertume, un message immortel de beauté, de joies et de peines : « Celui qui comprendra ma musique, sera délivré des malheurs où les autres se traînent. »
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    Lundi 27 février 2006 -Alfred de MUSSET, la confession douloureuse-Alfred de MUSSET écrit :

    « L’homme est un apprenti, la douleur est son maître
    Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert. »

    Il ajoute aussi :
    « On n’écrit pas un mot que tout l’être ne vibre. »
    A la question : qu’est-ce que la poésie ?- Alfred de MUSSET répond :
    Chasser tout souvenir et fixer sa pensée,
    Sur un bel axe d'or la tenir balancée,
    Incertaine, inquiète, immobile pourtant,
    Peut-être éterniser le rêve d'un instant ;
    Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ;
    Écouter dans son cœur l'écho de son génie ;
    Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ;
    D'un sourire, d'un mot, d'un soupir, d'un regard
    Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme
    Faire une perle d'une larme :
    Du poète ici-bas voilà la passion,
    Voilà son bien, sa vie et son ambition.
    Les quatre nuits du poète donnent une idée de ce que peut être un poète inspiré qui rencontre sa muse. Elles marquent les étapes d’un itinéraire spirituel. Elles viennent du cœur, de l’inspiration du moment. Elles naissent de l’émotion. C’est la face d’ombre et la face de lumière dialoguant.
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    Lundi 06 mars 2006 -Victor HUGO, le poète visionnaire :

    Pour Victor HUGO : « Le domaine de la poésie est illimité. » - Dans la préface des Orientales, il dit : « A voir les choses d’un peu haut, il n’y a en poésie ni bons, ni mauvais sujets, mais de bons et de mauvais poètes. D’ailleurs, tout est sujet, tout relève de l’art ; tout a droit de cité en poésie. L’art n’a que faire des lisières, des menottes, des baillons ; il nous : va ! -et nous lâche dans ce grand jardin de poésie, où il n’y a pas de fruit défendu. » Il ajoute dans la préface des rayons et des ombres : « Tout poète véritable…doit contenir la somme des idées de son temps. »
    A propos des Feuilles d’automne, Victor HUGO écrit : « Ce n’est pas là de la poésie de tumulte et de bruit ; ce sont des vers sereins et paisibles, des vers comme tout le monde en fait ou en rêve, des vers de la famille, du foyer domestique, de la vie privée, des vers de l’intérieur de l’âme. »
    Concernant Le chant du crépuscule, il parle de : « Cet état étrange crépusculaire de l’âme et de la société dans le siècle où nous vivons ; c’est cette brume au-dehors, cette incertitude au-dedans ; c’est ce je ne sais quoi d’à demi éclairé qui nous environne. »
    Il parle aussi de : « Ces troubles intérieurs qui remuent à peine la surface du vers au-dehors, ces tumultes politiques contemplés avec calme, ces retours religieux de la place publique à la famille, cette crainte que tout n’aille s’obscurcissant, et par moment cette foi joyeuse et bruyante à l’épanouissement possible de l’humanité. » 
    Dans Les Voix intérieures, Victor HUGO n’oublie pas de parler de : « Cette musique que tout homme a en soi. » Il veut exprimer les aspects de la vie humaine : « Le foyer qui est notre cœur même, le champ, où la nature nous parle ; la rue, où tempête, à travers les coups des fouets des partis, cet embarras de charrettes qu’on appelle les évènements politiques. » Victor HUGO veut que le poète « ait dans le cœur cette sympathique intelligence des révolutions qui implique le dédain de l’émeute, ce grave respect du peuple qui s’allie au mépris de la foule ; que son esprit ne concède rien aux petites colères ni aux petites vanités. »
    A propos des Contemplations, le poète nous dit qu’il s’agit de Mémoires d’une âme et que : « le livre doit être lu comme il lirait le livre d’un mort. » Il ajoute : « Ce sont en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre. C’est l’existence humaine sortant de l’énigme du berceau et aboutissant à l’énigme du cercueil ; c’est un esprit qui marche de lueur en lueur, en laissant derrière lui la jeunesse, l’amour, l’illusion, le combat, le désespoir et qui s’arrête éperdu- au bord de l’infini. »
    Victor HUGO définit ainsi La Légende des siècles : « Exprimer l’humanité dans une espèce d’œuvre cyclique ; la peindre successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement d’ascension vers la lumière ; faire apparaître dans une sorte de miroir sombre et clair – que l’interruption naturelle des travaux terrestres brisera probablement avant qu’il ait la dimension rêvée par l’auteur – cette grande figure une et multiple, lugubre et rayonnante, fatale et sacrée, l’homme ; voilà de quelle pensée, de quelle ambition, si l’on veut est sortie La Légende des siècles. »
    Il dit qu’il veut montrer : « L’épanouissement du genre humain de siècle en siècle, l’homme montant des ténèbres à l’idéal, la transfiguration paradisiaque de l’enfer terrestre, l’éclosion lente et suprême de la liberté, droit pour cette vie, responsabilité pour l’autre, une espèce d’hymne religieux à mille strophes, ayant dans ses entrailles une foi profonde et sur son sommet une haute prière ; le drame de la création éclairé par le visage du créateur, voilà ce que sera, terminé ce poème dans son ensemble. »
    A propos des fragments de La fin de satan et aussi dans ceux de Dieu, Victor HUGO dit : « C’est la prédiction du progrès indéfini, l’accomplissement du temps, le règne du bien vainqueur du Mal par la douceur et la pitié ; c’est la porte de l’enfer arrachée de ses gonds, et les condamnés rendus à l’espérance, les aveugles à la lumière, c’est la loi du sang et la peine du talion abolies par la notion du véritable Evangile ; c’est en même temps les prisons de l’Inquisition rasées et semées de sel, ce sont les chaînes, les carcans et les chevalets à jamais réduits en poussière. C’échafaud politique renversé la peine de mort abolie ; c’est la révolte de Satan apaisée, le jour où finira son inexorable et inique supplice. »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    (suite )Traces de lumières :

     

    Lundi 13 mars 2006 -Les états du poème, la poésie et la représentation du monde :

    Tout au long de son histoire, la poésie a toujours rempli une triple fonction : 

     -Sociale et politique : la poésie fut un outil favorisant la transmission des connaissances  et la mémoire des peuples- de la poésie civilisatrice à la poésie engagée -  

     -Spirituelle et philosophique : la poésie est source de méditation et de réflexion -  

     -Ludique et émotive : la poésie favorise le rêve et engendre l’émotion. 

    Dans Destinées de la poésie, Alphonse de LAMARTINE dit que : « La poésie sera de  la raison chantée, voilà sa destinée pour longtemps ; elle sera philosophique, religieuse, politique, sociale, comme les époques que le genre humain va accomplir. »  

     

    Lundi 20 mars 2006 -Louis ARAGON Les yeux d’Elsa :

     Le recueil Les yeux d’Elsa (paru en 1942) contient parmi les plus beaux poèmes d’ARAGON, mais aussi des proses fortes tels que La leçon de Ribérac et Sur une définition de la poésie. L’amour d’Elsa représente la pureté au cœur des ruines, la force de lutter et de s’opposer, l’affirmation de la vie, mais Elsa n’est pas un symbole. Elle représente l’amour de la femme qui se lie à l’amour de la patrie.

        Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire 

    J’ai vu tous les soleils y venir se mirer 

    S’y jeter à mourir tous les désespérés 

    Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire. 

    Louis ARAGON écrit : 

    « J’appelle poésie cet envers du temps, ces ténèbres aux yeux grands ouverts, ce domaine passionnel où je me perds, ce soleil nocturne,  ce chant maudit aussi bien qui se meurt dans ma gorge où sonnent à la volée les cloches de provocation… J’appelle poésie cette dénégation du jour, où les mots disent aussi bien le contraire de ce qu’ils disent que la proclamation de l’interdit, l’aventure du sens ou du non-sens, ô paroles d’égarement qui êtes l’autre jour, la lumière noire des siècles, les yeux aveuglés d’en avoir tant vu, les oreilles percées à force d’entendre, les bras brisés d’avoir étreint de fureur ou d’amour le fuyant univers des songes, les fantômes du hasard dans leurs linceuls déchirés, l’imaginaire beauté pareille à l’eau pure des sources perdues. » 

     

    Dans Pablo mon ami Louis ARAGON dit à Pablo NERUDA : 

       Nous sommes les gens de la nuit qui portons le soleil en nous 

       Il nous brûle au profond de l’être 

       Nous avons marché dans le noir à ne plus sentir nos genoux 

       Sans atteindre le monde à naître. 

     

     Lundi 27 mars 2006 - Hector BERLIOZ et l’univers de SHAKESPEARE :

     Dans ses Mémoires BERLIOZ écrit : « Je lus et je relus les partitions de GLÜCK, je les appris par cœur ; elles me firent perdre le sommeil, oublier le boire et le manger ; j’en délirai. Et le jour vint où, après une anxieuse attente, il me fut enfin permis d’entendre Iphigénie en Tauride ; je jurai en sortant de l’opéra que malgré père, mère, oncles, tantes, grands-parents et amis, je serai musicien. J’osai même, sans plus tarder, écrire à mon père pour lui faire connaître ce que ma vocation avait d’irrésistible. »

    Il poursuit la découverte d’œuvres musicales en particulier celles de Carl Maria VON WEBER, BEETHOVEN, mais aussi d’œuvres littéraires qui le bouleversent surtout celles de William SHAKESPEARE (Hamlet, Roméo et Juliette…). Il compose d’après la substance de l’univers de SHAKESPEARE : La symphonie fantastique, suivi de Lélio ou le retour à la vie, Le Roi Lear, Roméo et Juliette, La mort d’Ophélie, Béatrice et Bénédict, etc… 

    En lisant le Faust de GOETHE traduit par Gérard de NERVAL, il reçoit un nouveau choc et il compose les Huit scènes de Faust dans La Damnation de Faust. 

