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    Traces de lumière*3*

    (suite)

     

     

    Lundi 15 mai 2006 -Alphonse de LAMARTINE, Harmonies poétiques et religieuses-

    Au début Alphonse de LAMARTINE, voulait écrire des Psaumes modernes en pensant au lyrisme biblique.

    Avec les Harmonies ils célèbrent la bonté et la puissance du créateur. Dans sa préface, à propos des Harmonies il écrit : «…cherchent en elles-mêmes et dans la création qui les environne des degrés pour monter à Dieu :

    Montez donc, flottez donc, roulez, volez, vents, flammes,

    Oiseaux, vagues, rayons, vapeurs, parfums et voix !

    Terre, exhale ton souffle ! Homme, élève ton âme !

    Montez, flottez, roulez, accomplissez vos lois !

    Montez, volez à Dieu ! plus haut, plus haut encore !

    Dans les quatre grandes harmonies que composent les Harmonies poétiques et religieuses le poète pense que tout dans la création révèle l’existence de Dieu. Elles se présentent ainsi :

    Hymne au matin. A l'aube, les vagues de la mer, les forêts, les fleurs, les vents, les oiseaux, le poète lui-même, rendent un hommage à Dieu. Toutes les créatures mêlent leurs accents dans cet hymne d'amour qui monte avec allégresse vers le ciel.
    Le Chêne.  Le poète médite sur un chêne séculaire qu'il a vu aux bains de Casciano ; il dit son humble naissance, sa vitalité, sa puissance, évoque les créatures qui vivent sous son ombre, puis, rappelant l'humilité de son origine, loue Dieu, explication du mystère et source de toute existence
    Milly ou la terre natale. Le poète chante sa petite patrie. D'autres paysages, alpestres ou méditerranéens, possèdent sans doute plus de majesté ; mais son cœur est à Milly. Le domaine lui rappelle tous les souvenirs de son enfance ; il rêve d'y vieillir et d'y mourir.
    Novissima Verba. Le poète, dans un moment de dépression, jette un regard sur la vie qui s'enfuit, rappelle ses déceptions sentimentales et intellectuelles, songe à la mort qui menace ; mais sa conscience lui fait entrevoir un Dieu consolateur, dont l'image chasse l'inquiétude du présent et éclaire le souvenir du passé.

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    Lundi 22 mai 2006 -Alfred de VIGNY La maison du berger -

    Dans son recueil Les destinées, qui porte en sous-titre poèmes philosophiques, le problème de la destinée demeure posé d’un bout à l’autre du recueil. Alfred de VIGNY l’aborde à la fois en tant que poète et en tant que philosophe. Il montre à travers une succession de symboles comment la conscience humaine d’abord esclave arrive à s’affranchir et à proclamer sa liberté.

    En particulier dans La maison du Berger, le poète sensible aux souffrances humaines se reconnaît la mission de guider ses semblables. Pour le poète, si la poésie exige la solitude, c’est pour mieux établir les idées qui guideront les hommes vers le progrès et si possible vers le bonheur. Il considère que l’homme est abandonné de Dieu et qu’il devra se tourner vers ses compagnons d’infortune, et pour mener sa mission fraternelle il sera aidé par la femme plus sensible aux souffrances humaines.

    Voici un extrait de La maison du berger qui contient un hommage à la femme plein d’une poésie délicate et pleine de rêve.

    A Eva

      I

    Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie,
    Se traîne et se débat comme un aigle blessé,
    Portant comme le mien, sur son aile asservie,
    Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
    S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,
    S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,
    Eclairer pour lui seul l'horizon effacé ;

    Si ton âme enchaînée, ainsi que l'est mon âme,
    Lasse de son boulet et de son pain amer,
    Sur sa galère en deuil laisse tomber la rame,
    Penche sa tête pâle et pleure sur la mer,
    Et, cherchant dans les flots une route inconnue,
    Y voit, en frissonnant, sur son épaule nue
    La lettre sociale écrite avec le fer ;

    Si ton corps frémissant des passions secrètes,
    S'indigne des regards, timide et palpitant ;
    S'il cherche à sa beauté de profondes retraites
    Pour la mieux dérober au profane insultant ;
    Si ta lèvre se sèche au poison des mensonges,
    Si ton beau front rougit de passer dans les songes
    D'un impur inconnu qui te voit et t'entend,

    Pars courageusement, laisse toutes les villes ;
    Ne ternis plus tes pieds aux poudres du chemin
    Du haut de nos pensers vois les cités serviles
    Comme les rocs fatals de l'esclavage humain.
    Les grands bois et les champs sont de vastes asiles,
    Libres comme la mer autour des sombres îles.
    Marche à travers les champs une fleur à la main.

    La Nature t'attend dans un silence austère ;
    L'herbe élève à tes pieds son nuage des soirs,
    Et le soupir d'adieu du soleil à la terre
    Balance les beaux lys comme des encensoirs.
    La forêt a voilé ses colonnes profondes,
    La montagne se cache, et sur les pâles ondes
    Le saule a suspendu ses chastes reposoirs.

    Le crépuscule ami s'endort dans la vallée,
    Sur l'herbe d'émeraude et sur l'or du gazon,
    Sous les timides joncs de la source isolée
    Et sous le bois rêveur qui tremble à l'horizon,
    Se balance en fuyant dans les grappes sauvages,
    Jette son manteau gris sur le bord des rivages,
    Et des fleurs de la nuit entrouvre la prison.

    Il est sur ma montagne une épaisse bruyère
    Où les pas du chasseur ont peine à se plonger,
    Qui plus haut que nos fronts lève sa tête altière,
    Et garde dans la nuit le pâtre et l'étranger.
    Viens y cacher l'amour et ta divine faute ;
    Si l'herbe est agitée ou n'est pas assez haute,
    J'y roulerai pour toi la Maison du Berger.

    Elle va doucement avec ses quatre roues,
    Son toit n'est pas plus haut que ton front et tes yeux
    La couleur du corail et celle de tes joues
    Teignent le char nocturne et ses muets essieux.
    Le seuil est parfumé, l'alcôve est large et sombre,
    Et là, parmi les fleurs, nous trouverons dans l'ombre,
    Pour nos cheveux unis, un lit silencieux.

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    Lundi 29 mai 2006 -SAHARA, La passion des sables, le silence des dunes-

    Dans le désert : « On a beau regarder tout autour de soi, près ou loin, on ne distingue rien qui bouge. Quelque fois, par hasard, un petit convoi de chameaux chargés apparaît, comme une file de points noirâtres, montant avec lenteur les pentes sablonneuses : on l’aperçoit seulement quand il aborde au pied des collines. Ce sont des voyageurs : qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Ils ont traversé, sans qu’on les ait vus, tout l’horizon que j’ai sous les yeux. »

    J’ai parcouru une partie du Sahara, je peux dire qu’il y a dans ce désert une mystérieuse magie qui se dégage des chaînes de dunes ou des petites pierres de couleur qui tapissent la plaine d’alluvions. C’est un voyage hors du temps presque mystique et religieux. Cela devient une expérience profonde.

    Au SAHARA le silence est parfait. J’ai trouvé des cailloux de mille couleurs et de mille formes, assemblés en roches bizarres créées par le vent, éparpillés sur des plaines infinies, empilés en tas chaotiques.

    Il y a tout ce sable : sable oxydé, roussi – sable rose orangé- sable lourd et épandu en larges plis de velours – sable couleur fauve – sable léger que le vent emporte au loin – sable brûlant à midi, glacé dans la nuit –

    Souvent à l’aube, la caresse du soleil lentement dissipe une sorte de buée violette de la nuit.