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    Lundi 3 avril 2006 -Gérard de NERVAL L’épanchement du rêve dans la vie réelle :

    Dans son Voyage en Orient Gérard de NERVAL nourrit sa recherche exaltée : entre des nostalgies sentimentales et des curiosités intellectuelles se mêlent des aspirations religieuses. Dans toutes les mythologies il trouve des symboles communs : La Vénus païenne, l’Isis égyptienne et la Vierge chrétienne, dans son imagination elles se confondent.  Alors il décide d’approfondir ses recherches ésotériques. Il écrit des monographies sur Les illuminés qu’il considère comme ses frères qui cherchent comme lui en marge des dogmes une vérité et une beauté idéales.  

    Gérard de NERVAL écrit : « J’ai fait les premiers vers par enthousiasme de jeunesse, les seconds par amour, les derniers par désespoir. La Muse est entrée dans mon cœur comme une déesse aux paroles dorées ; elle s’en échappée comme une pythie en jetant des cris de douleur. » Gérard de NERVAL a franchi les portes d’ivoires et de cornes qui nous séparent du monde invisible. Et la folie de NERVAL, ce fut un don de seconde vue : le don de percevoir la nature en voyant. Pour lui « le rêve est une seconde vie ». 

    Il dit aussi : « Le poète est celui qui lit sa vie, comme on lit une écriture renversée, dans un miroir et sait lui donner par cette réflexion qu’est le talent, et la vérité littéraire un ordre qu’elle n’a pas toujours. » 

    Dans Pandora il écrit en introduction : « Deux âmes hélas ! –se partagent mon sein, et chacune d’elles veut se séparer de l’autre : l’une ardente d’amour, s’attache au monde par le moyen des organes du corps ; un mouvement surnaturel entraîne l’autre loin des ténèbres, vers les hautes demeures de nos aïeux. » 

       C’est la voix nocturne appréhendant un monde informulé. 

     

    Lundi 10 avril 2006 -Le printemps de BOTTICELLI :

    Dans le livre, Les grands évènements de l’histoire de l’art, publié par les Editions Larousse- à propos du Printemps de BOTTICELLI-  j’ai noté : « La grâce des mouvements s’exprime dans une forme infiniment harmonieuse où l’élégance du dessin et des procédés de compositions subtils se combinent. De droite à gauche, les personnages, séparés dans l’espace, sont disposés de telle sorte que l’œil passe aisément de l’un à l’autre, comme dans une ronde dont ils seraient les figures. Le corps incliné de Zéphyr assure le lien avec celui de la nymphe violée, tandis que, de la bouche de  celle-ci, les fleurs vont se répartir sur la robe de l’autre femme. Vénus, au centre, est plus isolée : le thème le veut ainsi, qui fait de la déesse la reine du renouveau végétal.  Mais la main droite de  Vénus se lève comme pour désigner Les Grâces, permettant au regard de poursuivre vers la gauche du tableau. Les mouvements des personnages, exprimés de façon discrète, sont amplifiés par le plissé des vêtements. Tous sont posés sur le sol en appui sur une jambe et, parfois sur la pointe des pieds, ce qui confère aux silhouettes une grande légèreté et une allure dansante.  Pourtant, à l'exception de Zéphyr, aucun des personnages du Printemps ne donne l’impression de se déplacer véritablement. Même les trois Grâces ne paraissent pas réellement bouger : c’est seulement par le plissé du léger voile qui enveloppe leur corps et s’envole au gré de leurs mouvements qu’on peut croire à leur danse. Il en va de même pour les deux nymphes sur la droite, dont l’une est censée marcher et l’autre courir. »  

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    Lundi 17 avril 2006 -La grande solitude intérieure, être en paix avec soi :

    Pour le Dalaï Lama, « La paix ce n’est pas quelque chose qui vient de l’extérieur. C’est quelque chose qui doit commencer au-dedans de nous-même ; chacun a la responsabilité de faire croître la paix en lui afin que la paix demeure générale. » 

    Et Charif BARZOUK ajoute : « C’est en faisant le bien que l’on détruit le mal, et non en luttant contre lui. C’est en cultivant l’amour que l’on  détruit la haine, et non en l’affrontant. C’est en faisant croître la lumière que l’on triomphe de l’obscurité, et non en lui livrant combat. » 

     Le poète bengali Rabindranath TAGORE écrit :  

       L’amour seul est le Vrai 

       Quand il donne la liberté 

       Il l’installe au centre de nous-mêmes. 

    Il faut trouver la paix dans la simplicité de la vie.  Pour l’écrivain Aldous HUXLEY : 

       L’expérience  

       Ce n’est pas ce qui arrive à un homme 

       C’est ce qu’un homme fait avec ce qui lui arrive. 

    Il est souvent nécessaire de se retirer en soi, comme le dit le poète Rainer Maria RILKE : 

       Une seule chose est nécessaire : la solitude. 

       La grande solitude intérieure. 

       Aller en soi-même 

       Et ne rencontrer pendant des heures personne 

       C’est à cela qu’il faut parvenir 

       Etre seul, comme l’enfant est seul. 

    Dans la Bhagavad Gitâ il est dit : 

       D’où que surgisse la pensée, 

       Qui est mobile et vagabonde,  

       Il faut la contrôler 

       Et la conduire en soi, résolument. 

       C’est quand on est détaché, serein dans sa pensée, 

       Que nous échoit la paix suprême. 

       L’activité ne nous harcèle plus, 

       Nous sommes alors conscience, 

       Plus rien ne nous affecte. 

     

    Lundi 24 avril 2006 -Paul ELUARD, Liberté j’écris ton nom ! :

    Les poèmes de Paul ELUARD portent sans cesse les alternatives de bonheur et de malheur. Sa poésie est inséparable de l’histoire des hommes. Epris de liberté et de la joie d’aimer, chaque recueil d’ELUARD est une obstination de cette voix qui ne renonce jamais parce que les hommes ont droit au pain et à la lumière et qu’ils veulent vivre debout. 

    Le poète découvre son bonheur personnel dans le bonheur de tous, son malheur à lui dans le malheur de chacun. C’est une poésie de conquête. Elle est active. Elle demeure un chant pur du  bonheur.  Elle parle le langage le plus fraternel, le plus universel.  

        Et par le pouvoir d’un mot 

        Je recommence ma vie 

        Je suis né pour te connaître 

        Pour te nommer 

        Liberté. 

     

    Lundi 01 mai 2006 -Le jardin intérieur, en quête de lumière :

    Le jardin est l’espace vibratoire de l’âme. Il est aussi un signe de fécondité. Il est important de partir en quête de soi, et d’oser entreprendre un grand et long voyage vers des paysages inexplorés de notre monde intérieur. Il faut apprendre à connaître ses émotions, à les gérer et à les canaliser. Se réaliser c’est aussi apprendre à donner. Parce que toute vie est un potentiel d’évolution. 

     

    Lundi 08 mai 2006 -Danses et sérénades de MOZART :

    Mozart adorait danser. Il composa de nombreuses danses gaies et agréables à entendre. Il insérait dans ses danses quelques scènes pittoresques, au gré de son imagination. MOZART parle le langage de l’âme… Il respire du côté de la lumière… Dans son livre : MOZART, l’amour, la mort Jean-Victor HOCQUARD parle en particulier de la sixième danse allemande en ré K571 : « Ce qui est extraordinaire dans cette œuvre c’est l’association du burlesque le plus gras et de la poésie la plus raffinée. » Il ajoute à propos des Sérénades que : « La joie de créer éclate dans chaque d’entre elles. » 

    Kenneth DOMMETT écrit : « que la Sérénade no 13 en sol majeur K525 de MOZART » plus connu sous le nom de La petite Musique de Nuit « enchante et est la plus célèbre de toutes les Sérénades. » Il dit aussi : « que les quatre mouvements (Allegro- Romance- Menuet et trio – Finale) représentent la perfection, la quintessence de la forme classique exemplaire, à la fois élégante et sophistiquée. Une fois seulement, lorsque la calme surface de la Romance est troublée par un plongeon agité dans la tonalité très personnelle de MOZART, le sol mineur, on sent qu’on est à nouveau proche d’un esprit tourmenté dont on est inconsidérément tenté d’analyser la nature. » 

     

     

     

     

     


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    Traces de lumière*3*

    (suite)

     

     

    Lundi 15 mai 2006 -Alphonse de LAMARTINE, Harmonies poétiques et religieuses-

    Au début Alphonse de LAMARTINE, voulait écrire des Psaumes modernes en pensant au lyrisme biblique.

    Avec les Harmonies ils célèbrent la bonté et la puissance du créateur. Dans sa préface, à propos des Harmonies il écrit : «…cherchent en elles-mêmes et dans la création qui les environne des degrés pour monter à Dieu :

    Montez donc, flottez donc, roulez, volez, vents, flammes,

    Oiseaux, vagues, rayons, vapeurs, parfums et voix !

    Terre, exhale ton souffle ! Homme, élève ton âme !

    Montez, flottez, roulez, accomplissez vos lois !

    Montez, volez à Dieu ! plus haut, plus haut encore !

    Dans les quatre grandes harmonies que composent les Harmonies poétiques et religieuses le poète pense que tout dans la création révèle l’existence de Dieu. Elles se présentent ainsi :

    Hymne au matin. A l'aube, les vagues de la mer, les forêts, les fleurs, les vents, les oiseaux, le poète lui-même, rendent un hommage à Dieu. Toutes les créatures mêlent leurs accents dans cet hymne d'amour qui monte avec allégresse vers le ciel.
    Le Chêne.  Le poète médite sur un chêne séculaire qu'il a vu aux bains de Casciano ; il dit son humble naissance, sa vitalité, sa puissance, évoque les créatures qui vivent sous son ombre, puis, rappelant l'humilité de son origine, loue Dieu, explication du mystère et source de toute existence
    Milly ou la terre natale. Le poète chante sa petite patrie. D'autres paysages, alpestres ou méditerranéens, possèdent sans doute plus de majesté ; mais son cœur est à Milly. Le domaine lui rappelle tous les souvenirs de son enfance ; il rêve d'y vieillir et d'y mourir.
    Novissima Verba. Le poète, dans un moment de dépression, jette un regard sur la vie qui s'enfuit, rappelle ses déceptions sentimentales et intellectuelles, songe à la mort qui menace ; mais sa conscience lui fait entrevoir un Dieu consolateur, dont l'image chasse l'inquiétude du présent et éclaire le souvenir du passé.

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    Lundi 22 mai 2006 -Alfred de VIGNY La maison du berger -

    Dans son recueil Les destinées, qui porte en sous-titre poèmes philosophiques, le problème de la destinée demeure posé d’un bout à l’autre du recueil. Alfred de VIGNY l’aborde à la fois en tant que poète et en tant que philosophe. Il montre à travers une succession de symboles comment la conscience humaine d’abord esclave arrive à s’affranchir et à proclamer sa liberté.

    En particulier dans La maison du Berger, le poète sensible aux souffrances humaines se reconnaît la mission de guider ses semblables. Pour le poète, si la poésie exige la solitude, c’est pour mieux établir les idées qui guideront les hommes vers le progrès et si possible vers le bonheur. Il considère que l’homme est abandonné de Dieu et qu’il devra se tourner vers ses compagnons d’infortune, et pour mener sa mission fraternelle il sera aidé par la femme plus sensible aux souffrances humaines.

    Voici un extrait de La maison du berger qui contient un hommage à la femme plein d’une poésie délicate et pleine de rêve.

    A Eva

      I

    Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie,
    Se traîne et se débat comme un aigle blessé,
    Portant comme le mien, sur son aile asservie,
    Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
    S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,
    S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,
    Eclairer pour lui seul l'horizon effacé ;

    Si ton âme enchaînée, ainsi que l'est mon âme,
    Lasse de son boulet et de son pain amer,
    Sur sa galère en deuil laisse tomber la rame,
    Penche sa tête pâle et pleure sur la mer,
    Et, cherchant dans les flots une route inconnue,
    Y voit, en frissonnant, sur son épaule nue
    La lettre sociale écrite avec le fer ;

    Si ton corps frémissant des passions secrètes,
    S'indigne des regards, timide et palpitant ;
    S'il cherche à sa beauté de profondes retraites
    Pour la mieux dérober au profane insultant ;
    Si ta lèvre se sèche au poison des mensonges,
    Si ton beau front rougit de passer dans les songes
    D'un impur inconnu qui te voit et t'entend,

    Pars courageusement, laisse toutes les villes ;
    Ne ternis plus tes pieds aux poudres du chemin
    Du haut de nos pensers vois les cités serviles
    Comme les rocs fatals de l'esclavage humain.
    Les grands bois et les champs sont de vastes asiles,
    Libres comme la mer autour des sombres îles.
    Marche à travers les champs une fleur à la main.

    La Nature t'attend dans un silence austère ;
    L'herbe élève à tes pieds son nuage des soirs,
    Et le soupir d'adieu du soleil à la terre
    Balance les beaux lys comme des encensoirs.
    La forêt a voilé ses colonnes profondes,
    La montagne se cache, et sur les pâles ondes
    Le saule a suspendu ses chastes reposoirs.

    Le crépuscule ami s'endort dans la vallée,
    Sur l'herbe d'émeraude et sur l'or du gazon,
    Sous les timides joncs de la source isolée
    Et sous le bois rêveur qui tremble à l'horizon,
    Se balance en fuyant dans les grappes sauvages,
    Jette son manteau gris sur le bord des rivages,
    Et des fleurs de la nuit entrouvre la prison.

    Il est sur ma montagne une épaisse bruyère
    Où les pas du chasseur ont peine à se plonger,
    Qui plus haut que nos fronts lève sa tête altière,
    Et garde dans la nuit le pâtre et l'étranger.
    Viens y cacher l'amour et ta divine faute ;
    Si l'herbe est agitée ou n'est pas assez haute,
    J'y roulerai pour toi la Maison du Berger.

    Elle va doucement avec ses quatre roues,
    Son toit n'est pas plus haut que ton front et tes yeux
    La couleur du corail et celle de tes joues
    Teignent le char nocturne et ses muets essieux.
    Le seuil est parfumé, l'alcôve est large et sombre,
    Et là, parmi les fleurs, nous trouverons dans l'ombre,
    Pour nos cheveux unis, un lit silencieux.

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    Lundi 29 mai 2006 -SAHARA, La passion des sables, le silence des dunes-

    Dans le désert : « On a beau regarder tout autour de soi, près ou loin, on ne distingue rien qui bouge. Quelque fois, par hasard, un petit convoi de chameaux chargés apparaît, comme une file de points noirâtres, montant avec lenteur les pentes sablonneuses : on l’aperçoit seulement quand il aborde au pied des collines. Ce sont des voyageurs : qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Ils ont traversé, sans qu’on les ait vus, tout l’horizon que j’ai sous les yeux. »

    J’ai parcouru une partie du Sahara, je peux dire qu’il y a dans ce désert une mystérieuse magie qui se dégage des chaînes de dunes ou des petites pierres de couleur qui tapissent la plaine d’alluvions. C’est un voyage hors du temps presque mystique et religieux. Cela devient une expérience profonde.

    Au SAHARA le silence est parfait. J’ai trouvé des cailloux de mille couleurs et de mille formes, assemblés en roches bizarres créées par le vent, éparpillés sur des plaines infinies, empilés en tas chaotiques.

    Il y a tout ce sable : sable oxydé, roussi – sable rose orangé- sable lourd et épandu en larges plis de velours – sable couleur fauve – sable léger que le vent emporte au loin – sable brûlant à midi, glacé dans la nuit –

    Souvent à l’aube, la caresse du soleil lentement dissipe une sorte de buée violette de la nuit.

    Charles de FOUCAULT dit : « Ce qu’il y a de merveilleux ici, ce sont les couchers de soleil, les soirées et les nuits… Les soirées sont si calmes, les nuits si sereines, ce grand ciel et ces vastes horizons éclairés à demi par les astres sont si paisibles et chantent silencieusement d’une manière si pénétrante l’Eternel, l’infini, l’au-delà, qu’on passerait des nuits entières dans cette contemplation. »

    Et Antoine de SAINT-EXUPERY ajoute : « J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence. »

    Le désert n’est pas un but, c’est une traversée qui ouvrira le chemin à cet autre soi-même.

    Parmi mes notes prises, ce poème que j’ai écrit lors de mon séjour au SAHARA :

    LA PALMERAIE

    J’écoute le monde dans la douceur d’une palmeraie entourée de sable ocre.

    Le minéral et le végétal vibrent dans la splendeur d’un soleil ardent.

    La nuit, le silence est extraordinaire. Rien ne la trouble.

    La lune semble effleurer les courbes des dunes. Elle fait onduler les ombres.

    Les aubes légèrement humides donnent des aurores incandescentes.

    L’eau des puits, qui coule dans les rigoles de terre des jardins exubérants,

    Donne une constante fraîcheur et des milliers de dattes bien sucrées.

    Je vis au rythme des odeurs florissantes et des herbes grimpantes.

    Ici, le chant des oiseaux glorifie le verger de musique et l’abondance des palmes.

    Le vent aime à caresser les longues feuilles et parfois à ébouriffer les fleurs odorantes.

    Je ne connais pas la solitude, ni les dérives angoissées des matins blêmes.

    Je ne me bâtis pas de futur approximatif. Seulement je regarde pleinement le présent.

     

    Je respecte quotidiennement la parole et les teintes des mots.

    Tout au long du jour, les couleurs épousent harmonieusement l’érubescence de l’erg.

    Des dromadaires au ventre roux, attendent paisiblement le départ de la caravane.

    Les hommes palabrent sous des tentes bédouines et boivent du thé à la menthe.

    Le Dieu est universel. Il est aussi sur la longue piste accompagnant les méharées.

    Les prières voyagent parmi les bastions volcaniques du Tibesti, les vastes plateaux

    Aux contours érodés, les sillons secs des oueds, et les rares points d’eau permanents.

    Un vent chargé de sable ou de poussière se déploie sur plusieurs milliers de kilomètres.

          Des villes mortes surgissent dans le lointain et des roches patinées par l’évaporation du sel

    Forment d’étranges silhouettes pleines de légendaires aventures et de traces oxydées.

    Quelques rares acacias et maigres buissons piquettent le désert par endroit.

    L’incessant mouvement du sable exhume souvent de mystérieux souvenirs du passé.

    La lumière du crépuscule farde d’un rouge orangé les pinacles de grès du Tibesti.

    Les âmes et les esprits errent dans un chaos surnaturel parmi les flèches de basalte.

    L’air y est tellement sec qu’il permet de distinguer au loin des signes de vie.

    Tout est aussi miroir dans ce désert paré d’une beauté grandiose et indéfinissable.

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    Lundi 05 juin 2006 -Paul CEZANNE et la Montagne Sainte-Victoire-

    Pour le peintre, L’art n’est pas une imitation, c’est une interprétation. L’artiste ne copie pas, il crée.

    CEZANNE traitait la nature « par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective, soit que chaque côté d’un objet, d’un plan, se dirige vers un point central. Les lignes parallèles à l’horizon donnent l’étendue… Les lignes perpendiculaires à cet horizon donnent la profondeur ». C’est ainsi que les natures mortes du peintre deviennent vivantes.  Dans ses portraits, le peintre leur donne une allure géométrique. Le visage est un ovale parfait, la coiffure dessine un arrondi rigoureux, le bras s’allonge pour exprimer la nonchalance. A propos des paysages il veut traduire l’harmonie et l’éternité de l’univers. Il recherche les oppositions de tons pour exprimer l’air, la vibration de la lumière pour cela il multiplie les touches délicates. Il tente de marier les contraires. Il rassemble le calme des rochers et la végétation ébouriffée. Il travaille sur le contraste des couleurs.  Il arrive à réunir les formes opposées et il finit par faire surgir sur l’horizon aixois la magnifique montagne Sainte-Victoire.