    Charles de FOUCAULT dit : « Ce qu’il y a de merveilleux ici, ce sont les couchers de soleil, les soirées et les nuits… Les soirées sont si calmes, les nuits si sereines, ce grand ciel et ces vastes horizons éclairés à demi par les astres sont si paisibles et chantent silencieusement d’une manière si pénétrante l’Eternel, l’infini, l’au-delà, qu’on passerait des nuits entières dans cette contemplation. »

    Et Antoine de SAINT-EXUPERY ajoute : « J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence. »

    Le désert n’est pas un but, c’est une traversée qui ouvrira le chemin à cet autre soi-même.

    Parmi mes notes prises, ce poème que j’ai écrit lors de mon séjour au SAHARA :

    LA PALMERAIE

    J’écoute le monde dans la douceur d’une palmeraie entourée de sable ocre.

    Le minéral et le végétal vibrent dans la splendeur d’un soleil ardent.

    La nuit, le silence est extraordinaire. Rien ne la trouble.

    La lune semble effleurer les courbes des dunes. Elle fait onduler les ombres.

    Les aubes légèrement humides donnent des aurores incandescentes.

    L’eau des puits, qui coule dans les rigoles de terre des jardins exubérants,

    Donne une constante fraîcheur et des milliers de dattes bien sucrées.

    Je vis au rythme des odeurs florissantes et des herbes grimpantes.

    Ici, le chant des oiseaux glorifie le verger de musique et l’abondance des palmes.

    Le vent aime à caresser les longues feuilles et parfois à ébouriffer les fleurs odorantes.

    Je ne connais pas la solitude, ni les dérives angoissées des matins blêmes.

    Je ne me bâtis pas de futur approximatif. Seulement je regarde pleinement le présent.

     

    Je respecte quotidiennement la parole et les teintes des mots.

    Tout au long du jour, les couleurs épousent harmonieusement l’érubescence de l’erg.

    Des dromadaires au ventre roux, attendent paisiblement le départ de la caravane.

    Les hommes palabrent sous des tentes bédouines et boivent du thé à la menthe.

    Le Dieu est universel. Il est aussi sur la longue piste accompagnant les méharées.

    Les prières voyagent parmi les bastions volcaniques du Tibesti, les vastes plateaux

    Aux contours érodés, les sillons secs des oueds, et les rares points d’eau permanents.

    Un vent chargé de sable ou de poussière se déploie sur plusieurs milliers de kilomètres.

          Des villes mortes surgissent dans le lointain et des roches patinées par l’évaporation du sel

    Forment d’étranges silhouettes pleines de légendaires aventures et de traces oxydées.

    Quelques rares acacias et maigres buissons piquettent le désert par endroit.

    L’incessant mouvement du sable exhume souvent de mystérieux souvenirs du passé.

    La lumière du crépuscule farde d’un rouge orangé les pinacles de grès du Tibesti.

    Les âmes et les esprits errent dans un chaos surnaturel parmi les flèches de basalte.

    L’air y est tellement sec qu’il permet de distinguer au loin des signes de vie.

    Tout est aussi miroir dans ce désert paré d’une beauté grandiose et indéfinissable.

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    Lundi 05 juin 2006 -Paul CEZANNE et la Montagne Sainte-Victoire-

    Pour le peintre, L’art n’est pas une imitation, c’est une interprétation. L’artiste ne copie pas, il crée.

    CEZANNE traitait la nature « par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective, soit que chaque côté d’un objet, d’un plan, se dirige vers un point central. Les lignes parallèles à l’horizon donnent l’étendue… Les lignes perpendiculaires à cet horizon donnent la profondeur ». C’est ainsi que les natures mortes du peintre deviennent vivantes.  Dans ses portraits, le peintre leur donne une allure géométrique. Le visage est un ovale parfait, la coiffure dessine un arrondi rigoureux, le bras s’allonge pour exprimer la nonchalance. A propos des paysages il veut traduire l’harmonie et l’éternité de l’univers. Il recherche les oppositions de tons pour exprimer l’air, la vibration de la lumière pour cela il multiplie les touches délicates. Il tente de marier les contraires. Il rassemble le calme des rochers et la végétation ébouriffée. Il travaille sur le contraste des couleurs.  Il arrive à réunir les formes opposées et il finit par faire surgir sur l’horizon aixois la magnifique montagne Sainte-Victoire.

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    Lundi 12 juin 2006 -Richard WAGNER et L’anneau de Nibelung-

    L’écrivain Joël SCHMIDT  a écrit dans une étude consacrée au musicien Richard  Wagner que : « Nous sommes tous habités par une mythologie personnelle qui s’est nourrie de nos expériences, de nos lectures, de nos dégoûts, de nos enthousiasmes, de nos rêves, de notre éducation, mais qui s’est également ancrée dans notre patrimoine familial, dans nos codes génétiques et chromosomiques, dans les respirations et les inspirations de nos ancêtres. Ainsi avons-nous souvent conscience d’entendre les échos étranges des rumeurs lointaines, de humer les vapeurs de sensibilités séculaires, de nous baigner dans les ondes murmurantes d’un passé reculé. Derrière notre regard contemporain, d’autres yeux plus anciens peuvent se mêler aux nôtres et nous adresser, testaments vivants, les messages des mondes antérieurs et de l’histoire qu’ils ont pu contempler. Nous portons dans nos vies bien des vies de ceux qui nous ont précédés, sans le savoir, sans toujours le déchiffrer. Nos sangs et nos semences charrient des richesses intellectuelles insoupçonnées et nous entraînent au plus lointain de nos branches, de nos troncs et de nos racines, là où tout, un jour, commença ».

    A travers les opéras de Richard Wagner courent les éléments de toute vie naturelle divine et humaine que sont : l’eau, l’air, le fer, le feu. La terre et le ciel sont les grands pôles.

    L’eau primordiale rappelle la création du monde. Il y a aussi l’eau noire de la nuit des temps. L’eau devient purificatrice et le symbole de la pureté sur laquelle nage le cygne.

    Le feu est générateur, protecteur, destructeur et créateur du centre de la terre et des forges sombres.

    Le fer donne la puissance. Le fer est brandi en signe de vengeance ou d’allégeance.

    La terre est la mémoire ancestrale des hommes. Mutter-Erde, la terre-mère.

    Le ciel recouvre la terre et réunit l’assemblée des Dieux. Il symbolise l’immortalité.  

    Richard Wagner donne aussi une part importante à la nuit. Nuit du péché, de la peur, des entrailles, de la sécheresse, de la souffrance, qui éveille. Dans Tristan et Isolde il a fait jaillir entre les deux amants toute la possession de la mort et de la nuit d’amour, toutes les amplitudes d’Eros et de Thanatos jusqu’à la finalité extrême et suprême, l’anéantissement cosmique du couple.

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    Lundi 19 juin 2006 -Paul VALERY Album de vers anciens-

    Paul VALERY écrit : « Tandis que le fond unique est exigible de la prose, c’est ici la forme unique qui ordonne et survit. C’est le son, c’est le rythme, ce sont les rapprochements physiques des mots, leurs effets d’induction ou leurs influences mutuelles qui dominent, aux dépens de leur propriété de se consommer en un sens défini et certain. Il faut donc que dans un poème le sens ne puisse l’emporter sur la forme et le détruire sans retour ; c’est au contraire le retour, la forme conservée, ou plutôt exactement reproduite comme unique et nécessaire expression de l’état ou de la pensée qu’elle vient d’engendrer au lecteur, qui est le ressort de la puissance poétique. » La poésie est donc un langage dans le langage.