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    Lundi 12 juin 2006 -Richard WAGNER et L’anneau de Nibelung-

    L’écrivain Joël SCHMIDT  a écrit dans une étude consacrée au musicien Richard  Wagner que : « Nous sommes tous habités par une mythologie personnelle qui s’est nourrie de nos expériences, de nos lectures, de nos dégoûts, de nos enthousiasmes, de nos rêves, de notre éducation, mais qui s’est également ancrée dans notre patrimoine familial, dans nos codes génétiques et chromosomiques, dans les respirations et les inspirations de nos ancêtres. Ainsi avons-nous souvent conscience d’entendre les échos étranges des rumeurs lointaines, de humer les vapeurs de sensibilités séculaires, de nous baigner dans les ondes murmurantes d’un passé reculé. Derrière notre regard contemporain, d’autres yeux plus anciens peuvent se mêler aux nôtres et nous adresser, testaments vivants, les messages des mondes antérieurs et de l’histoire qu’ils ont pu contempler. Nous portons dans nos vies bien des vies de ceux qui nous ont précédés, sans le savoir, sans toujours le déchiffrer. Nos sangs et nos semences charrient des richesses intellectuelles insoupçonnées et nous entraînent au plus lointain de nos branches, de nos troncs et de nos racines, là où tout, un jour, commença ».

    A travers les opéras de Richard Wagner courent les éléments de toute vie naturelle divine et humaine que sont : l’eau, l’air, le fer, le feu. La terre et le ciel sont les grands pôles.

    L’eau primordiale rappelle la création du monde. Il y a aussi l’eau noire de la nuit des temps. L’eau devient purificatrice et le symbole de la pureté sur laquelle nage le cygne.

    Le feu est générateur, protecteur, destructeur et créateur du centre de la terre et des forges sombres.

    Le fer donne la puissance. Le fer est brandi en signe de vengeance ou d’allégeance.

    La terre est la mémoire ancestrale des hommes. Mutter-Erde, la terre-mère.

    Le ciel recouvre la terre et réunit l’assemblée des Dieux. Il symbolise l’immortalité.  

    Richard Wagner donne aussi une part importante à la nuit. Nuit du péché, de la peur, des entrailles, de la sécheresse, de la souffrance, qui éveille. Dans Tristan et Isolde il a fait jaillir entre les deux amants toute la possession de la mort et de la nuit d’amour, toutes les amplitudes d’Eros et de Thanatos jusqu’à la finalité extrême et suprême, l’anéantissement cosmique du couple.

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    Lundi 19 juin 2006 -Paul VALERY Album de vers anciens-

    Paul VALERY écrit : « Tandis que le fond unique est exigible de la prose, c’est ici la forme unique qui ordonne et survit. C’est le son, c’est le rythme, ce sont les rapprochements physiques des mots, leurs effets d’induction ou leurs influences mutuelles qui dominent, aux dépens de leur propriété de se consommer en un sens défini et certain. Il faut donc que dans un poème le sens ne puisse l’emporter sur la forme et le détruire sans retour ; c’est au contraire le retour, la forme conservée, ou plutôt exactement reproduite comme unique et nécessaire expression de l’état ou de la pensée qu’elle vient d’engendrer au lecteur, qui est le ressort de la puissance poétique. » La poésie est donc un langage dans le langage.

    Il dit aussi que la poésie prendra de la valeur au moment de la diction : « Quand nous nous serons faits l’instrument de la chose écrite, de manière que notre voix, notre intelligence et tous les ressorts de notre sensibilité se soient composés pour donner vie et présence puissante à l’acte de création de l’auteur. Ainsi, c’est l’exécution du poème qui est le poème. »

    La première qualité pour un poète d’après Paul VALERY est la patience. Il faut savoir attendre le germe qui engendrera le poème : « Le poète s’éveille dans l’homme par un évènement inattendu, un incident extérieur ou intérieur : un arbre, un visage, un sujet, une émotion, un mot. Et tantôt, c’est une volonté d’expression qui commence la partie, un besoin de traduire ce que l’on sent ; mais tantôt, c’est, au contraire, un élément de forme, une esquisse d’expression qui cherche sa cause, qui se cherche un sens dans l’espace de mon âme… Observez bien cette dualité possible d’une entrée en jeu : parfois quelque chose veut s’exprimer, parfois quelque moyen d’expression veut quelque chose à servir. »

     

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    Lundi 11 septembre 2006 -Georges BRASSENS Les dames du temps jadis-

     

    Georges BRASSENS dit : « Mon individualisme d’anarchiste, c’est un combat pour garder ma pensée libre : je ne veux pas recevoir d’un groupe ma loi. Ma loi, je me la fais moi-même. »

    Il préfère toujours les personnes aux idées :

    « Il est fou de perdre la vie pour des idées

    Des idées comme ça, qui viennent et qui font

    Trois petits tours, trois petits morts, et puis s’en vont. »

    Pour BRASSENS la femme reste toujours promesse et accueil. Il est aussi un chantre puissant et même délicat de la nature. Il sème le vent et récolte la bourrasque à longueur de couplets.

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    Lundi 18 septembre 2006 -Charles CROS Le graveur de voix-

     

    Il est l’Inventeur du phonographe mais son comportement est spécial. Il improvise avec génie et sureté, mais matériellement il ne réalise pas son invention. C’est pourquoi EDISON obtient le brevet. Dans ce poème Charles CROS se confie :

    Je sais faire des vers perpétuels. Les hommes
    Sont ravis à ma voix qui dit la vérité.
    La suprême raison dont j'ai fier, hérité
    Ne se payerait pas avec toutes les sommes.

    J'ai tout touché : le feu, les femmes et les pommes ;
    J'ai tout senti : l'hiver, le printemps et l’été ;
    J'ai tout trouvé, nul mur ne m'ayant arrêté.
    Mais Chance, dis-moi donc de quel nom tu te nommes ?

    Je me distrais à voir à travers les carreaux
    Des boutiques, les gants, les truffes et les chèques
    Où le bonheur est un suivi de six zéros.

    Je m'étonne, valant bien les rois, les évêques,
    Les colonels et les receveurs généraux
    De n'avoir pas de l’eau, du soleil, des pastèques.

    Dans le poème Inscription qui ouvre le second recueil Le Collier de griffes paru après sa mort, Charles CROS confesse ses dons et ses ambitions, et retrace l’étendue de son domaine lyrique et scientifique.

    Mon âme est comme un ciel sans bornes ;
    Elle a des immensités mornes
    Et d'innombrables soleils clairs ;
    Aussi, malgré le mal, ma vie
    De tant de diamants ravie
    Se mire au ruisseau de mes vers.

    Je dirai donc en ces paroles
    Mes visions qu'on croyait folles,
    Ma réponse aux mondes lointains
    Qui nous adressaient leurs messages,
    Eclairs incompris de nos sages
    Et qui, lassés, se sont éteints.

    Dans ma recherche coutumière
    Tous les secrets de la lumière,
    Tous les mystères du cerveau,
    J'ai tout fouillé, j'ai su tout dire,
    Faire pleurer et faire rire
    Et montrer le monde nouveau.

    J'ai voulu que les tons, la grâce,
    Tout ce que reflète une glace,
    L'ivresse d'un bal d'opéra,
    Les soirs de rubis, l'ombre verte
    Se fixent sur la plaque inerte.
    Je l'ai voulu, cela sera.

    Comme les traits dans les camées
    J'ai voulu que les voix aimées
    Soient un bien, qu'on garde à jamais,
    Et puissent répéter le rêve
    Musical de l'heure trop brève ;
    Le temps veut fuir, je le soumets.

    Et les hommes, sans ironie,
    Diront que j'avais du génie
    Et, dans les siècles apaisés,
    Les femmes diront que mes lèvres,
    Malgré les luttes et les fièvres,
    Savaient les suprêmes baisers.

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    Lundi 25 septembre 2006 -Le Moyen-Age, naissance de la Société Française-

    Le Moyen-Age se situe entre l’Antiquité et le début des Temps modernes soit 10 siècles du 5ième au 15ième siècle. Pour les historiens : de la chute de l’Empire d’Occident (476) à la prise de Constantinople par les Turcs (1453) et, pour d’autres historiens jusqu’au commencement de la Réforme protestante (1517).

    Cette époque peut être considérée comme le point de départ de la civilisation européenne. Avec Clovis qui se convertit au catholicisme l’histoire des Francs coïncide avec le début de l’histoire de France. La première dynastie des rois Francs vient de naître sous le nom de Mérovingiens. Au début du 7ème siècle, une grave menace pèse sur le monde chrétien : La guerre sainte déclarée par les Arabes aux infidèles. Cette invasion sera stoppée en 732 à Poitiers par les Francs (sous le commandement de Charles Martel). Victoire précieuse qui renforce l’unité du royaume.

    Une nouvelle dynastie naît : les Carolingiens. Elle connait son apogée sous le règne de Charlemagne qui tente de réaliser l’unité politique et religieuse de l’Europe Occidentale et d’en être le chef suprême. Voulant repousser les Arabes hors des Pyrénées. Et c’est au cours de cette campagne guerrière qu’est tué son neveu Roland. Les Poètes de l’époque immortaliseront ce preux chevalier dans la fameuse : Chanson de Roland. Charlemagne devient Empereur : le saint Empire Romain d’Occident est fondé. Charlemagne est à l’origine de l’enseignement primaire populaire : l’école.

    Devant l’impuissance des derniers carolingiens à repousser les envahisseurs Normands, les populations se mettent alors sous la protection d’une multitude de seigneurs locaux propriétaires de châteaux ou de places fortes qui servent de refuges aux paysans terrifiés. C’est donc du malheur que naît la Féodalité. En demandant asile et protection, les seigneurs obligent les paysans à certains services ou redevances et à leur promettre obéissance et fidélité. La dynastie carolingienne disparaît avec l’arrivée d’Hugues Capet et les Capétiens.