    Il dit aussi que la poésie prendra de la valeur au moment de la diction : « Quand nous nous serons faits l’instrument de la chose écrite, de manière que notre voix, notre intelligence et tous les ressorts de notre sensibilité se soient composés pour donner vie et présence puissante à l’acte de création de l’auteur. Ainsi, c’est l’exécution du poème qui est le poème. »

    La première qualité pour un poète d’après Paul VALERY est la patience. Il faut savoir attendre le germe qui engendrera le poème : « Le poète s’éveille dans l’homme par un évènement inattendu, un incident extérieur ou intérieur : un arbre, un visage, un sujet, une émotion, un mot. Et tantôt, c’est une volonté d’expression qui commence la partie, un besoin de traduire ce que l’on sent ; mais tantôt, c’est, au contraire, un élément de forme, une esquisse d’expression qui cherche sa cause, qui se cherche un sens dans l’espace de mon âme… Observez bien cette dualité possible d’une entrée en jeu : parfois quelque chose veut s’exprimer, parfois quelque moyen d’expression veut quelque chose à servir. »

     

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    Lundi 11 septembre 2006 -Georges BRASSENS Les dames du temps jadis-

     

    Georges BRASSENS dit : « Mon individualisme d’anarchiste, c’est un combat pour garder ma pensée libre : je ne veux pas recevoir d’un groupe ma loi. Ma loi, je me la fais moi-même. »

    Il préfère toujours les personnes aux idées :

    « Il est fou de perdre la vie pour des idées

    Des idées comme ça, qui viennent et qui font

    Trois petits tours, trois petits morts, et puis s’en vont. »

    Pour BRASSENS la femme reste toujours promesse et accueil. Il est aussi un chantre puissant et même délicat de la nature. Il sème le vent et récolte la bourrasque à longueur de couplets.

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    Lundi 18 septembre 2006 -Charles CROS Le graveur de voix-

     

    Il est l’Inventeur du phonographe mais son comportement est spécial. Il improvise avec génie et sureté, mais matériellement il ne réalise pas son invention. C’est pourquoi EDISON obtient le brevet. Dans ce poème Charles CROS se confie :

    Je sais faire des vers perpétuels. Les hommes
    Sont ravis à ma voix qui dit la vérité.
    La suprême raison dont j'ai fier, hérité
    Ne se payerait pas avec toutes les sommes.

    J'ai tout touché : le feu, les femmes et les pommes ;
    J'ai tout senti : l'hiver, le printemps et l’été ;
    J'ai tout trouvé, nul mur ne m'ayant arrêté.
    Mais Chance, dis-moi donc de quel nom tu te nommes ?

    Je me distrais à voir à travers les carreaux
    Des boutiques, les gants, les truffes et les chèques
    Où le bonheur est un suivi de six zéros.

    Je m'étonne, valant bien les rois, les évêques,
    Les colonels et les receveurs généraux
    De n'avoir pas de l’eau, du soleil, des pastèques.

    Dans le poème Inscription qui ouvre le second recueil Le Collier de griffes paru après sa mort, Charles CROS confesse ses dons et ses ambitions, et retrace l’étendue de son domaine lyrique et scientifique.

    Mon âme est comme un ciel sans bornes ;
    Elle a des immensités mornes
    Et d'innombrables soleils clairs ;
    Aussi, malgré le mal, ma vie
    De tant de diamants ravie
    Se mire au ruisseau de mes vers.

    Je dirai donc en ces paroles
    Mes visions qu'on croyait folles,
    Ma réponse aux mondes lointains
    Qui nous adressaient leurs messages,
    Eclairs incompris de nos sages
    Et qui, lassés, se sont éteints.

    Dans ma recherche coutumière
    Tous les secrets de la lumière,
    Tous les mystères du cerveau,
    J'ai tout fouillé, j'ai su tout dire,
    Faire pleurer et faire rire
    Et montrer le monde nouveau.

    J'ai voulu que les tons, la grâce,
    Tout ce que reflète une glace,
    L'ivresse d'un bal d'opéra,
    Les soirs de rubis, l'ombre verte
    Se fixent sur la plaque inerte.
    Je l'ai voulu, cela sera.

    Comme les traits dans les camées
    J'ai voulu que les voix aimées
    Soient un bien, qu'on garde à jamais,
    Et puissent répéter le rêve
    Musical de l'heure trop brève ;
    Le temps veut fuir, je le soumets.

    Et les hommes, sans ironie,
    Diront que j'avais du génie
    Et, dans les siècles apaisés,
    Les femmes diront que mes lèvres,
    Malgré les luttes et les fièvres,
    Savaient les suprêmes baisers.

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    Lundi 25 septembre 2006 -Le Moyen-Age, naissance de la Société Française-

    Le Moyen-Age se situe entre l’Antiquité et le début des Temps modernes soit 10 siècles du 5ième au 15ième siècle. Pour les historiens : de la chute de l’Empire d’Occident (476) à la prise de Constantinople par les Turcs (1453) et, pour d’autres historiens jusqu’au commencement de la Réforme protestante (1517).

    Cette époque peut être considérée comme le point de départ de la civilisation européenne. Avec Clovis qui se convertit au catholicisme l’histoire des Francs coïncide avec le début de l’histoire de France. La première dynastie des rois Francs vient de naître sous le nom de Mérovingiens. Au début du 7ème siècle, une grave menace pèse sur le monde chrétien : La guerre sainte déclarée par les Arabes aux infidèles. Cette invasion sera stoppée en 732 à Poitiers par les Francs (sous le commandement de Charles Martel). Victoire précieuse qui renforce l’unité du royaume.

    Une nouvelle dynastie naît : les Carolingiens. Elle connait son apogée sous le règne de Charlemagne qui tente de réaliser l’unité politique et religieuse de l’Europe Occidentale et d’en être le chef suprême. Voulant repousser les Arabes hors des Pyrénées. Et c’est au cours de cette campagne guerrière qu’est tué son neveu Roland. Les Poètes de l’époque immortaliseront ce preux chevalier dans la fameuse : Chanson de Roland. Charlemagne devient Empereur : le saint Empire Romain d’Occident est fondé. Charlemagne est à l’origine de l’enseignement primaire populaire : l’école.

    Devant l’impuissance des derniers carolingiens à repousser les envahisseurs Normands, les populations se mettent alors sous la protection d’une multitude de seigneurs locaux propriétaires de châteaux ou de places fortes qui servent de refuges aux paysans terrifiés. C’est donc du malheur que naît la Féodalité. En demandant asile et protection, les seigneurs obligent les paysans à certains services ou redevances et à leur promettre obéissance et fidélité. La dynastie carolingienne disparaît avec l’arrivée d’Hugues Capet et les Capétiens.

    Le rôle de l’Eglise au Moyen - Age est déterminant. Elle transforme la Chevalerie en une institution morale et spirituelle. Le futur chevalier se prépare à son sacre, par la veillée d’armes (nuit de prières et de méditation suivie de la messe et de la communion). Il lui est recommandé ensuite d’être un preux loyal et hardi, de protéger les pauvres, les veuves, les orphelins, les pèlerins et les voyageurs. Ses armes déposées sur l’autel sont bénites. Avant de les reprendre le chevalier jure de respecter tous les devoirs qu’on vient de lui rappeler. La chevalerie contribue à adoucir les mœurs. Elle développe :

    Le sentiment de l’honneur - le respect de la femme -  la protection des faibles - la vénération des lieux et des personnes consacrés à Dieu -  la fidélité à la parole donnée. Elle sera à l’origine des Croisades -

    Cet idéal de chevalerie sera chanté par les poètes du Moyen - Age dans leurs chansons de gestes. Il forme un fond de civilisation morale de courtoisie.  Les œuvres de bienfaisance et les hôpitaux se multiplient et se mettent au service de l’humanité souffrante : soins des lépreux, aide aux malheureux, rachat des captifs, hospitalisation des pèlerins, etc…

    La France se peuple de monastères. Les moines en dehors du temps de prière et de recueillement exercent toute sorte de métier. Ils cultivent, Ils construisent des ponts, Ils tracent des routes, Ils défrichent des bois, Ils dessèchent les marais, Ils canalisent les rivières, Ils plantent sur les coteaux les fameux vignobles de France. Grâce à eux, l’élevage et l’agriculture se développent, (renom des fromages et des vins).

    Les ordres religieux sont nombreux (bénédictins, cisterciens, célestins, capucins, chartreux, dominicains, franciscains, etc…) et connaissent une influence grandissante grâce à la présence spirituelle de grands saints.

    Tout cet épanouissement social, spirituel, intellectuel connaît son apogée grâce à :

    Philippe–Auguste qui reconnaît la corporation des maîtres et des élèves. Elle donnera naissance à l’Université (partagée en 4 facultés : les arts, la médecine, le droit et la théologie). Pour abriter la foule des élèves pauvres on crée aux alentours de l’université de nombreux collèges : le plus célèbre (fondé par Robert de Sorbon) s’appelle la Sorbonne.

    Cette période moyenâgeuse voit la floraison de belles églises et de cathédrales. C’est l’art chrétien dans toute sa splendeur et uniquement au service de Dieu. Du plus humble laboureur jusqu’au plus puissant monarque tout le monde participe à la construction. Au 12ième et 13ième siècle le style roman (plan basilical, voûte), fait place au style gothique (forme ogivale ou aiguë des voûtes, richesse des ornements, multitudes des statues sculptées dans la masse des monuments, la beauté des verrières, l’élégance et la légèreté de l’édifice tout entier). C’est de cette époque que datent : Notre – Dame de Paris, La Sainte Chapelle, Les cathédrales d’Amiens, de Reims, de Chartres, et de tant d’autres.

    Au 12ième siècle s’organise les corps de métier : corporations.

    La corporation est l’association volontaire (patrons, compagnons, apprentis) de tous ceux qui exercent le même métier. Son but : maintenir l’égalité entre tous et empêcher qu’un patron s’enrichit aux dépens des autres, d’obtenir que le travail soit exécuté avec sérieux. Un maître n’a pas le droit d’avoir plusieurs ateliers, ni plus d’apprentis que ses confrères. Le travail est réglé : Il commence au lever du soleil et se termine au coucher. Les dimanches et les jours fériés sont jours chômés. Tous les ouvriers et tous les patrons d’une même corporation se réunissent une fois par an en assemblée générale pour y élire les chefs de la corporation. Ces élus s’appellent prud’hommes, ils doivent surveiller le travail et ont le droit d’infliger des amendes et des pénalités.

    Les corporations sont doublées de confréries. Chaque confrérie a son saint patron, sa chapelle, sa fête, sa caisse de secours. Grâce à l’union existante entre patrons et ouvriers, la question sociale est en partie résolue.

    Malgré ce grand épanouissement des périodes sombres arrivent. L’église condamne et combat avec dureté les soi-disant sectes hérétiques. L’inquisition vient de naître. L’église s’acharne en particulier sur : Les Vaudois et Les Cathares.

    Les Vaudois sous l’influence d’un marchand de Lyon : Pierre Vaudo ou Vaudes : Condamnent le travail et la propriété individuelle, Dénoncent les richesses de l’église et des seigneurs, Rejettent le  culte des saints, le sacerdoce et la plupart des sacrements. Les Vaudois excommuniés par le Pape, pourchassés, se réfugient dans les Alpes. Ils sont les précurseurs du protestantisme.

    Les Albigeois ou les Cathares sont injustement considérés par le pouvoir religieux comme faisant partie d’une secte hérétique (en grec catharos : pur). La ville d’Albi est le centre religieux. Les Cathares condamnent : Les serments, Le droit de propriété, L’obéissance à l’autorité, Le mariage…

    Leur doctrine emprunte à la fois au manichéisme ancien et au christianisme. Le principal rite Cathare est le Consolament, administré par les Parfaits : il correspond à l’ensemble des sacrements.

    L’austérité morale des Cathares contrastant avec l’opulence, et le relâchement du clergé catholique, leur assure grand succès, auprès de la noblesse du Midi. Mais l’église envoie Pierre de Castelnau légat du Pape auprès du Comte de Toulouse : Raymond VI, dans le but d’obtenir la conversion des Cathares. Mais cette entrevue se termine par l’assassinat du légat du Pape. Il s’en suit une terrible répression : la croisade contre les Albigeois, menée par les seigneurs du Nord et Simon de Montfort est une guerre atroce qui durera pendant quelques années. Le Midi saigne, souffre, succombe. Il aura du mal à s’en remettre.   

    Les Pèlerinages : Le pèlerinage est un acte par lequel on se met pour un temps au service exclusif de Dieu. Il est la forme éminente de la prière et de la pénitence. Tout le monde va en pèlerinage du simple laboureur au grand seigneur. Les pèlerinages les plus célèbres : Saint–Jacques de Compostelle, Rome, Jérusalem, Le Vézelay, Le Puy, Conques, Le Mont Saint–Michel… Les pèlerinages durent parfois des mois ou des années. Des difficultés attendent les pèlerins : - bandits de grand chemin, - le froid, - la fatigue…

    De nombreuses abbayes, des monastères, des hospices, des œuvres de charité jalonnent les chemins des pèlerins et offrent l’hospitalité. Cette marche pour Dieu fait sentir au pèlerin ce qu’il y a d’exaltant dans la religion : son désir passionné d’infini, son impatience des limites.

    Les Croisades :

    A partir du 11ième siècle, les Turcs qui occupent la Palestine et Jérusalem se mettent à maltraiter les pèlerins. Ils les pillent et ils prélèvent un impôt à la porte de la ville et sur les lieux saints. Même parfois ils les empêchent d’entrer dans Jérusalem. Une vive émotion s’empare de toute la chrétienté : elle s’indigne, elle veut libérer le tombeau du Christ ; ainsi commence les Croisades. Sur leur poitrine les volontaires attachent une croix de drap rouge. D’où le nom de Croisés. Le pape Urbain II, menace d’excommunication tous ceux qui toucheront aux biens et aux familles des Croisés pendant leur absence.

    La première Croisade commandée par Godefroy de Bouillon, mettra deux années pour délivrer Jérusalem et la Palestine. Pour défendre la Palestine, on organise des ordres de moines – soldats : Les Chevaliers de Saint–Jean ou Hospitaliers, Les Chevaliers du Temple ou Templiers, Et un ordre allemand : les Chevaliers Teutoniques. Ces trois ordres constituent l’armée permanente de la Palestine. Mais après un siècle d’occupation, les Turcs reprennent Jérusalem et la Palestine.

    Des nouvelles Croisades s’organisent. Certaines échouent, d’autres connaissent un demi–succès. Jérusalem reste aux mains des Turcs, mais la croix sur laquelle est mort le Christ est restituée aux chrétiens et, de nombreux fragments de cette relique sont recueillis dans les églises d’Occident.  

    C’est au cours d’une croisade que Saint-Louis, meurt atteint par la peste lors de son débarquement à Carthage. Son armée atteinte aussi par le terrible fléau est décimée. Avec Saint–Louis se termine les grandes Croisades. Désormais selon le vœu de Saint–Louis, c’est la conquête pacifique des missionnaires qui fera suite aux Croisades militaires.

    Pour l’histoire les Croisades malgré tout :

    Renforcent la chrétienté, Arrêtent les invasions musulmanes, Rendent le libre accès aux lieux saints, chassent en partie les pirates de la Méditerranée, -Permettent l’arrivée de produits africains et orientaux dans les ports du Sud de l’Europe, -Développent le commerce dans les villes et freinent de nombreuses famines.

    Parmi les rois capétiens célèbrent :

    Philippe–Auguste, qui remporte à Bouvines une grande victoire face à une coalition européenne. Cette victoire témoigne d’un sens national chez les Français. Philippe–Auguste : développe le commerce, -fait construire le Louvre, -et une nouvelle enceinte (la Tour de Nesle). Il donne à l’université de Paris un rayonnement qui s’étend dans tout l’Occident.  Il renforce l’autorité royale.