    Le rôle de l’Eglise au Moyen - Age est déterminant. Elle transforme la Chevalerie en une institution morale et spirituelle. Le futur chevalier se prépare à son sacre, par la veillée d’armes (nuit de prières et de méditation suivie de la messe et de la communion). Il lui est recommandé ensuite d’être un preux loyal et hardi, de protéger les pauvres, les veuves, les orphelins, les pèlerins et les voyageurs. Ses armes déposées sur l’autel sont bénites. Avant de les reprendre le chevalier jure de respecter tous les devoirs qu’on vient de lui rappeler. La chevalerie contribue à adoucir les mœurs. Elle développe :

    Le sentiment de l’honneur - le respect de la femme -  la protection des faibles - la vénération des lieux et des personnes consacrés à Dieu -  la fidélité à la parole donnée. Elle sera à l’origine des Croisades -

    Cet idéal de chevalerie sera chanté par les poètes du Moyen - Age dans leurs chansons de gestes. Il forme un fond de civilisation morale de courtoisie.  Les œuvres de bienfaisance et les hôpitaux se multiplient et se mettent au service de l’humanité souffrante : soins des lépreux, aide aux malheureux, rachat des captifs, hospitalisation des pèlerins, etc…

    La France se peuple de monastères. Les moines en dehors du temps de prière et de recueillement exercent toute sorte de métier. Ils cultivent, Ils construisent des ponts, Ils tracent des routes, Ils défrichent des bois, Ils dessèchent les marais, Ils canalisent les rivières, Ils plantent sur les coteaux les fameux vignobles de France. Grâce à eux, l’élevage et l’agriculture se développent, (renom des fromages et des vins).

    Les ordres religieux sont nombreux (bénédictins, cisterciens, célestins, capucins, chartreux, dominicains, franciscains, etc…) et connaissent une influence grandissante grâce à la présence spirituelle de grands saints.

    Tout cet épanouissement social, spirituel, intellectuel connaît son apogée grâce à :

    Philippe–Auguste qui reconnaît la corporation des maîtres et des élèves. Elle donnera naissance à l’Université (partagée en 4 facultés : les arts, la médecine, le droit et la théologie). Pour abriter la foule des élèves pauvres on crée aux alentours de l’université de nombreux collèges : le plus célèbre (fondé par Robert de Sorbon) s’appelle la Sorbonne.

    Cette période moyenâgeuse voit la floraison de belles églises et de cathédrales. C’est l’art chrétien dans toute sa splendeur et uniquement au service de Dieu. Du plus humble laboureur jusqu’au plus puissant monarque tout le monde participe à la construction. Au 12ième et 13ième siècle le style roman (plan basilical, voûte), fait place au style gothique (forme ogivale ou aiguë des voûtes, richesse des ornements, multitudes des statues sculptées dans la masse des monuments, la beauté des verrières, l’élégance et la légèreté de l’édifice tout entier). C’est de cette époque que datent : Notre – Dame de Paris, La Sainte Chapelle, Les cathédrales d’Amiens, de Reims, de Chartres, et de tant d’autres.

    Au 12ième siècle s’organise les corps de métier : corporations.

    La corporation est l’association volontaire (patrons, compagnons, apprentis) de tous ceux qui exercent le même métier. Son but : maintenir l’égalité entre tous et empêcher qu’un patron s’enrichit aux dépens des autres, d’obtenir que le travail soit exécuté avec sérieux. Un maître n’a pas le droit d’avoir plusieurs ateliers, ni plus d’apprentis que ses confrères. Le travail est réglé : Il commence au lever du soleil et se termine au coucher. Les dimanches et les jours fériés sont jours chômés. Tous les ouvriers et tous les patrons d’une même corporation se réunissent une fois par an en assemblée générale pour y élire les chefs de la corporation. Ces élus s’appellent prud’hommes, ils doivent surveiller le travail et ont le droit d’infliger des amendes et des pénalités.

    Les corporations sont doublées de confréries. Chaque confrérie a son saint patron, sa chapelle, sa fête, sa caisse de secours. Grâce à l’union existante entre patrons et ouvriers, la question sociale est en partie résolue.

    Malgré ce grand épanouissement des périodes sombres arrivent. L’église condamne et combat avec dureté les soi-disant sectes hérétiques. L’inquisition vient de naître. L’église s’acharne en particulier sur : Les Vaudois et Les Cathares.

    Les Vaudois sous l’influence d’un marchand de Lyon : Pierre Vaudo ou Vaudes : Condamnent le travail et la propriété individuelle, Dénoncent les richesses de l’église et des seigneurs, Rejettent le  culte des saints, le sacerdoce et la plupart des sacrements. Les Vaudois excommuniés par le Pape, pourchassés, se réfugient dans les Alpes. Ils sont les précurseurs du protestantisme.

    Les Albigeois ou les Cathares sont injustement considérés par le pouvoir religieux comme faisant partie d’une secte hérétique (en grec catharos : pur). La ville d’Albi est le centre religieux. Les Cathares condamnent : Les serments, Le droit de propriété, L’obéissance à l’autorité, Le mariage…

    Leur doctrine emprunte à la fois au manichéisme ancien et au christianisme. Le principal rite Cathare est le Consolament, administré par les Parfaits : il correspond à l’ensemble des sacrements.

    L’austérité morale des Cathares contrastant avec l’opulence, et le relâchement du clergé catholique, leur assure grand succès, auprès de la noblesse du Midi. Mais l’église envoie Pierre de Castelnau légat du Pape auprès du Comte de Toulouse : Raymond VI, dans le but d’obtenir la conversion des Cathares. Mais cette entrevue se termine par l’assassinat du légat du Pape. Il s’en suit une terrible répression : la croisade contre les Albigeois, menée par les seigneurs du Nord et Simon de Montfort est une guerre atroce qui durera pendant quelques années. Le Midi saigne, souffre, succombe. Il aura du mal à s’en remettre.   

    Les Pèlerinages : Le pèlerinage est un acte par lequel on se met pour un temps au service exclusif de Dieu. Il est la forme éminente de la prière et de la pénitence. Tout le monde va en pèlerinage du simple laboureur au grand seigneur. Les pèlerinages les plus célèbres : Saint–Jacques de Compostelle, Rome, Jérusalem, Le Vézelay, Le Puy, Conques, Le Mont Saint–Michel… Les pèlerinages durent parfois des mois ou des années. Des difficultés attendent les pèlerins : - bandits de grand chemin, - le froid, - la fatigue…

    De nombreuses abbayes, des monastères, des hospices, des œuvres de charité jalonnent les chemins des pèlerins et offrent l’hospitalité. Cette marche pour Dieu fait sentir au pèlerin ce qu’il y a d’exaltant dans la religion : son désir passionné d’infini, son impatience des limites.

    Les Croisades :

    A partir du 11ième siècle, les Turcs qui occupent la Palestine et Jérusalem se mettent à maltraiter les pèlerins. Ils les pillent et ils prélèvent un impôt à la porte de la ville et sur les lieux saints. Même parfois ils les empêchent d’entrer dans Jérusalem. Une vive émotion s’empare de toute la chrétienté : elle s’indigne, elle veut libérer le tombeau du Christ ; ainsi commence les Croisades. Sur leur poitrine les volontaires attachent une croix de drap rouge. D’où le nom de Croisés. Le pape Urbain II, menace d’excommunication tous ceux qui toucheront aux biens et aux familles des Croisés pendant leur absence.

    La première Croisade commandée par Godefroy de Bouillon, mettra deux années pour délivrer Jérusalem et la Palestine. Pour défendre la Palestine, on organise des ordres de moines – soldats : Les Chevaliers de Saint–Jean ou Hospitaliers, Les Chevaliers du Temple ou Templiers, Et un ordre allemand : les Chevaliers Teutoniques. Ces trois ordres constituent l’armée permanente de la Palestine. Mais après un siècle d’occupation, les Turcs reprennent Jérusalem et la Palestine.

    Des nouvelles Croisades s’organisent. Certaines échouent, d’autres connaissent un demi–succès. Jérusalem reste aux mains des Turcs, mais la croix sur laquelle est mort le Christ est restituée aux chrétiens et, de nombreux fragments de cette relique sont recueillis dans les églises d’Occident.  

    C’est au cours d’une croisade que Saint-Louis, meurt atteint par la peste lors de son débarquement à Carthage. Son armée atteinte aussi par le terrible fléau est décimée. Avec Saint–Louis se termine les grandes Croisades. Désormais selon le vœu de Saint–Louis, c’est la conquête pacifique des missionnaires qui fera suite aux Croisades militaires.

    Pour l’histoire les Croisades malgré tout :

    Renforcent la chrétienté, Arrêtent les invasions musulmanes, Rendent le libre accès aux lieux saints, chassent en partie les pirates de la Méditerranée, -Permettent l’arrivée de produits africains et orientaux dans les ports du Sud de l’Europe, -Développent le commerce dans les villes et freinent de nombreuses famines.

    Parmi les rois capétiens célèbrent :

    Philippe–Auguste, qui remporte à Bouvines une grande victoire face à une coalition européenne. Cette victoire témoigne d’un sens national chez les Français. Philippe–Auguste : développe le commerce, -fait construire le Louvre, -et une nouvelle enceinte (la Tour de Nesle). Il donne à l’université de Paris un rayonnement qui s’étend dans tout l’Occident.  Il renforce l’autorité royale.

    Louis IX dit Saint–Louis, très empreint d’idéal chrétien, il mène une vie spirituelle qui le pousse à partir en Croisades. Il fait construire la Sainte Chapelle pour servir de reliquaire à la Sainte Couronne d’épines que le Christ a portée. Sa vie est faite de charité : Invite les mendiants à sa table, -Visite les léproseries…

    Il devient arbitre dans les grands conflits politiques de l’Europe. Il fait construire de nombreux hôpitaux ou hôtels–Dieu.

    Le conflit qui oppose Philippe–le–Bel au pape Boniface VIII à propos de la primauté du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel a pour conséquence l’installation de la papauté à Avignon durant 70 ans. Le retour de la papauté à Rome est l’œuvre de Sainte Catherine de Sienne qui convainc le pape Grégoire XI à revenir à Rome qui est en pleine décadence. Ce retour dans la vie éternelle, froisse le roi de France Charles V, mais redonne à Rome un grand rayonnement.