    Louis IX dit Saint–Louis, très empreint d’idéal chrétien, il mène une vie spirituelle qui le pousse à partir en Croisades. Il fait construire la Sainte Chapelle pour servir de reliquaire à la Sainte Couronne d’épines que le Christ a portée. Sa vie est faite de charité : Invite les mendiants à sa table, -Visite les léproseries…

    Il devient arbitre dans les grands conflits politiques de l’Europe. Il fait construire de nombreux hôpitaux ou hôtels–Dieu.

    Le conflit qui oppose Philippe–le–Bel au pape Boniface VIII à propos de la primauté du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel a pour conséquence l’installation de la papauté à Avignon durant 70 ans. Le retour de la papauté à Rome est l’œuvre de Sainte Catherine de Sienne qui convainc le pape Grégoire XI à revenir à Rome qui est en pleine décadence. Ce retour dans la vie éternelle, froisse le roi de France Charles V, mais redonne à Rome un grand rayonnement.

    La France durant ce Moyen–Age connaît une longue et désastreuse période provoquée par le conflit qui l’oppose à l’Angleterre et se traduit par la guerre de Cent Ans. Durant cette guerre sans merci, un événement extraordinaire se produit. La vocation de Jeanne d’Arc à vouloir libérer la France, semblerait être suscitée par une intervention divine.

    La France avec Jeanne d’Arc se libère du joug anglais. Mais notre héroïne connaît une mort atroce : abandonnée par le clergé et une partie de la royauté. Son procès est une parodie. La mission de Jeanne d’Arc a été providentielle pour la France. La chrétienté connaît une période difficile.

    L’église catholique, se heurte à la doctrine orthodoxe (grecque, russe) et l’église anglicane. Cette confrontation affaiblit l’unité chrétienne, de nombreuses divisions apparaissent. L’unité est brisée.

    Lorsque l’église d’Orient menacée par les Turcs appelle à l’aide, il est trop tard.

    En 1453, sous la conduite de Mahomet II les Turcs s’emparent de Constantinople et le croissant de Mahomet remplace la croix du Christ sur le dôme de la basilique Sainte – Sophie. Les Turcs veulent pénétrer plus en Europe mais l’unité tardive de la chrétienté les empêche. Pour les historiens, la prise de Constantinople semble marquer la fin du Moyen–Age.

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    Traces de lumière*4*

     

    (suite) 

     Quelques extraits sur :

    Alphonse de LAMARTINE Harmonies poétiques et religieuses

    Alfred de VIGNY La maison du berger

    Sahara, la passion des sables, le silence des dunes

    Paul CEZANNE et la Montagne Sainte-Victoire

    Richard WAGNER L'anneau de Nibelung

    Georges BRASSENS Les dames du temps jadis

    Charles CROS Le graveur de voix

    Le Moyen-Age, naissance la société française

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    samedi 17 juin 2017

     

     "LES PAS D’UN EXIL A L’ENCRE ROUGE" le Samedi 17 juin 2017 à 18 heures Médiathèque François Mitterrand à Sète

     « Les pas d’un exil à l’encre rouge cheminent jusqu’à vous » pour  évoquer la tragédie de la guerre d’Espagne et de l’exil des républicains espagnols en France.

     Le samedi 17 juin 2017 à 18 heures, Manuela Parra, et le comédien Alexandre Pratlong, le poète Christian Malaplate et le guitariste chanteur Manuel Amelong,

    nous entraineront sur les traces de l’exil des républicains espagnols.

     Ce récital de poésie unira leurs voix pour nous faire revivre avec émotion l’indignation, la révolte et l’espoir d’un peuple en quête de liberté ;

    Christian Malaplate, poète, délégué général de la société des poètes français, nous proposera une lecture intitulée « des écrivains et la guerre d’Espagne

     - Témoignages et récits de guerre ».

     

    Lundi 02 octobre 2006 -Claude DEBUSSY Le dialogue du vent et de la mer- 

     L’œuvre La mer comprend 3 mouvements : 

     Le premier mouvement : De l’aube à midi sur la mer- suit la lente progression de la lumière, depuis l’ébauche tâtonnante des premiers motifs jusqu’à l’apothéose des dernières mesures, dans le soleil éblouissant de midi. 

     Le deuxième mouvement : Jeux de vagues- l’éparpillement sonore est à son comble. L’orchestre vit de tous les côtés à la fois : le flux et le reflux des flûtes et des clarinettes, l’appel voilé des cors, la phrase tremblante du cor anglais, reprise plus loin par les chaleureux violoncelles, les frémissements des cordes, l’emploi habile des percussions. Ce monde fluide est en constant mouvement.  

     Le troisième mouvement : Dialogue du vent et de la mer- prend une ampleur dramatique. C’est une vision de chaos opposant furieusement deux forces antagonistes,- violence du vent par fracas répétés, tourments de l’océan en houles incessantes, mais comme dépressives. Et à la fin c’est le vent qui triomphe. 

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     Lundi 09 octobre 2006 -Pierre REVERDY, cette émotion qu’on appelle poésie- 

     Pierre REVERDY, écrit : « L’art est une discipline. Il n’y a point d’art sans discipline, il n’y a point d’art personnel sans disciple personnelle… Le poète est dans une position difficile et souvent périlleuse, à l’intersection de deux plans au tranchant cruellement acéré, celui du rêve et de la  réalité. Prisonnier dans les apparences, à l’étroit dans ce monde, d’ailleurs purement imaginaire, dont se contente le commun, il en franchit l’obstacle pour atteindre l’absolu et le réel ; là, son  esprit se meut avec aisance. C’est là, qu’il faudra bien le suivre, car ce qui est, ce n’est pas ce corps obscur, timide et méprisé, que vous heurtez distraitement sur le trottoir- celui-là, passera comme le reste- mais ces poèmes en dehors de la forme du livre, ces cristaux déposés après  l’effervescent contact de l’esprit avec la réalité.» 

     Pour le poète Pierre REVERDY : « Contempler, c’est rechercher, chérir et caresse. Contempler,  c’est aimer. La contemplation est un acte d’amour. » 

     Pour REVERDY la poésie est un mode de connaissance de soi : « Ce qui pousse le poète à la création, c’est le désir de se mieux connaître, de sonder sa puissance intérieure constamment, c’est  l’obscur besoin d’étaler sous ses propres yeux, cette masse qui pesait trop lourdement dans sa tête  et dans sa poitrine. » 

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     Lundi 16 octobre 2006  -Jacques PREVERT, Lumières d’homme- 

     Son livre Paroles montre toute l‘étendue poétique de PREVERT : le discoureur insurgé contre la sottise et l’atrocité du temps. Le gars marrant qui n’a pas peur du jeu de mots, de l’à-peu-près. Poète fraternel il est l’ami des humbles, des humiliés  et des offensés, des amoureux qui s’aiment et des pauvres qui souffrent.  

     Dans ce livre, se déroule le film cocasse et tendre de la vie au quotidien, le regard tendre et malicieux du mauvais garnement au cœur sentimental, la mélancolie des Feuilles mortes qu’on ramasse à la pelle, avec les souvenirs et les regrets, des héros qui ne sortent pas d’HOMERE, mais du coin de la rue. 

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     Lundi 23 octobre 2006  -La nuit étoilée de Vincent VAN GOGH- 

     « Dès son arrivée à Arles, le 8 février 1888, la représentation des "effets de nuit" constitue une  préoccupation constante pour Van Gogh. En avril 1888, il écrit à son frère Théo : "Il me faut  une nuit étoilée avec des cyprès ou, peut-être, au-dessus d'un champ de blé mur". En juin, c'est au peintre Emile Bernard qu'il confie : "Mais quand donc ferai-je le Ciel étoilé, ce tableau qui, toujours, me préoccupe" et, en septembre, dans une lettre à sa sœur, il évoque le même sujet : "Souvent, il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour". En ce même  mois de septembre, il réalise enfin son obsédant projet.

     Il peint d'abord un coin de ciel nocturne dans La terrasse d'un café sur la place du forum à Arles. Puis cette vue du Rhône où il transcrit magnifiquement les couleurs qu'il perçoit dans  l'obscurité. Les bleus dominent : bleu de Prusse, outremer ou de cobalt. Les lumières à gaz de la  ville brillent d'un orange intense et se reflètent dans l'eau. Les étoiles scintillent comme des pierres précieuses.                           

     Quelques mois plus tard, alors qu'il vient d'être interné, Van Gogh peint une autre version du même sujet : le Ciel étoilé où s'exprime toute la violence de sa psychologie troublée. Les arbres  prennent la forme de flammes alors que le ciel et les étoiles tourbillonnent dans une vision cosmique. Dans La nuit étoilée, la présence d'un couple d'amoureux au bas de la toile renforce l'atmosphère plus sereine du tableau conservé au musée d'Orsay. » 

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      Lundi 30 octobre 2006  -Le grand passage, Chronique de la mort- 

     La présence de la mort envahit plus que jamais la vie, comme elle envahit l’art et la littérature. Le  dernier passage a été de tout temps entouré de rituels destinés à faciliter la séparation paisible des vivants et des morts.  Des derniers instants à la mise en terre, tout un réseau de gestes s’est tissé à travers les siècles. La mort fait partie de la vie.  

       Poème sur la mort, prière amérindienne  

       Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
       Laissez-moi partir
       Car j'ai tellement de choses à faire et à voir !
       Ne pleurez pas en pensant à moi !
       Soyez reconnaissants pour les belles années
       Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
       Vous ne pouvez que deviner
       Le bonheur que vous m'avez apporté !
       Je vous remercie pour l'amour que chacun m'a démontré ! 

       Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.
       Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine.
       La confiance vous apportera réconfort et consolation.
       Nous ne serons séparés que pour quelques temps ! 

       Laissez les souvenirs apaiser votre douleur !
       Je ne suis pas loin et la vie continue !
       Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
       Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là,
       Et si vous écoutez votre cœur, vous sentirez clairement
       La douceur de l'amour que j'apporterai ! 

       Quand il sera temps pour vous de partir,
       Je serai là pour vous accueillir,
       Absent de mon corps, présent avec Dieu !
       N'allez pas sur ma tombe pour pleurer ! 

       Je ne suis pas là, je ne dors pas !
       Je suis les mille vents qui soufflent,
       Je suis le scintillement des cristaux de neige,
       Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
       Je suis la douce pluie d'automne,
       Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
       Je suis l'étoile qui brille dans la nuit ! 

       N'allez pas sur ma tombe pour pleurer
       Je ne suis pas là, je ne suis pas mort. 

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     Lundi 06 novembre 2006   -Henri BOSCO, poète du sacré- 

     Henri BOSCO, écrit : «Il y a des moments où j’ai le sentiment que la terre, la terre matérielle, la  terre minérale est à la recherche de soi-même, à la recherche d’une conscience, d’une pensée,  d’une sensibilité tellurique. Il y a une espèce de mouvement obscur de la matière terrestre, et par conséquent de la matière universelle, de l’être. L’être qui est encore dans l’ombre, qui est encore différencié, dans une espèce de chaos, et qui cherche à s’exprimer par ses formes, par les bruits qui s’en exhalent, enfin par toutes sortes de choses. La nature a trouvé son expression dans l’homme. Mais l’homme a transcendé cette part obscure de la nature qui est subconscient. Lorsqu’il se trouve en présence de cette espèce de désir et de volonté obscurs de la nature, il est en grand danger de tomber justement dans cette espèce de flux, d’effluve qui sort, et d’être lui-même en quelque sorte envoûté, et de devenir nature, de devenir terre lui-même, de ne plus être cet homme détaché par sa  sensibilité distincte, par son intelligente distincte, et par sa spiritualité (qui est au-dessus  de tout cela) distincte, et qui le fait passer de l’être obscur à l’âme. » 

     Homme de la terre, Henri BOSCO interroge le mystère familier parce qu’auprès de nous, au fond de nous, partout il y a des présences – et derrière ces présences existent des secrets. Mais ces secrets eux-mêmes ne sont que l’environnement obscur des âmes. Comment atteindre ces âmes sans détruire les présences, sans violer les secrets ? Comment communiquer avec le cœur du monde ? Toute la démarche d’Henri BOSCO est contenue dans ces questions, dans la réponse que son œuvre ne cesse d’y apporter.   

     Il écrit : « La terre participe à un processeur cosmique, vital, qui est une irradiation des choses à partir d’un principe… Toute la nature se ressent de cette vie, de cette réalité supérieure. Au printemps surtout, quand le rythme tellurique renaît en une lente poussée ascensionnelle, on dirait que vient affleurer le corps secret du monde et que monte à travers une argile plus frêle, sous les amandiers et les ronces épineuses, l’émanation des forces planétaires et le rayonnement des astres. » 

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     Lundi 13 novembre 2006 -Blaise CENDRARS, le poète au cœur du monde-

     L’œuvre poétique de Blaise CENDRARS commence par le livre du Monde entier et s’achève par celui intitulé Au cœur du monde. Le recueil Du monde entier de Blaise CENDRARS s’ouvre sur les 205 vers des Pâques à New-York –Le poème débute par une évocation de la piété médiévale : Un moine d’un vieux temps me parle de votre mort. De ce moine, le poète partage l’inquiétude et quête l’éternité dans un appel de détresse. Blaise CENDRARS, est ce vagabond désespéré dans New-York  qui après avoir écouté la musique : Le messie de HAENDEL dans une église new-yorkaise, se met à écrire Les Pâques à New-York. Dans ce long poème se succèdent des images de vitrail simples et dépouillées. Blaise CENDRARS recommande à Dieu La foule des pauvres pour qui vous fîtes le sacrifice. Poète des immigrants de toutes sortes, il recommande Les juifs dans les  baraques, les prostituées polluées par la misère des hommes, et des vagabonds, des va-nu-pieds, des receleurs, les larrons, les musiciens des rues, les infirmes, tout cet univers gueux à qui le poète, au long de sa vie, réservera sa meilleure part d’amitié. Et la ville énorme prend de nouvelles couleurs. 

     Le poème La prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France est une épopée de la vie moderne où le voyageur de naguère devient l’aventurier respirant l’air de la planète. Il devient un être toujours habité par la nostalgie, errant émerveillé et tragique qui pressent les nouvelles apocalypses dans un incessant tourment cosmique. Naît un univers haletant, violent, rapide, vertigineux, où la poésie de Blaise CENDRARS tient du tonnerre guerrier, et du fait brut, où  l’homme est pris corps et âme dans l’actualité qui le transforme de minute en minute. C’est un poème de riches couleurs- couleurs de feu, couleurs du sang vif qui bout dans les veines de l’adolescent Blaise CENDRARS. T dans l moment d’un express à toute vapeur, il y a la présence de la petite Jeanne de France, qui n’est pas la pucelle d’Orléans mais une fleur candide, fluette, lumineuse dans un lointain lupanar. Tandis que les paysages défilent, que les souvenirs affluent, que l’avenir est pressenti, la présence élégiaque de Jeanne apporte une image fraîche, les présences féminines versent l’eau porteuse de mémoire dans tout ce feu. Et l’adolescent CENDRARS revoit les scènes de sa petite enfance avec émotion. La géographie aventureuse du poète jette ses noms tout au long du poème, se succèdent des végétations, des oiseaux, des cloches  et des carillons, des trains et des amis. Le poème se termine sur la vision passionnée de Paris. Dans Feuilles de route et dans les œuvres qui vont suivront, Blaise CENDRARS poursuit ses prises de vues, ses enregistrements universels. Il reçoit, il transforme, il crée. Le monde des couleurs, des odeurs, des sons, du toucher, de ce que perçoivent tous les sens en éveil, éclate dans ses narrations de voyage. Avec lui, la poésie devient un acte de présence au monde. Les poèmes de CENDRARS sont le suc d’une vie légendaire extraordinairement riche en merveilles et en faits bruts. 