    La France durant ce Moyen–Age connaît une longue et désastreuse période provoquée par le conflit qui l’oppose à l’Angleterre et se traduit par la guerre de Cent Ans. Durant cette guerre sans merci, un événement extraordinaire se produit. La vocation de Jeanne d’Arc à vouloir libérer la France, semblerait être suscitée par une intervention divine.

    La France avec Jeanne d’Arc se libère du joug anglais. Mais notre héroïne connaît une mort atroce : abandonnée par le clergé et une partie de la royauté. Son procès est une parodie. La mission de Jeanne d’Arc a été providentielle pour la France. La chrétienté connaît une période difficile.

    L’église catholique, se heurte à la doctrine orthodoxe (grecque, russe) et l’église anglicane. Cette confrontation affaiblit l’unité chrétienne, de nombreuses divisions apparaissent. L’unité est brisée.

    Lorsque l’église d’Orient menacée par les Turcs appelle à l’aide, il est trop tard.

    En 1453, sous la conduite de Mahomet II les Turcs s’emparent de Constantinople et le croissant de Mahomet remplace la croix du Christ sur le dôme de la basilique Sainte – Sophie. Les Turcs veulent pénétrer plus en Europe mais l’unité tardive de la chrétienté les empêche. Pour les historiens, la prise de Constantinople semble marquer la fin du Moyen–Age.

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    Traces de lumière*4*

     

    (suite) 

     Quelques extraits sur :

    Alphonse de LAMARTINE Harmonies poétiques et religieuses

    Alfred de VIGNY La maison du berger

    Sahara, la passion des sables, le silence des dunes

    Paul CEZANNE et la Montagne Sainte-Victoire

    Richard WAGNER L'anneau de Nibelung

    Georges BRASSENS Les dames du temps jadis

    Charles CROS Le graveur de voix

    Le Moyen-Age, naissance la société française

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    samedi 17 juin 2017

     

     "LES PAS D’UN EXIL A L’ENCRE ROUGE" le Samedi 17 juin 2017 à 18 heures Médiathèque François Mitterrand à Sète

     « Les pas d’un exil à l’encre rouge cheminent jusqu’à vous » pour  évoquer la tragédie de la guerre d’Espagne et de l’exil des républicains espagnols en France.

     Le samedi 17 juin 2017 à 18 heures, Manuela Parra, et le comédien Alexandre Pratlong, le poète Christian Malaplate et le guitariste chanteur Manuel Amelong,

    nous entraineront sur les traces de l’exil des républicains espagnols.

     Ce récital de poésie unira leurs voix pour nous faire revivre avec émotion l’indignation, la révolte et l’espoir d’un peuple en quête de liberté ;

    Christian Malaplate, poète, délégué général de la société des poètes français, nous proposera une lecture intitulée « des écrivains et la guerre d’Espagne

     - Témoignages et récits de guerre ».

     

    Lundi 02 octobre 2006 -Claude DEBUSSY Le dialogue du vent et de la mer- 

     L’œuvre La mer comprend 3 mouvements : 

     Le premier mouvement : De l’aube à midi sur la mer- suit la lente progression de la lumière, depuis l’ébauche tâtonnante des premiers motifs jusqu’à l’apothéose des dernières mesures, dans le soleil éblouissant de midi. 

     Le deuxième mouvement : Jeux de vagues- l’éparpillement sonore est à son comble. L’orchestre vit de tous les côtés à la fois : le flux et le reflux des flûtes et des clarinettes, l’appel voilé des cors, la phrase tremblante du cor anglais, reprise plus loin par les chaleureux violoncelles, les frémissements des cordes, l’emploi habile des percussions. Ce monde fluide est en constant mouvement.  

     Le troisième mouvement : Dialogue du vent et de la mer- prend une ampleur dramatique. C’est une vision de chaos opposant furieusement deux forces antagonistes,- violence du vent par fracas répétés, tourments de l’océan en houles incessantes, mais comme dépressives. Et à la fin c’est le vent qui triomphe. 

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     Lundi 09 octobre 2006 -Pierre REVERDY, cette émotion qu’on appelle poésie- 

     Pierre REVERDY, écrit : « L’art est une discipline. Il n’y a point d’art sans discipline, il n’y a point d’art personnel sans disciple personnelle… Le poète est dans une position difficile et souvent périlleuse, à l’intersection de deux plans au tranchant cruellement acéré, celui du rêve et de la  réalité. Prisonnier dans les apparences, à l’étroit dans ce monde, d’ailleurs purement imaginaire, dont se contente le commun, il en franchit l’obstacle pour atteindre l’absolu et le réel ; là, son  esprit se meut avec aisance. C’est là, qu’il faudra bien le suivre, car ce qui est, ce n’est pas ce corps obscur, timide et méprisé, que vous heurtez distraitement sur le trottoir- celui-là, passera comme le reste- mais ces poèmes en dehors de la forme du livre, ces cristaux déposés après  l’effervescent contact de l’esprit avec la réalité.» 

     Pour le poète Pierre REVERDY : « Contempler, c’est rechercher, chérir et caresse. Contempler,  c’est aimer. La contemplation est un acte d’amour. » 

     Pour REVERDY la poésie est un mode de connaissance de soi : « Ce qui pousse le poète à la création, c’est le désir de se mieux connaître, de sonder sa puissance intérieure constamment, c’est  l’obscur besoin d’étaler sous ses propres yeux, cette masse qui pesait trop lourdement dans sa tête  et dans sa poitrine. » 

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     Lundi 16 octobre 2006  -Jacques PREVERT, Lumières d’homme- 

     Son livre Paroles montre toute l‘étendue poétique de PREVERT : le discoureur insurgé contre la sottise et l’atrocité du temps. Le gars marrant qui n’a pas peur du jeu de mots, de l’à-peu-près. Poète fraternel il est l’ami des humbles, des humiliés  et des offensés, des amoureux qui s’aiment et des pauvres qui souffrent.  

     Dans ce livre, se déroule le film cocasse et tendre de la vie au quotidien, le regard tendre et malicieux du mauvais garnement au cœur sentimental, la mélancolie des Feuilles mortes qu’on ramasse à la pelle, avec les souvenirs et les regrets, des héros qui ne sortent pas d’HOMERE, mais du coin de la rue. 

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     Lundi 23 octobre 2006  -La nuit étoilée de Vincent VAN GOGH- 

     « Dès son arrivée à Arles, le 8 février 1888, la représentation des "effets de nuit" constitue une  préoccupation constante pour Van Gogh. En avril 1888, il écrit à son frère Théo : "Il me faut  une nuit étoilée avec des cyprès ou, peut-être, au-dessus d'un champ de blé mur". En juin, c'est au peintre Emile Bernard qu'il confie : "Mais quand donc ferai-je le Ciel étoilé, ce tableau qui, toujours, me préoccupe" et, en septembre, dans une lettre à sa sœur, il évoque le même sujet : "Souvent, il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour". En ce même  mois de septembre, il réalise enfin son obsédant projet.

     Il peint d'abord un coin de ciel nocturne dans La terrasse d'un café sur la place du forum à Arles. Puis cette vue du Rhône où il transcrit magnifiquement les couleurs qu'il perçoit dans  l'obscurité. Les bleus dominent : bleu de Prusse, outremer ou de cobalt. Les lumières à gaz de la  ville brillent d'un orange intense et se reflètent dans l'eau. Les étoiles scintillent comme des pierres précieuses.                           

     Quelques mois plus tard, alors qu'il vient d'être interné, Van Gogh peint une autre version du même sujet : le Ciel étoilé où s'exprime toute la violence de sa psychologie troublée. Les arbres  prennent la forme de flammes alors que le ciel et les étoiles tourbillonnent dans une vision cosmique. Dans La nuit étoilée, la présence d'un couple d'amoureux au bas de la toile renforce l'atmosphère plus sereine du tableau conservé au musée d'Orsay. » 

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      Lundi 30 octobre 2006  -Le grand passage, Chronique de la mort- 

     La présence de la mort envahit plus que jamais la vie, comme elle envahit l’art et la littérature. Le  dernier passage a été de tout temps entouré de rituels destinés à faciliter la séparation paisible des vivants et des morts.  Des derniers instants à la mise en terre, tout un réseau de gestes s’est tissé à travers les siècles. La mort fait partie de la vie.  

       Poème sur la mort, prière amérindienne  

       Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
       Laissez-moi partir
       Car j'ai tellement de choses à faire et à voir !
       Ne pleurez pas en pensant à moi !
       Soyez reconnaissants pour les belles années
       Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
       Vous ne pouvez que deviner
       Le bonheur que vous m'avez apporté !
       Je vous remercie pour l'amour que chacun m'a démontré ! 

       Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.
       Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine.
       La confiance vous apportera réconfort et consolation.
       Nous ne serons séparés que pour quelques temps ! 

       Laissez les souvenirs apaiser votre douleur !
       Je ne suis pas loin et la vie continue !
       Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
       Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là,
       Et si vous écoutez votre cœur, vous sentirez clairement
       La douceur de l'amour que j'apporterai ! 

       Quand il sera temps pour vous de partir,
       Je serai là pour vous accueillir,
       Absent de mon corps, présent avec Dieu !
       N'allez pas sur ma tombe pour pleurer ! 

       Je ne suis pas là, je ne dors pas !
       Je suis les mille vents qui soufflent,
       Je suis le scintillement des cristaux de neige,
       Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
       Je suis la douce pluie d'automne,
       Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
       Je suis l'étoile qui brille dans la nuit ! 

       N'allez pas sur ma tombe pour pleurer
       Je ne suis pas là, je ne suis pas mort. 