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     Lundi 20 novembre 2006 -Maurice RAVEL, valses nobles et sentimentales- 

     Avant de donner une œuvre aux Ballets Russes, Maurice RAVEL compose, en 1911, une série de valses pour piano, les Valses nobles et sentimentales qui, orchestrées et doublées d’un argument chorégraphique, deviendront l’année suivante Adelaïde ou le langage des fleurs. Ces huit pièces inspirées par un vers d’Henri REGNIER : «le plaisir délicieux et toujours nouveau d’une occupation inutile. »  

     Ces pièces sont en réalité un véritable manifeste harmonique. Jamais encore Maurice RAVEL n’a cherché avec autant d’acuité la richesse de chaque accord, jouant avec les dissonances, juxtaposant des matières contrastées laissant de côté la virtuosité pour aller plus loin musicalement. 

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      Lundi 27 novembre 2006  -L’atelier du peintre de VERMEER- 

     Dans le livre, Les grands évènements de l’histoire de l’art publié par les Editions Larousse- à propos de L’atelier du peintre de VERMEER, j’ai noté : «Le spectateur entre dans la peinture par un rideau en tapisserie, relevé sur la gauche, qui marque la frontière entre l’espace de la toile et  celui auquel lui-même appartient. Ce rideau, qui rappelle le théâtre, fait de l’Atelier du peintre un lieu magique, baigné d’une lumière distincte de celle du monde normal. Le rideau est peint dans des couleurs sourdes, tons de rouille, bleus richement dégradés, un peu de blanc, du vert, toutes couleurs nuancées par des jeux d’ombre et de lumière qui donnent au motif une grande richesse  plastique. En arrière, la pièce proprement dite commence. Elle est éclairée depuis la gauche par une fenêtre qu’on ne voit pas mais d’où tombe la lumière. Cette lumière caresse le visage et le corps de la femme dans le fond elle illumine un triangle de la cloison contenu entre la trompette, le rideau de la carte murale, et elle met en valeur les contrastes des noirs et des blancs dans la perspective du sol carrelé, sur la chemise du peintre et sur ses chausses. Enfin,  elle donne une  teinte écarlate aux bas rouges de VERMEER, et elle se reflète sur les boules en cuivre du lustre, où s’esquisse la forme de la croisée de la fenêtre, comme dans les tableaux flamands du 15ième siècle. Cette lumière très particulière, c’est celle qui baigne tous les tableaux de VERMEER. Elle crée une impression de paix, de sérénité extraordinaire. Les demeures de VERMEER semblent des retraites très éloignées du monde. On n’y entend point les rumeurs de la ville, le temps semble s’y arrêter, elles constituent des refuges qu’aucun drame ne paraît pouvoir atteindre. » 

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      Lundi 04 décembre 2006    -Le langage secret des rêves- 

     PLATON, écrit : « Il y a en chacun de nous une espèce de désirs terribles, sauvages et sans loi, même chez les quelques-uns d’entre nous qui paraissent tout à fait réglés, et c’est ce qui devient tout à fait clair qu’on considère les rêves. » 

     Le rêve n’est pas seulement voyageur, il peut être artiste. Il crée. Le poète SAINT-JOHN PERSE, dit : « J’entends dire et répéter que nos rêves dépendent de ce dont nous avons été frappés, les jours  précédents. Je crois bien que nos rêves, ainsi que toutes nos idées et nos sensations, ne sont composés que des parties déjà familières et dont nous avons fait l’épreuve. Mais je pense que ce  composé, n’a pas d’autre rapport avec le passé. Tout ce que nous imaginons ne peut être formé que de ce qui est, mais nous rêvons,  comme nous imaginons, des choses nouvelles. » 

     Paul VALERY observe que : « Le rêve est une hypothèse, puisque nous ne le connaissons jamais que par le souvenir, mais ce souvenir est nécessairement une fabrication. Nous construisons, nous redessinons notre rêve, nous nous l’exprimons, nous lui donnons un sens ; il devient narrable. » 

     A ce stade de l’émission, je voudrais citer le point de vue développé par Michel JOUVET dans Le Sommeil et le Rêve : « Au rêve-gardien du sommeil (qui soulage les tensions internes) s’oppose le  rêve-sentinelle qui allège périodiquement le sommeil pour faciliter la survie en milieu hostile. Le rêve-oubli opère le travail de censure, mais il peut aussi servir à efface les informations reconnues sans intérêt.  

    Le rêve est le gardien de notre personnalité en ce sens qu’il répare les dégâts causés par les agressions de la journée précédente mais aussi du fait qu’il transforme la mémoire à court terme en mémoire à long terme. Mieux : il opère une programmation itérative qui assure l’évolution de la personnalité en fonction de la mémoire génétique. » 

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    Lundi 08 janvier 2007 -Equinoxes et solstices, Les quatre portes de l’année-
    Le cycle des saisons est le fondement de la vie terrestre tant animale, végétale et humaine. La nature nous montre les différentes étapes de la manifestation de la vie, toujours recommencée : naissance – formation – maturité – déclin et renouveau – Les quatre portes de l’année : équinoxes et solstices symbolisent ces grands passages.
    « Les dates de début des saisons soulignent les 4 événements astronomiques qui régissent le cycle des saisons. Les équinoxes du printemps et de l’automne marquent les 2 jours de l’année où la durée du jour est égale à la durée de la nuit tandis que les solstices d’été et d’hiver soulignent respectivement la journée la plus longue et la plus courte de l’année. »
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    Lundi 15 janvier 2007 -Guillaume APOLLINAIRE, La chanson du mal-aimé-

    Il écrit : « J’ai la volonté d’être un poète nouveau, et autant dans la forme que dans le fond mais au rebours de quelques modernes non fondées en leur art, j’ai le goût profond des grandes époques. »
    Il précise : « Rien ne détermine plus de mélancolie chez moi que cette fuite du temps. Elle est en désaccord si formel avec mon sentiment, mon identité, qu’elle est la source même de la poésie. »
    Guillaume APOLLINAIRE pense que : « Le poète lutte pour le rétablissement de l’esprit d’initiative, pour la claire compréhension de son temps et pour ouvrir des vues nouvelles sur l’univers intérieur et extérieur qui ne soient point inférieures à celles que les savants de toutes catégories découvrent chaque jour et dont ils tirent des merveilles. »
    Guillaume APOLLINAIRE très influencé par le symbolisme dans sa jeunesse, révèle très tôt une poésie originale qui fait de lui un des précurseurs de la révolution littéraire de la première moitié du XXe siècle. Pour APOLLINAIRE l’acte de créer doit venir de l’imagination, de l’intuition car il doit se rapprocher le plus de la vie, de la nature. Il dit aussi que
    L’art doit alors s’affranchir de la réflexion pour pouvoir être poétique « « Je suis partisan acharné d’exclure l’intervention de l’intelligence, c’est-à-dire de la philosophie et de la logique dans les manifestations de l’art. L’art doit avoir pour fondement la sincérité de l’émotion et la spontanéité de l’expression : l’une et l’autre sont en relation directe avec la vie qu’elles s’efforcent de magnifier esthétiquement »
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    Lundi 22 janvier 2007 -Les pierres noires de Pierre SOULAGES-