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     Lundi 06 novembre 2006   -Henri BOSCO, poète du sacré- 

     Henri BOSCO, écrit : «Il y a des moments où j’ai le sentiment que la terre, la terre matérielle, la  terre minérale est à la recherche de soi-même, à la recherche d’une conscience, d’une pensée,  d’une sensibilité tellurique. Il y a une espèce de mouvement obscur de la matière terrestre, et par conséquent de la matière universelle, de l’être. L’être qui est encore dans l’ombre, qui est encore différencié, dans une espèce de chaos, et qui cherche à s’exprimer par ses formes, par les bruits qui s’en exhalent, enfin par toutes sortes de choses. La nature a trouvé son expression dans l’homme. Mais l’homme a transcendé cette part obscure de la nature qui est subconscient. Lorsqu’il se trouve en présence de cette espèce de désir et de volonté obscurs de la nature, il est en grand danger de tomber justement dans cette espèce de flux, d’effluve qui sort, et d’être lui-même en quelque sorte envoûté, et de devenir nature, de devenir terre lui-même, de ne plus être cet homme détaché par sa  sensibilité distincte, par son intelligente distincte, et par sa spiritualité (qui est au-dessus  de tout cela) distincte, et qui le fait passer de l’être obscur à l’âme. » 

     Homme de la terre, Henri BOSCO interroge le mystère familier parce qu’auprès de nous, au fond de nous, partout il y a des présences – et derrière ces présences existent des secrets. Mais ces secrets eux-mêmes ne sont que l’environnement obscur des âmes. Comment atteindre ces âmes sans détruire les présences, sans violer les secrets ? Comment communiquer avec le cœur du monde ? Toute la démarche d’Henri BOSCO est contenue dans ces questions, dans la réponse que son œuvre ne cesse d’y apporter.   

     Il écrit : « La terre participe à un processeur cosmique, vital, qui est une irradiation des choses à partir d’un principe… Toute la nature se ressent de cette vie, de cette réalité supérieure. Au printemps surtout, quand le rythme tellurique renaît en une lente poussée ascensionnelle, on dirait que vient affleurer le corps secret du monde et que monte à travers une argile plus frêle, sous les amandiers et les ronces épineuses, l’émanation des forces planétaires et le rayonnement des astres. » 

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     Lundi 13 novembre 2006 -Blaise CENDRARS, le poète au cœur du monde-

     L’œuvre poétique de Blaise CENDRARS commence par le livre du Monde entier et s’achève par celui intitulé Au cœur du monde. Le recueil Du monde entier de Blaise CENDRARS s’ouvre sur les 205 vers des Pâques à New-York –Le poème débute par une évocation de la piété médiévale : Un moine d’un vieux temps me parle de votre mort. De ce moine, le poète partage l’inquiétude et quête l’éternité dans un appel de détresse. Blaise CENDRARS, est ce vagabond désespéré dans New-York  qui après avoir écouté la musique : Le messie de HAENDEL dans une église new-yorkaise, se met à écrire Les Pâques à New-York. Dans ce long poème se succèdent des images de vitrail simples et dépouillées. Blaise CENDRARS recommande à Dieu La foule des pauvres pour qui vous fîtes le sacrifice. Poète des immigrants de toutes sortes, il recommande Les juifs dans les  baraques, les prostituées polluées par la misère des hommes, et des vagabonds, des va-nu-pieds, des receleurs, les larrons, les musiciens des rues, les infirmes, tout cet univers gueux à qui le poète, au long de sa vie, réservera sa meilleure part d’amitié. Et la ville énorme prend de nouvelles couleurs. 

     Le poème La prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France est une épopée de la vie moderne où le voyageur de naguère devient l’aventurier respirant l’air de la planète. Il devient un être toujours habité par la nostalgie, errant émerveillé et tragique qui pressent les nouvelles apocalypses dans un incessant tourment cosmique. Naît un univers haletant, violent, rapide, vertigineux, où la poésie de Blaise CENDRARS tient du tonnerre guerrier, et du fait brut, où  l’homme est pris corps et âme dans l’actualité qui le transforme de minute en minute. C’est un poème de riches couleurs- couleurs de feu, couleurs du sang vif qui bout dans les veines de l’adolescent Blaise CENDRARS. T dans l moment d’un express à toute vapeur, il y a la présence de la petite Jeanne de France, qui n’est pas la pucelle d’Orléans mais une fleur candide, fluette, lumineuse dans un lointain lupanar. Tandis que les paysages défilent, que les souvenirs affluent, que l’avenir est pressenti, la présence élégiaque de Jeanne apporte une image fraîche, les présences féminines versent l’eau porteuse de mémoire dans tout ce feu. Et l’adolescent CENDRARS revoit les scènes de sa petite enfance avec émotion. La géographie aventureuse du poète jette ses noms tout au long du poème, se succèdent des végétations, des oiseaux, des cloches  et des carillons, des trains et des amis. Le poème se termine sur la vision passionnée de Paris. Dans Feuilles de route et dans les œuvres qui vont suivront, Blaise CENDRARS poursuit ses prises de vues, ses enregistrements universels. Il reçoit, il transforme, il crée. Le monde des couleurs, des odeurs, des sons, du toucher, de ce que perçoivent tous les sens en éveil, éclate dans ses narrations de voyage. Avec lui, la poésie devient un acte de présence au monde. Les poèmes de CENDRARS sont le suc d’une vie légendaire extraordinairement riche en merveilles et en faits bruts. 

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     Lundi 20 novembre 2006 -Maurice RAVEL, valses nobles et sentimentales- 

     Avant de donner une œuvre aux Ballets Russes, Maurice RAVEL compose, en 1911, une série de valses pour piano, les Valses nobles et sentimentales qui, orchestrées et doublées d’un argument chorégraphique, deviendront l’année suivante Adelaïde ou le langage des fleurs. Ces huit pièces inspirées par un vers d’Henri REGNIER : «le plaisir délicieux et toujours nouveau d’une occupation inutile. »  

     Ces pièces sont en réalité un véritable manifeste harmonique. Jamais encore Maurice RAVEL n’a cherché avec autant d’acuité la richesse de chaque accord, jouant avec les dissonances, juxtaposant des matières contrastées laissant de côté la virtuosité pour aller plus loin musicalement. 

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      Lundi 27 novembre 2006  -L’atelier du peintre de VERMEER- 

     Dans le livre, Les grands évènements de l’histoire de l’art publié par les Editions Larousse- à propos de L’atelier du peintre de VERMEER, j’ai noté : «Le spectateur entre dans la peinture par un rideau en tapisserie, relevé sur la gauche, qui marque la frontière entre l’espace de la toile et  celui auquel lui-même appartient. Ce rideau, qui rappelle le théâtre, fait de l’Atelier du peintre un lieu magique, baigné d’une lumière distincte de celle du monde normal. Le rideau est peint dans des couleurs sourdes, tons de rouille, bleus richement dégradés, un peu de blanc, du vert, toutes couleurs nuancées par des jeux d’ombre et de lumière qui donnent au motif une grande richesse  plastique. En arrière, la pièce proprement dite commence. Elle est éclairée depuis la gauche par une fenêtre qu’on ne voit pas mais d’où tombe la lumière. Cette lumière caresse le visage et le corps de la femme dans le fond elle illumine un triangle de la cloison contenu entre la trompette, le rideau de la carte murale, et elle met en valeur les contrastes des noirs et des blancs dans la perspective du sol carrelé, sur la chemise du peintre et sur ses chausses. Enfin,  elle donne une  teinte écarlate aux bas rouges de VERMEER, et elle se reflète sur les boules en cuivre du lustre, où s’esquisse la forme de la croisée de la fenêtre, comme dans les tableaux flamands du 15ième siècle. Cette lumière très particulière, c’est celle qui baigne tous les tableaux de VERMEER. Elle crée une impression de paix, de sérénité extraordinaire. Les demeures de VERMEER semblent des retraites très éloignées du monde. On n’y entend point les rumeurs de la ville, le temps semble s’y arrêter, elles constituent des refuges qu’aucun drame ne paraît pouvoir atteindre. » 

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      Lundi 04 décembre 2006    -Le langage secret des rêves- 

     PLATON, écrit : « Il y a en chacun de nous une espèce de désirs terribles, sauvages et sans loi, même chez les quelques-uns d’entre nous qui paraissent tout à fait réglés, et c’est ce qui devient tout à fait clair qu’on considère les rêves. » 

     Le rêve n’est pas seulement voyageur, il peut être artiste. Il crée. Le poète SAINT-JOHN PERSE, dit : « J’entends dire et répéter que nos rêves dépendent de ce dont nous avons été frappés, les jours  précédents. Je crois bien que nos rêves, ainsi que toutes nos idées et nos sensations, ne sont composés que des parties déjà familières et dont nous avons fait l’épreuve. Mais je pense que ce  composé, n’a pas d’autre rapport avec le passé. Tout ce que nous imaginons ne peut être formé que de ce qui est, mais nous rêvons,  comme nous imaginons, des choses nouvelles. » 

     Paul VALERY observe que : « Le rêve est une hypothèse, puisque nous ne le connaissons jamais que par le souvenir, mais ce souvenir est nécessairement une fabrication. Nous construisons, nous redessinons notre rêve, nous nous l’exprimons, nous lui donnons un sens ; il devient narrable. » 

     A ce stade de l’émission, je voudrais citer le point de vue développé par Michel JOUVET dans Le Sommeil et le Rêve : « Au rêve-gardien du sommeil (qui soulage les tensions internes) s’oppose le  rêve-sentinelle qui allège périodiquement le sommeil pour faciliter la survie en milieu hostile. Le rêve-oubli opère le travail de censure, mais il peut aussi servir à efface les informations reconnues sans intérêt.  

    Le rêve est le gardien de notre personnalité en ce sens qu’il répare les dégâts causés par les agressions de la journée précédente mais aussi du fait qu’il transforme la mémoire à court terme en mémoire à long terme. Mieux : il opère une programmation itérative qui assure l’évolution de la personnalité en fonction de la mémoire génétique. » 

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    Lundi 08 janvier 2007 -Equinoxes et solstices, Les quatre portes de l’année-
    Le cycle des saisons est le fondement de la vie terrestre tant animale, végétale et humaine. La nature nous montre les différentes étapes de la manifestation de la vie, toujours recommencée : naissance – formation – maturité – déclin et renouveau – Les quatre portes de l’année : équinoxes et solstices symbolisent ces grands passages.
    « Les dates de début des saisons soulignent les 4 événements astronomiques qui régissent le cycle des saisons. Les équinoxes du printemps et de l’automne marquent les 2 jours de l’année où la durée du jour est égale à la durée de la nuit tandis que les solstices d’été et d’hiver soulignent respectivement la journée la plus longue et la plus courte de l’année. »
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    Lundi 15 janvier 2007 -Guillaume APOLLINAIRE, La chanson du mal-aimé-

    Il écrit : « J’ai la volonté d’être un poète nouveau, et autant dans la forme que dans le fond mais au rebours de quelques modernes non fondées en leur art, j’ai le goût profond des grandes époques. »
    Il précise : « Rien ne détermine plus de mélancolie chez moi que cette fuite du temps. Elle est en désaccord si formel avec mon sentiment, mon identité, qu’elle est la source même de la poésie. »
    Guillaume APOLLINAIRE pense que : « Le poète lutte pour le rétablissement de l’esprit d’initiative, pour la claire compréhension de son temps et pour ouvrir des vues nouvelles sur l’univers intérieur et extérieur qui ne soient point inférieures à celles que les savants de toutes catégories découvrent chaque jour et dont ils tirent des merveilles. »
    Guillaume APOLLINAIRE très influencé par le symbolisme dans sa jeunesse, révèle très tôt une poésie originale qui fait de lui un des précurseurs de la révolution littéraire de la première moitié du XXe siècle. Pour APOLLINAIRE l’acte de créer doit venir de l’imagination, de l’intuition car il doit se rapprocher le plus de la vie, de la nature. Il dit aussi que
    L’art doit alors s’affranchir de la réflexion pour pouvoir être poétique « « Je suis partisan acharné d’exclure l’intervention de l’intelligence, c’est-à-dire de la philosophie et de la logique dans les manifestations de l’art. L’art doit avoir pour fondement la sincérité de l’émotion et la spontanéité de l’expression : l’une et l’autre sont en relation directe avec la vie qu’elles s’efforcent de magnifier esthétiquement »
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    Lundi 22 janvier 2007 -Les pierres noires de Pierre SOULAGES-

    Pierre SOULAGES écrit dans la préface du livre d’Annie MOLLARD-DESFOUR qui a pour titre Le noir (CNRS Editions) :
    « J’aime l’autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. Son puissant pouvoir de contraste donne une présence intense à toutes les couleurs et lorsqu’il illumine les plus obscures, il leur confère une grandeur sombre. Le noir a des possibilités insoupçonnées et, attentif à ce que j’ignore, je vais à leur rencontre. Un jour je peignais, le noir avait envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contrastes, sans transparences. Dans cet extrême j’ai vu en quelque sorte la négation du noir. Les différences de textures réfléchissaient plus ou moins faiblement la lumière et du sombre émanait une clarté, une lumière picturale dont le pouvoir émotionnel particulier animait mon désir de peindre. – J’aime que cette couleur violente incite à l’intériorisation – Mon instrument n’était plus le noir mais cette lumière secrète venue du noir. D’autant plus intense dans ses effets qu’elle émane de la plus grande absence de lumière. Je me suis engagé dans cette voie, j’y trouve toujours des ouvertures nouvelles. »
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    Lundi 29 janvier 2007 -Pablo NERUDA El canto General-

    Le livre est publié en 1950 au Mexique. C’est un ensemble composite qui comprend 15 parties et qui brosse en un panorama grandiose, une immense fresque à la fois lyrique et épique du continent américain. Elle couvre depuis les temps précolombiens, la conquête et l’indépendance, jusqu’à l’histoire la plus récente. On y trouve l’histoire des hommes, leurs combats, leurs révoltes, et leurs espoirs. Dans la dernière partie du livre intitulée Je suis (Yo soy) le poème est une manière de testament et de profession de foi de Pablo NERUDA. El canto general s’élargit aussi aux dimensions de l’histoire universelle. Dans son livre J’avoue que j’ai vécu paru à titre posthume Pablo NERUDA écrit :
    «Je veux vivre dans un pays où il n'y ait pas d'excommuniés.
    Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
    Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
    Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
    Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
    Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos.
    Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.»
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    Lundi 05 février 2007 -Franz SCHUBERT, La jeune fille et la mort- Le voyage en hiver-

    Dans le deuxième mouvement du Trio no2 pour piano, violon et violoncelle qui a pour titre andante con moto, c’est une mélancolie poignante que dégage le mouvement lent, sur un rythme lourd de marche. Vois, le soleil décliné…
    Dans le quatuor à cordes en ré mineur, le thème de la jeune fille et de la mort est une œuvre poignante et émouvante, elle fait preuve d’une étonnante sobriété de moyens et un goût des sonorités.
    Dans Esprits Nomades, Gil PRESSNITZER écrit : « Après avoir tant chanté le mouvement de l'eau, celui de l'errance, le mystère fluctuant de la nuit, Schubert se fige dans l'immobilité du désespoir. Et dans cet hiver qui n'en finit pas de 1827, après une grande période de glaciation créatrice, il découvre les textes de Wilhem Müller (1794-1827), à peine parus et qui sonnent en complète harmonie avec l'hiver de son âme. Il s'attaque en secret à son Palais de Glace, à un recueil qu'il ne pense pas tant en cycle, qu'en unité de sentiments ; il entreprend son voyage au bout de la nuit glacée. Les douze poèmes de Müller le bouleversent, et lui superstitieux voit s'amonceler les preuves de sa dernière solitude. Ce n'est plus le « wandern » romantique, la marche voyageuse, mais le dernier voyage avec ses images grinçantes, sa certitude du néant qui s’approche. De plus, survient la mort du Père, Beethoven, interdisant à jamais la rencontre et la reconnaissance tant espérée. La solitude dévoreuse le cerne de plus en plus, et il fuit ses amis. D'ailleurs autre signe, Müller mourra presque à l'instant où Schubert terminera son cycle. Seule à l'automne 1827, l'apparition inespérée de douze nouveaux poèmes de Müller lui permet dans un état mélangé d'exaltation et d'abattement d'entreprendre la Suite du Voyage d'Hiver de W. Müller en octobre. Cette juxtaposition de deux cahiers de douze lieder finit par former un ensemble cohérent depuis l'ouverture de Gute Nacht au néant de Leierman qui clôt le cycle. Ici il s'agit non plus de l'adieu consolateur de la Belle Meunière, mais du piétinement sans espoir d'un autre univers où le présent est mort, car tout ce qui sera évoqué appartient au passé, les quelques haltes dans le malheur étant autant de « retours en arrière. Le narrateur est « entré dans l'hiver, la nuit, la mort de l'âme ». Il dévide le récit d'un fantôme en errance. Commencé comme une destinée individuelle dans le premier cahier (révélation de son statut d'étranger au monde, trahison de l'almée, glaciation progressive - des sentiments malgré les rêves de printemps...), le cycle finit par devenir une odyssée initiatique dans un climat de plus en plus oppressant, jusqu'au glas final de la destinée humaine. Ce n'est plus le suicide d'un jeune amoureux trompé, mais la prise dans les glaces d'un homme usé, fini, figé dans la solitude et la souffrance. Et cette douleur atteint à l’universel. »

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    Lundi 19 février 2007 -L’univers torturé de DOSTOÏEVSKI- Les possédés-

    « Une petite ville de province se voit confrontée au retour de Nicolas Stavroguine, homme fascinant à la beauté glacée, personnage vide, sans but, ayant rejeté Dieu au profit de la liberté et de l’inévitable chaos qui l’accompagne ; chaos attisé par Piotr Stepanovitch Verkhovenski souhaitant développé l’action révolutionnaire…
    Le projet initial de Dostoïevski était d’écrire un roman sur la dégradation de la société russe, d’écrire une œuvre tendancieuse devant dénoncer les agissements des nihilistes. Mais à cette lutte entre le bien et le mal se substitua la tragédie de l’homme abandonné de Dieu, la liberté infinie engendrant un despotisme infini... Tous les personnages de Dostoïevski obéissent aux lois propres de l’idée qui s’incarne en eux. Tous ses personnages sont ainsi possédés. »

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    Lundi 26 février 2007 -Stéphane MALLARME, L’après-midi d’un faune-

    Stéphane MALLARME est hanté, dès son enfance, par le double thème de la mort et de l’apparition. Ecrire, c’est avant tout s’installer à l’intérieur du langage. Dans Don du poème, le poète traduit cette idée de la poésie qui pour le vrai poète est toujours offrande. Son poème L’après-midi d’un faune unit les trois arts : musique, peinture et poésie. « Ce poème unit le réalisme de la passion aux rêveries suggérées par les sentiments intimes, les deux thèmes s’entrelaçant avec subtilité et exprimant les deux pôles de la pensée de MALLARME, de la réalité fuyante à la irréalité poursuivie. Les images des nymphes, objets des désirs, la nature éparse et puissante, la chaleur de l’été, l’enivrant sommeil et les retrouvailles des nymphes dans l’absence, par le rêve où le couple de vierges s’assemble, la frayeur secrète de la chaire, la recherche du bonheur… tout cela apparaît dans une brume brûlante. »

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    Lundi 05 mars 2007 -La poésie romantique, l’exaltation du moi et la passion pour l’ailleurs-

    Le romantisme exalte l’individu. Il est épris de liberté, d’absolu et il chante des ailleurs propres parce qu’il veut se consoler de la médiocrité du quotidien et des déceptions de l’existence. Il reste attentif aux autres. Il est souvent animé d’un élan humanitaire qui le pousse à s’interroger sur la société et surtout sur la condition humaine. Les fibres de la poésie romantiques sont faites de souvenirs et de regrets, d’espérances et de désespoirs. Le poète romantique éprouve de l’inquiétude devant la destinée et se penche sur l’énigme de la mort.

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