    Pierre SOULAGES écrit dans la préface du livre d’Annie MOLLARD-DESFOUR qui a pour titre Le noir (CNRS Editions) :
    « J’aime l’autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. Son puissant pouvoir de contraste donne une présence intense à toutes les couleurs et lorsqu’il illumine les plus obscures, il leur confère une grandeur sombre. Le noir a des possibilités insoupçonnées et, attentif à ce que j’ignore, je vais à leur rencontre. Un jour je peignais, le noir avait envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contrastes, sans transparences. Dans cet extrême j’ai vu en quelque sorte la négation du noir. Les différences de textures réfléchissaient plus ou moins faiblement la lumière et du sombre émanait une clarté, une lumière picturale dont le pouvoir émotionnel particulier animait mon désir de peindre. – J’aime que cette couleur violente incite à l’intériorisation – Mon instrument n’était plus le noir mais cette lumière secrète venue du noir. D’autant plus intense dans ses effets qu’elle émane de la plus grande absence de lumière. Je me suis engagé dans cette voie, j’y trouve toujours des ouvertures nouvelles. »
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    Lundi 29 janvier 2007 -Pablo NERUDA El canto General-

    Le livre est publié en 1950 au Mexique. C’est un ensemble composite qui comprend 15 parties et qui brosse en un panorama grandiose, une immense fresque à la fois lyrique et épique du continent américain. Elle couvre depuis les temps précolombiens, la conquête et l’indépendance, jusqu’à l’histoire la plus récente. On y trouve l’histoire des hommes, leurs combats, leurs révoltes, et leurs espoirs. Dans la dernière partie du livre intitulée Je suis (Yo soy) le poème est une manière de testament et de profession de foi de Pablo NERUDA. El canto general s’élargit aussi aux dimensions de l’histoire universelle. Dans son livre J’avoue que j’ai vécu paru à titre posthume Pablo NERUDA écrit :
    «Je veux vivre dans un pays où il n'y ait pas d'excommuniés.
    Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
    Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
    Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
    Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
    Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos.
    Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.»
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    Lundi 05 février 2007 -Franz SCHUBERT, La jeune fille et la mort- Le voyage en hiver-

    Dans le deuxième mouvement du Trio no2 pour piano, violon et violoncelle qui a pour titre andante con moto, c’est une mélancolie poignante que dégage le mouvement lent, sur un rythme lourd de marche. Vois, le soleil décliné…
    Dans le quatuor à cordes en ré mineur, le thème de la jeune fille et de la mort est une œuvre poignante et émouvante, elle fait preuve d’une étonnante sobriété de moyens et un goût des sonorités.
    Dans Esprits Nomades, Gil PRESSNITZER écrit : « Après avoir tant chanté le mouvement de l'eau, celui de l'errance, le mystère fluctuant de la nuit, Schubert se fige dans l'immobilité du désespoir. Et dans cet hiver qui n'en finit pas de 1827, après une grande période de glaciation créatrice, il découvre les textes de Wilhem Müller (1794-1827), à peine parus et qui sonnent en complète harmonie avec l'hiver de son âme. Il s'attaque en secret à son Palais de Glace, à un recueil qu'il ne pense pas tant en cycle, qu'en unité de sentiments ; il entreprend son voyage au bout de la nuit glacée. Les douze poèmes de Müller le bouleversent, et lui superstitieux voit s'amonceler les preuves de sa dernière solitude. Ce n'est plus le « wandern » romantique, la marche voyageuse, mais le dernier voyage avec ses images grinçantes, sa certitude du néant qui s’approche. De plus, survient la mort du Père, Beethoven, interdisant à jamais la rencontre et la reconnaissance tant espérée. La solitude dévoreuse le cerne de plus en plus, et il fuit ses amis. D'ailleurs autre signe, Müller mourra presque à l'instant où Schubert terminera son cycle. Seule à l'automne 1827, l'apparition inespérée de douze nouveaux poèmes de Müller lui permet dans un état mélangé d'exaltation et d'abattement d'entreprendre la Suite du Voyage d'Hiver de W. Müller en octobre. Cette juxtaposition de deux cahiers de douze lieder finit par former un ensemble cohérent depuis l'ouverture de Gute Nacht au néant de Leierman qui clôt le cycle. Ici il s'agit non plus de l'adieu consolateur de la Belle Meunière, mais du piétinement sans espoir d'un autre univers où le présent est mort, car tout ce qui sera évoqué appartient au passé, les quelques haltes dans le malheur étant autant de « retours en arrière. Le narrateur est « entré dans l'hiver, la nuit, la mort de l'âme ». Il dévide le récit d'un fantôme en errance. Commencé comme une destinée individuelle dans le premier cahier (révélation de son statut d'étranger au monde, trahison de l'almée, glaciation progressive - des sentiments malgré les rêves de printemps...), le cycle finit par devenir une odyssée initiatique dans un climat de plus en plus oppressant, jusqu'au glas final de la destinée humaine. Ce n'est plus le suicide d'un jeune amoureux trompé, mais la prise dans les glaces d'un homme usé, fini, figé dans la solitude et la souffrance. Et cette douleur atteint à l’universel. »

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    Lundi 19 février 2007 -L’univers torturé de DOSTOÏEVSKI- Les possédés-

    « Une petite ville de province se voit confrontée au retour de Nicolas Stavroguine, homme fascinant à la beauté glacée, personnage vide, sans but, ayant rejeté Dieu au profit de la liberté et de l’inévitable chaos qui l’accompagne ; chaos attisé par Piotr Stepanovitch Verkhovenski souhaitant développé l’action révolutionnaire…
    Le projet initial de Dostoïevski était d’écrire un roman sur la dégradation de la société russe, d’écrire une œuvre tendancieuse devant dénoncer les agissements des nihilistes. Mais à cette lutte entre le bien et le mal se substitua la tragédie de l’homme abandonné de Dieu, la liberté infinie engendrant un despotisme infini... Tous les personnages de Dostoïevski obéissent aux lois propres de l’idée qui s’incarne en eux. Tous ses personnages sont ainsi possédés. »

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    Lundi 26 février 2007 -Stéphane MALLARME, L’après-midi d’un faune-

    Stéphane MALLARME est hanté, dès son enfance, par le double thème de la mort et de l’apparition. Ecrire, c’est avant tout s’installer à l’intérieur du langage. Dans Don du poème, le poète traduit cette idée de la poésie qui pour le vrai poète est toujours offrande. Son poème L’après-midi d’un faune unit les trois arts : musique, peinture et poésie. « Ce poème unit le réalisme de la passion aux rêveries suggérées par les sentiments intimes, les deux thèmes s’entrelaçant avec subtilité et exprimant les deux pôles de la pensée de MALLARME, de la réalité fuyante à la irréalité poursuivie. Les images des nymphes, objets des désirs, la nature éparse et puissante, la chaleur de l’été, l’enivrant sommeil et les retrouvailles des nymphes dans l’absence, par le rêve où le couple de vierges s’assemble, la frayeur secrète de la chaire, la recherche du bonheur… tout cela apparaît dans une brume brûlante. »

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    Lundi 05 mars 2007 -La poésie romantique, l’exaltation du moi et la passion pour l’ailleurs-

    Le romantisme exalte l’individu. Il est épris de liberté, d’absolu et il chante des ailleurs propres parce qu’il veut se consoler de la médiocrité du quotidien et des déceptions de l’existence. Il reste attentif aux autres. Il est souvent animé d’un élan humanitaire qui le pousse à s’interroger sur la société et surtout sur la condition humaine. Les fibres de la poésie romantiques sont faites de souvenirs et de regrets, d’espérances et de désespoirs. Le poète romantique éprouve de l’inquiétude devant la destinée et se penche sur l’énigme de la mort.

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